Trundle; les attentions de sa tante étaient réservées pour M. Tupman, et les pensées d'Émily paraissaient occupées de quelque objet lointain; peut-être étaient-elles errantes autour de M. Snodgrass.
Onze heures, minuit, une heure avaient sonné successivement, et les gentlemen n'étaient pas revenus de Muggleton. La consternation était peinte sur tous les visages. Avaient-ils été attaqués et volés? Fallait-il envoyer des hommes et des lanternes sur tous les chemins qu'ils avaient pu prendre? Fallait-il.... Écoutez.... Les voilà!—Qui peut les avoir tant attardés?—Une voix étrangère? à qui peut-elle appartenir? Tout le monde se précipita dans la cuisine où les truands étaient débarqués, et l'on reconnut au premier coup d'œil le véritable état des choses.
M. Pickwick, avec ses mains dans ses poches et son chapeau complétement enfoncé sur un œil, était appuyé contre le buffet, et, balançant sa tête de droite à gauche, produisait une constante succession de sourires, les plus doux, les plus bienveillants du monde, mais sans aucune cause ou prétexte appréciable. Le vieux M. Wardle, dont le visage était prodigieusement enflammé, serrait les mains d'un visiteur étranger en bégayant des protestations d'amitié éternelle. M. Winkle, se soutenant à la boîte d'une horloge à poids, appelait, d'une voix faible, les vengeances du ciel sur tout membre de la famille qui lui conseillerait d'aller se coucher. Enfin M. Snodgrass s'était affaissé sur une chaise, et chaque trait de son visage expressif portait l'empreinte de la misère la plus abjecte et la plus profonde que se puisse figurer l'esprit humain.
«Est-il arrivé quelque chose? demandèrent les trois dames.
—Rien du tout, répondit M. Pickwick. Nous... sommes... tous... en bon état.... Dites donc.... Wardle.... nous sommes... tous... en bon état.... N'est-ce pas?
—Un peu, répliqua le joyeux hôte. Mes chéries... voici mon ami, M. Jingle... l'ami de M. Pickwick....
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