Chantefables et chantefleurs

 

Robert Desnos

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CHANTEFABLES ET CHANTEFLEURS

 

 

 

 

  

 

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CHANTEFABLES.

 

Le Coucou.

Voici venir le mois d’avril,

Ne te découvre pas d’un fil.

Écoute chanter le coucou !

 

Voici venir le mois de juin,

C’est du bon temps pour les Bédouins,

J’écoute chanter le coucou.

 

Voici venir la Saint-Martin,

Adieu misère, adieu chagrin,

Je n’écoute plus le coucou.

Le Papillon.

Trois cents millions de papillons

Sont arrivés à Châtillon

Afin d’y boire du bouillon,

Châtillon-sur-Loire,

Châtillon-sur-Marne,

Châtillon-sur-Seine.

 

Plaignez les gens de Châtillon !

Ils n’ont plus d’yeux dans leur bouillon

Mais des millions de papillons.

Châtillon-sur-Seine,

Châtillon-sur-Marne,

Châtillon-sur-Loire.

L’Escargot.

Est-ce que le temps est beau ?

Se demandait l’escargot

Car, pour moi, s’il faisait beau

C’est qu’il ferait vilain temps.

J’aime qu’il tombe de l’eau,

Voilà mon tempérament.

 

Combien de gens, et sans coquille,

N’aiment pas que le soleil brille.

Il est caché ? Il reviendra !

L’escargot ? On le mangera.

Le Gnou.

Pan ! Pan ! Pan ! Qui frappe à ma porte ?

Pan ! Pan ! Pan ! C’est un jeune faon

Pan ! Pan ! Pan ! Ouvre-moi ta porte

Pan ! Pan ! Pan ! Je t’apporte un paon

Pan ! Pan ! Pan ! Ouvre-moi ta porte

Pan ! Pan ! Pan ! J’arrive de Laon

Pan ! Pan ! Pan ! Mon père est un gnou

Né on ne sait où,

Un gnou à queue blanche

Qui demain dimanche,

Te fera les cornes

Sur les bords de l’Orne.

La Coccinelle.

Dans une rose à Bagatelle

Naquit un jour la coccinelle.

Dans une rose de Provins

Elle compta jusqu’à cent-vingt.

Dans une rose à Mogador

Elle a vécu en thermidor.

Dans une rose à Jéricho

Elle évita le sirocco.

Dans une rose en Picardie

Elle a trouvé son paradis :

Coccinelle à sept points,

Bête à bon Dieu, bête à bon point.

Le Brochet.

Le brochet

Fait des projets.

J’irai voir, dit-il,

Le Gange et le Nil

Le Tage et le Tibre

Et le Yang-Tsé-Kiang.

J’irai, je suis libre

D’user de mon temps.

 

Et la lune ?

Iras-tu voir la lune ?

Brochet voyageur,

Brochet mauvais cœur,

Brochet de fortune.

Le Homard.

Homard le pacha de la mer,

Homard le bleu, Homard le rouge,

Homard le nageur à l’envers,

Homard, si tu remues, tu bouges.

 

Homard, ermite des rochers,

Homard, mauvais garçon, bon prince,

Homard, la gloire des marchés,

Homard, Monseigneur de la Pince.

La Fourmi.

Une fourmi de dix-huit mètres

Avec un chapeau sur la tête,

Ça n’existe pas, ça n’existe pas.

Une fourmi traînant un char

Plein de pingouins et de canards,

Ça n’existe pas, ça n’existe pas.

Une fourmi parlant français,

Parlant latin et javanais,

Ça n’existe pas, ça n’existe pas.

Eh ! Pourquoi pas ?

La Sauterelle.

Saute, saute, sauterelle,

Car c’est aujourd’hui jeudi.

Je sauterai, nous dit-elle,

Du lundi au samedi.

 

Saute, saute, sauterelle,

À travers tout le quartier.

Sautez donc, Mademoiselle,

Puisque c’est votre métier.

La Sardine.

Une sardine de Royan

Nageait dans l’eau de la Gironde.

Le ciel est grand, la terre est ronde,

J’irai me baigner à Royan,

Avec la sardine,

Avec la Gironde,

Vive la marine !

Et salut au monde !

L’Hippocampe.

Gloire ! Gloire au bel hippocampe,

Cheval marin, cheval de trempe,

Qu’aucun jockey n’a chevauché,

Qu’aucun cocher n’a harnaché.

 

Hip ! Hip ! Hip ! Pour l’hippocampe.

 

Gloire ! Gloire au bel hippocampe.

Dans une poche, sur son ventre,

Il porte et il couve ses œufs.

Là, ses petits sont bien chez eux.

  

Hip ! Hip ! Hip ! Pour l’hippocampe.

L’Alligator.

Sur les bords du Mississipi

Un alligator se tapit.

Il vit passer un négrillon

Et lui dit : « Bonjour, mon garçon. »

Mais le nègre lui dit : « Bonsoir,

La nuit tombe, il va faire noir,

Je suis petit et j’aurais tort

De parler à l’alligator. »

Sur les bords du Mississipi

L’alligator a du dépit,

Car il voulait au réveillon

Manger le tendre négrillon.

Le Léopard.

Si tu vas dans les bois,

Prends garde au léopard.

Il miaule à mi-voix

Et vient de nulle part.

 

Au soir, quand il ronronne,

Un gai rossignol chante

Et la forêt béante

Les écoute et s’étonne,

 

S’étonne qu’en ses bois

Vienne le léopard

Qui ronronne à mi-voix

Et vient de nulle part.

Les Hiboux.

Ce sont les mères des hiboux

Qui désiraient chercher les poux

De leurs enfants, leurs petits choux,

En les tenant sur les genoux.

 

Leurs yeux d’or valent des bijoux,

Leur bec est dur comme cailloux,

Ils sont doux comme des joujoux,

Mais aux hiboux point de genoux !

 

Votre histoire se passait où ?

Chez les Zoulous ? les Andalous ?

Ou dans la cabane Bambou ?

À Moscou ou à Tombouctou ?

En Anjou ou dans le Poitou ?

Au Pérou ou chez les Mandchous ?

 

 Hou ! Hou !

 

Pas du tout c’était chez les fous.

Le Lama.

Lama, fils de lama

Et père de lama,

Cousin de l’alpaca,

Frère de la vigogne,

Frère du guanaco

À pour toute besogne

D’couter les échos

Et fuir le loup-garou

Qui vit sous son climat :

Il habite au Pérou

Capitale Lima.

Le Crapaud.

Sur les bords de la Marne

Un crapaud il y a

Qui pleure à chaudes larmes

Sous un acacia.

 

— Dis-moi pourquoi tu pleures

Mon joli crapaud ?

— C'est que j’ai le malheur

De n’être pas beau.

 

Sur les bords de la Seine

Un crapaud il y a

Qui chante à perdre haleine

Dans son charabia.

 

— Dis-moi pourquoi tu chantes

Mon vilain crapaud ?

— Je chante à voix plaisante,

Car je suis très beau,

Des bords de la Marne aux bords de la Seine

Avec les sirènes.

Le Kangourou.

Kangourou premier, roi des kangourous,

Ayant accroché son grand sabre au clou

S’assoit dans un trône en feuilles de chou.

 

Sa femme arrivant, pleine de courroux,

Dans sa poche a mis ses fils et ses sous,

Ses gants, son mouchoir et ses roudoudous.

 

Kangourou dernier, roi des kangourous,

Avait les yeux verts et les cheveux roux.

Sa femme peignait son royal époux.

 

Kangourou le Roux, roi des kangourous,

Kangourou dernier, kangourou le Roux.

Le Zèbre.

Le zèbre, cheval des ténèbres,

Lève le pied, ferme les yeux

Et fait résonner ses vertèbres

En hennissant d’un air joyeux.

 

Au clair soleil de Barbarie,

Il sort alors de l’écurie

Et va brouter dans la prairie

Les herbes de sorcellerie.

 

Mais la prison sur son pelage,

A laissé l’ombre du grillage.

La Girafe.

La girafe et la girouette,

Vent du sud et vent de l’est,

Tendent leur cou vers l’alouette,

Vent du nord et vent de l’ouest.

 

Toutes deux vivent près du ciel,

Vent du sud et vent de l’est,

À la hauteur des hirondelles,

Vent du nord et vent de l’ouest.

 

Et l’hirondelle pirouette,

Vent du sud et vent de l’est,

En été sur les girouettes,

Vent du nord et vent de l’ouest.

 

L’hirondelle, fait, des paraphes,

Vent du sud et vent de l’est,

Tout l’hiver autour des girafes,

Vent du nord et vent de l’ouest.

La Tortue.

Je suis tortue et je suis belle,

Il ne me manque que des ailes

Pour imiter les hirondelles,

Que ? Que ?

 

Mon élégant corset d’écailles

Sans boutons, sans vernis, ni mailles

Est exactement à ma taille.

Ni ? Ni ?

 

Je suis tortue et non bossue,

Je suis tortue et non cossue,

Je suis tortue et non déçue,

Eh ? Non ?

Le Tamanoir.

— Avez-vous vu le tamanoir ?

Ciel bleu, ciel gris, ciel blanc, ciel noir.

— Avez-vous vu le tamanoir ?

œil bleu, œil gris, œil blanc, œil noir.

— Avez-vous vu le tamanoir ?

Vin bleu, vin gris, vin blanc, vin noir.

 

Je n’ai pas vu le tamanoir !

Il est rentré dans son manoir

Et puis avec son éteignoir

Il a coiffé tous les bougeoirs.

Il fait tout noir.

La Baleine.

Plaignez, plaignez la baleine

Qui nage sans perdre haleine

Et qui nourrit ses petits

De lait froid sans garantie.

Oui mais, petit appétit,

La baleine fait son nid

Dans le fond des océans

Pour ses nourrissons géants.

Au milieu des coquillages,

Elle dort sous les sillages

Des bateaux, des paquebots

Qui naviguent sur les flots.

La Chauve-Souris.

À mi-carême, en carnaval,

On met un masque de velours,

Où va le masque après le bal ?

Il vole à la tombée du jour.

Oiseau de poils, oiseau sans plumes,

Il sort, quand l’étoile s’allume,

De son repaire de décombres.

Chauve-souris masque de l’ombre.

Le Pélican

Le Capitaine Jonathan,

Étant âgé de dix-huit ans,

Capture un jour un pélican

Dans une île d’Extrême-Orient.

 

Le pélican de Jonathan,

Au matin, pond un œuf tout blanc

Et il en sort un pélican

Lui ressemblant étonnamment.

 

Et ce deuxième pélican

Pond à son tour, un œuf tout blanc

D’où sort, inévitablement

Un autre qui en fait autant.

 

Cela peut durer pendant très longtemps

Si l’on ne fait pas d’omelette avant.

Le Blaireau.

Pour faire ma barbe

Je veux un blaireau,

Graine de rhubarbe,

Graine de poireau.

 

Par mes poils de barbe !

S’écrie le blaireau,

Graine de rhubarbe,

Graine de poireau,

 

Tu feras ta barbe

Avec un poireau,

Graine de rhubarbe,

T’auras pas ma peau.

L’Ours.

Le grand ours est dans la cage,

Il s’y régale de miel.

 

La grande ourse est dans le ciel,

Au pays bleu des orages.

 

Bisque ! Bisque ! Bisque ! rage !

Tu n’auras pour tout potage

Qu’un balai dans ton ménage,

Une gifle pour tes gages,

Ta chambre au dernier étage

Et un singe en mariage !

Le Martin-Pêcheur.

Quand martin, martin, martin

Se lève de bon matin,

Le martin, martin-pêcheur

Se réveille de bonne heure.

 

Il va pêcher le goujon

Dans le fleuve, auprès des joncs,

Se régale d’alevins,

Boit de l’eau mais pas de vin.

 

Puis martin, martin, martin

Va dormir jusqu’au matin.

Je souhaite de grand cœur

Devenir martin-pêcheur.

Le Lézard.

Lézard des rochers,

Lézard des murailles,

Lézard des semailles,

Lézard des clochers.

 

Tu tires la langue,

Tu clignes des yeux,

Tu remues la queue,

Tu roules, tu tangues.

 

Lézard bleu diamant

Violet reine-claude,

Et vert d’émeraude,

Lézard d’agrément !

Le Dromadaire.

Il fait beau voir Jean de Paris

Avec ses douze méharis.

Il fait beau voir Jean de Bordeaux

Avec ses quatorze chameaux.

Mais j’aime mieux Jean de Madère

Avec ses quatre dromadaires.

 

Bien loin d’ici Jean de Madère

Voyage avec Robert Macaire

Et leur ami Apollinaire

Qui, de son temps, a su bien faire

Avec les quatre dromadaires.

Le Ver Luisant.

Ver luisant tu luis à minuit,

Tu t’allumes sous les étoiles

Et, quand tout dort, tu t’introduis

Dans la lune et ronge sa moelle.

 

La lune, nid des vers luisants,

Dans le ciel continue sa route.

Elle sème sur les enfants,

Sur tous les beaux enfants dormant,

Rêve sur rêve, goutte à goutte.

CHANTEFLEURS.

 

L’Hortensia.

La belle est au bois dormant,

Hortensia bleu,

Hortensia rouge.

La belle est au bois rêvant,

Hortensia rouge,

Hortensia rouge ou bleu.

La belle est au bois aimant,

Qui l’aime le mieux ?

L’Angélique.

Ravissante angélique

La mésange a chanté,

Disant dans sa musique

La douceur de l’été.

Angélique du soir,

Mésange des beaux jours,

Angélique d’espoir,

Angélique d’amour.

Le Cyclamen.

Le cyclamen de Clamency,

Qui regrette tant la Savoie,

Clame par-ci, clame par-là

De toute sa voix.

Mais il est sur la bonne voie,

Le cyclamen reverra la Savoie.

Le Muguet.

Un bouquet de muguet,

Deux bouquets de muguet,

Au guet ! Au guet !

Mes amis, il m’en souviendrait,

Chaque printemps au premier mai.

Trois bouquets de muguet,

Gai ! gai !

Au premier mai,

Franc bouquet de muguet.

La Tulipe.

Fanfan, Marceline et Philippe,

Nous étions une fine équipe,

Pipe en terre et tulipe en pot.

Tulipanpo, roi des nabots,

Nous a fait fumer la pipe,

Vive le pot de tulipe !

La Véronique.

La véronique et le taureau

Parlaient ensemble au bord de l’eau.

Le taureau dit : « Tu es bien belle, »

La véronique : « Tu es beau »

La véronique est demoiselle

Mais le taureau n’est que taureau.

Le Soleil.

Soleil en terre, tournesol,

Dis-moi qu’as-tu fait de la lune ?

Elle est au ciel, moi sur le sol,

Mais nous avons même fortune

Car sur nous-mêmes nous tournons

Comme des fous au cabanon.

Le Bouton D’Or.

Un beau bateau, chargé jusqu’au sabord

De cent millions de boutons d’or,

Vient de Chine ou San-Salvador.

Le roi Nabuchodonosor

Il brait, il mange, il boit, il dort,

Il n’aura pas de boutons d’or.

Le Perce-Neige.

Violette de la Chandeleur,

Perce, perce, perce-neige,

Annonces-tu la Chandeleur,

Le soleil et son cortège

De chansons, de fruits, de fleurs ?

Perce, perce, perce-neige

À la Chandeleur.

Le Narcisse et La Jonquille.

Es-tu narcisse ou jonquille ?

Es-tu garçon, es-tu fille ?

Je suis lui et je suis elle,

Je suis narcisse et jonquille,

Je suis fleur et je suis belle

Fille.

Le Seringa.

À Seringapatam

Qu’on batte le tam-tam,

Qu’on sonne la trompette,

C’est aujourd’hui la fête,

Fête des seringas

Et des rutabagas.

Honneur aux seringas,

Honte aux rutabagas.

Le Coquelicot.

Le champ de blé met sa cocarde

Coquelicot.

Voici l’été, le temps me tarde

De voir l’arc-en-ciel refleurir.

L’orage fuit, il va mourir,

Nous irons te cueillir bientôt,

Coquelicot.

La Marguerite.

C’est sur la tour Quiquengrogne

Marguerite de Bourgogne,

Marguerite de Navarre,

J’entends sonner la fanfare :

Un peu, beaucoup, vraiment,

Un peu plus, doucement,

Et passionnément.

L’Iris.

L’iris au bord du rivage

Se reflétait dans l’étang,

Bel iris sauvage

Qui rêves au beau temps.

Iris mes beaux yeux

Tu parfumes les draps blancs,

Iris merveilleux,

Iris au bord de l’étang.

La Renoncule.

Coco Bel-œil,

Marchand de couleurs

Et de cerfeuil,

Ho ! Coco Bel-œil

Dis-moi le nom de cette fleur ?

C’est la renoncule

Pour ma sœur Ursule,

Pour mon frère Hercule

C’est la renoncule.

Le Mimosa.

Sur la route de Saint-Tropez,

Mimosa Monsieur, mimosa Madame

Sur la route de Saint-Tropez,

De Saint-Tropez à La Ciotat,

Cueillez le mimosa,

Cueillez-le pour l’offrir aux dames.

Le Glaïeul.

Père Glaïeul, où est ton fils ?

Il est au Cap, il est à Gand,

Il est à Nice et à Tunis,

Et il est à Senlis.

Il est perroquet dans une oasis,

Glaïeul Cardinal, beau glaïeul de Gand.

L’Églantine, l’Aubépine et la Glycine.

Églantine, aubépine,

Rouge, rouge, rouge et blanc.

Glycine,

L’oiseau vole en chantant.

Églantine, aubépine,

Bouge, bouge, bouge et vlan !

Glycine,

L’oiseau vole en chantant.

Et vlan, vlan, vlan !

Le Chèvrefeuille.

Chèvrefeuille à midi s’endort.

Chèvrefeuille à minuit s’éveille.

Chèvrefeuille aimé des abeilles

En Messidor

Tu parfumes la nuit.

Bien malin celui

Qui peut la faire à l’oseille.

Le Bleuet.

C’est la reine des hirondelles

Qui porte collier de bluets,

Bluets des champs et des javelles,

Bluets.

C’est la reine des hirondelles

Qui s’éclaire avec des chandelles

Et des bluets.

La Rose.

Rose rose, rose blanche,

Rose thé,

J’ai cueilli la rose en branche

Au soleil de l’été

Rose blanche, rose rose,

Rose d’or,

J’ai cueilli la rose éclose

Et son parfum m’endort.

L’Edelweiss.

Là-haut sur le Mont Blanc

L’edelweiss y fleurit,

J’y vois toute la terre

Et la France et Paris.

Là-haut sur le Mont Blanc

L’edelweiss y fleurit,

Il fleurit, beau mystère,

Pour la France et Paris.

La Fleur De Pommier.

Joli rossignol et fleur de pommier,

Si la neige tombe au mois de Juillet,

Joli rossignol et fleur de pommier,

C’est que le soleil en Janvier brillait,

Joli rossignol et fleur de pommier.

Le Camélia et le Dahlia.

Un troupeau de camélias,

Puis un troupeau de dahlias

Ont traversé notre pelouse.

Dahlias et camélias,

L’an est un et les mois sont douze,

Camélias et dahlias.

La Belle-De-Nuit.

Quand je m’endors et quand je rêve

La belle-de-nuit se relève.

Elle entre dans la maison

En escaladant le balcon,

Un rayon de lune la suit,

Belle-de-nuit, fleur de minuit.

Le Myosotis.

Ayant perdu toute mémoire

Un myosotis s’ennuyait

Voulait-il conter une histoire ?

Dès le début, il l’oubliait.

Pas de passé, pas d’avenir,

Myosotis sans souvenir.

Le Géranium.

Dans un pot un géranium,

Un poisson dans l’aquarium.

Géranium et poisson rouge,

Si tu bouges, si tu bouges,

Tu n’auras pas de rhum,

Géranium, géranium,

Géranium et poisson rouge.

La Capucine.

Un pied par-ci, un pied par-là,

Voici venir la capucine.

Un pied par-ci, un pied par-là,

Voici fleurir la capucine.

Capucine par-ci,

Capucine par-là,

Par-ci par-là.

Le Bégonia.

Le bégogo, le bégonia

Va au papa,

Va au palais,

Boit du tafa, boit du tafia,

Prend le baba, prend le balai.

Aimable bégonia,

Délicieux ratafia,

Semons le bégonia.

Le Coucou.

Coucous des bois et des jardins,

J’ai le cœur joyeux, j’ai le cœur tranquille.

Coucou fleuri, coucou malin,

Je viendrai te cueillir demain.

J’ai le cœur joyeux, j’ai le cœur tranquille,

De bon matin.

La Digitale.

La digitale au clair matin

Dit-il, dis-tu, dis-je ?

La digitale au clair matin

Dresse sur sa tige

Des grappes de fleurs cramoisies,

Dit-il, dis-tu, dis-je ?

Dis-je bien ainsi ?

Dis-je ?

La Fleur D’Oranger.

Fleur d’orage et fleur d’oranger,

J’ai peur de la nuit, j’ai peur du danger.

Fleur d’oranger et fleur d’orage,

J’ai peur de la nuit et du mariage.

Fleur d’orage et fleur d’oranger,

Fleur d’orage.

Le Gardénia.

Dans un jardin en Angleterre

Il était un gardénia.

Pour en fleurir sa boutonnière,

Un vieux lord se l’appropria.

Depuis, au jardin, il n’y a,

N’y a plus de gardénia.

Le Genêt.

Je n’ai rien dans mes poches,

Pas d’anguille sous roches,

Je n’ai, je n’ai que des fleurs de genêt,

De genêt de Bretagne,

D’Espagne ou de Cocagne,

Je n’ai, je n’ai que des fleurs de genêt,

Jeunet.

La Giroflée.

Clous de girofle et giroflée,

Giroflée à cinq feuilles,

Sire Nicolas nous accueille,

Coiffé d’un chapeau huit reflets,

Dans son jardin de Viroflay,

Clous de girofle et giroflée.

La Jacinthe.

Toutes les lampes sont éteintes.

Comment voulez-vous que je voie

Combien vous me montrez de doigts ?

Dans la nuit fleurit la jacinthe,

Il fait froid,

Les lampes sont éteintes,

Prenez la jacinthe.

Le Jasmin.

Pour hier, aujourd’hui, demain,

Faites des bouquets de jasmin,

Cueillez, cueillez à pleines mains,

Jasmin d’Espagne ou de Madère,

Jasmin de Perse ou Cavalaire,

Cueillez des bouquets de jasmin.

La Lavande.

Lavandière, lavandière !

As-tu vu le poisson bleu

Qui nageait dans la rivière ?

Il t’apportait la lavande,

La lavande en bouquet bleu,

Poisson bleu, fleurs de lavande,

Poisson bleu.

Le Lilas.

Mon premier lilas blanc

que Lili cueille en branche,

Mon deuxième lilas quoi que vous en pensiez,

Mon troisième lilas dont la tige se penche,

Mon dernier lilas bien qui lilas le dernier.

Le Lis, l’Amaryllis, le Volubilis, la Mélisse.

Monsieur de la Palice,

Dégourdi sans malice,

Cultive avec délices

Les lis, les amaryllis

Et les volubilis,

La réglisse pour Alice :

Méli, mélilot, mélisse.

Le Lotus.

Le lotus et la grenouille,

Il pleut, il pleut, il mouille,

Surveillent le caïman,

Il pleure, il pleure, il ment.

Mais le lotus élégamment

Protège la grenouille.

Il pleut, il pleut, il mouille.

La Marjolaine et La Verveine.

La marjolaine et la verveine

La marjoveine et la verlaine

La verjolaine et la marveine

Chez Catherine ma marraine

On fait son lit de marjolaine

Et de verveine.

La Pervenche et la Primevère

Doña Dolorès Primevère,

Lady Roxelane Pervenche

Un beau dimanche,

Montent en haut du belvédère.

Rêveuse pervenche,

Douce primevère,

Radieuse atmosphère.

L’Orchidée et La Pensée.

L’orchidée et la pensée

N’ont pas ombre de cervelle.

La pensée a peu d’idée,

Aussi l’orchidée a-t-elle

En tête peu de pensée,

Pas de pensée et peu d’or

Chidée.

La Pivoine.

Marchande de pivoines

Au faubourg Saint-Antoine,

Chausse tes gros sabots,

Couleur d’orange et de pivoine,

Et viens sur mon bateau,

Pivoine, pivoine,

Pêcher dans l’eau

Joyeux matelots.

Le Réséda.

— Où résida le réséda ?

Résida-t-il au Canada ?

Dans les campagnes de Juda ?

Ou sur les flancs du Mont Ida ?

— Pour l’instant, sur la véranda

Se trouve bien le réséda.

Oui-da !

Le Rhododendron, l’œillet et le Lilas.

Je me fais un édredon

Avec des rhododendrons,

Je me fais un oreiller

Avec des œillets oeillés,

Et c’est avec des lilas

Que je fais mon matelas.

Je me couche alors

Et je dors.

La Sensitive.

Toucheras-tu la sensitive,

Mulot du matin,

Marchand de pépins ?

Tu as touché la sensitive !

Le soleil s’éteint,

Ne touche plus la sensitive,

Jusqu’à demain matin

Coquin !

Le Souci.

Et pour qui sont ces six soucis ?

Ces six soucis sont pour mémoire.

Ne froncez donc pas les sourcils,

Ne faites donc pas une histoire,

Mais souriez, car vous aussi,

Vous aussi, aurez des soucis.

La Violette.

À Parme, à Parme on fait du bon jambon,

À Parme, à Parme où pousse la violette.

À Parme nous irons

Manger du bon jambon,

Respirer la violette,

À Parme, ohé ! la violette sent bon.

TABLE DES MATIERES

 

CHANTEFABLES.

 

Le Coucou.

Le Papillon.

L'Escargot.

Le Gnou.

La Coccinelle.

Le Brochet.

Le Homard.

La Fourmi.

La Sauterelle.

La Sardine.

L'Hippocampe.

L'Alligator.

Le Léopard.

Les Hiboux.

Le Lama.

Le Crapaud.

Le Kangourou.

Le Zèbre.

La Girafe.

La Tortue.

Le Tamanoir.

La Baleine.

La Chauve-Souris.

Le Pélican.

Le Blaireau.

L'Ours.

Le Martin-Pêcheur.

Le Lézard.

Le Dromadaire.

Le Ver Luisant.

 

 

CHANTEFLEURS.

 

L'Hortensia.

L'Angélique.

Le Cyclamen.

Le Muguet.

La Tulipe.

La Véronique.

Le Soleil.

Le Bouton D'Or.

Le Perce-Neige.

Le Narcisse Et La Jonquille.

Le Seringa.

Le Coquelicot.

La Marguerite.

L'Iris.

La Renoncule.

Le Mimosa.

Le Glaïeul.

L'Églantine, L'Aubépine Et La Glycine.

Le Chèvrefeuille.

Le Bleuet.

La Rose.

L'Edelweiss.

La Fleur De Pommier.

Le Camélia Et Le Dahlia.

La Belle-De-Nuit.

Le Myosotis.

Le Géranium.

La Capucine.

Le Bégonia.

Le Coucou.

La Digitale.

La Fleur d'oranger.

Le Gardénia.

Le Genêt.

La Giroflée.

La Jacinthe.

Le Jasmin.

La Lavande.

Le Lilas.

Le Lis, L'Amaryllis, Le Volubilis, La Mélisse.

Le Lotus.

La Marjolaine Et La Verveine.

La Pervenche Et La Primevère.

L'Orchidée Et La Pensée.

La Pivoine.

Le Réséda.

Le Rhododendron, L'Œillet Et Le Lilas.

La Sensitive.

Le Souci.

La Violette.

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