Dans l’édition originale des Fleurs du Mal, il adopte définitivement ce titre.
27
Variante de la première édition :
Toi qui, comme un hideux troupeau
28
Dans la première édition, les parenthèses étaient des tirets.
29
Ajouté à la seconde édition.
30
Ajouté à la seconde édition.
31
Baudelaire corrigea le second vers :
O Soleil de mon âme, emmitoufle-toi d’ombre.
Ce sonnet avait été publié pour la première fois par M. Jules Le Petit dans la Plume du 1er juillet 1893.
32
Ajouté à la seconde édition.
33
Variante de la secondрe édition :
C’est elle ! sombre et pourtant lumineuse
34
Variante de la première édition :
Et, navire poussé par un grand aquilon
Fait travailler un soir les cervelles humaines
35
Ajouté à la seconde édition.
36
Variante de la première édition :
Et tâchant de me prendre en faute
37
Variante de la première édition :
Suspendant mon regard à leurs feux diamantés
38
Variante de la première édition :
Astres dont le soleil ne peut flétrir la flamme
39
Variante de la première édition :
Qu’il ressemble au travail banal
40
Coquille de l’édition posthume :
Ce silence et cette longueur
41
Les tirets, présents dans la première édition, ont été supprimés dans l’édition de 1861.
42
Variante de la première édition :
Quelquefois en ouvrant un coffre d’Orient
43
Variante de la première édition :
Sentant l’odeur d’un siècle, arachnéenne et noire,
On trouve un vieux flacon jauni qui se souvient
44
Variante de la première édition :
Vers un gouffre où l’air est plein de parfums humains
45
Variante de la première édition :
Projette l’illimité
46
Variante de la première édition :
Alternativement tendre, doux, et cruel
47
La division en deux parties est introduite dans la seconde édition ; un tiret y figure au premier vers, dans la première édition, pour marquer la séparation.
48
Ce poème a été publié pour la première fois dans la Revue des Deux Monde le 1er juin 1855 sous le titre de À la Belle aux cheveux d’or. Il trouve son nom définitif dans l’édition originale des Fleurs du Mal.
49
Variante de la seconde édition :
A cet agonisant que le loup déjà flaire
50
Variante de la première édition :
Notre âme, — honteux monument, —
Suppression des tirets dans la seconde édition.
51
Variante de la première édition :
Ne cherchez plus mon cœur ; des monstres l’ont mangé
52
Ajouté à la seconde édition.
53
Ajouté à la seconde édition.
54
Ajouté à la seconde édition.
55
Ajouté à la seconde édition.
56
Suppression de cette introduction dans la seconde édition et l’édition posthume.
57
Variante de l’édition posthume :
O fæmina delicata
58
Suppression du tiret dans l’édition posthume.
59
Publié pour la première fois dans L’Artiste en 1845 sous le nom de À une créole. Son titre actuel prend place dans l’édition originale des Fleurs du Mal.
60
Variante de la première édition :
J’ai connu sous un dais d’arbres verts et dorés.
61
Variante de l’édition posthume, qui ne semble pas être de C. Baudelaire :
A dans le col des airs noblement maniérés
62
Variante de la première édition :
Les violons mourant derrière les collines
63
Variante de l’édition posthume :
L’innocent paradis plein de plaisirs furtifs,
Est-il déjà plus loin que l’Inde ou que la Chine ?
64
Ajouté à la seconde édition.
65
Ce poème a été entièrement remanié dans la seconde édition ; voici le texte de l’édition originale :
La musique parfois me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un pur éther,
Je mets à la voile ;
La poitrine en avant et gonflant mes poumons
De toile pesante,
Je monte et je descends sur le dos des grands monts
D’eau retentissante ;
Je sens vibrer en moi toutes lesр passions
D’un vaisseau qui souffre
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur le sombre gouffre
Me bercent, et parfois le calme, — grand miroir
De mon désespoir !
66
L’édition posthume ajoute au titre Sépulture d’un poète maudit. Cet ajout ne semble pourtant pas être justifié.
67
Parue d’abord dans le Présent en 1857 sous le titre de Une gravure de Mortimer, cette pièce fut ajoutée à la seconde édition sous son nouveau titre.
68
Variante de la première édition :
Quand même elle saurait allonger ses victimes,
Et pour les resaigner galvaniser leurs corps.
69
D’abord connue sous le titre de Spleen dans le Messager de L’Assemblée
puis la Cloche dans la
Revue des Deux Mondes, cette pièce trouve son titre définitif dans l’édition originale des Fleurs du Mal.
70
Coquille de l’édition posthume :
Pluviôse irrité contre la vie entière
71
Variante de la première édition :
L’ombre d’un vieux poète erre dans la gouttière.
72
Variante de la première édition :
Hument le vieux parfum d’un flacon débouché
73
C. Baudelaire avait initialement écrit:
L’ennui, fils de la morne incuriosité
mais le changea pour l’édition originale.
74
Variante de la première édition :
Il n’a pas réchauffé ce cadavre hébété
75
Variante de la première édition :
Il nous fait un jour noir plus triste que les nuits
76
Variante de la première édition :
Et qu’un peule muet d’horribles araignées
77
Variante de la première édition :
Et d’anciens corbillards sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; et l’Espoir
Pleurant comme un vaincu, l’Angoisse despotique
78
Ajouté à la seconde édition.
79
Ajouté à la seconde édition.
80
Ajouté à la seconde édition.
81
Ajouté à la seconde édition.
82
Cette dédicace ne figurait pas dans l’édition originale et n’apparut que dans la seconde. Quant au destinataire de cette dédicace, plusieurs hypothèses ont été émises : Jeanne, gentille femme (d’après Jean Pommier) ; Jeanne, grand félin (d’après Claude Pichois de l’édition La Pléiade). D’autres prétendent qu’il s’agirait de C. B. lui-même, s’adressant à son alter-ego. Libre à vous de l’interpréter comme bon vous semble.
83
La division de cette pièce en deux parties n’apparaît pas dans l’édition originale.
84
Ajouté à la seconde édition.
85
Signifie Grand Manitou, terme provenant de la culture amérindienne Anishinaabe.
86
Ajouté à l’édition posthume.
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Ajouté à l’édition posthume.
88
Ajouté à l’édition posthume.
89
Ajouté à l’édition posthume.
90
Ajouté à l’édition posthume.
91
Ajouté à l’édition posthume.
92
Ajouté à l’édition posthume. Ce poème a été publié pour la première fois dans L’Artiste sous la signature de Pierre de Fayis, le nom de la mère de C. Baudelaire légèrement modifié. Le titre initial était A une Indienne. Cette première version possédait ces six derniers vers qui été retirés par la suite :
Amour de l’inconnu, jus de l’antique pomme,
Vielle perdition de la femme et de l’homme,
O curiosit, toujours tu leur feras
Déserter, comme font les oiseaux, ces ingrats,
Pour un lointain mirage et des cieux moins prospères
Le toit qu’ont parfumé les cercueils de leurs pères,
On retrouve communément le titre A une malabraise. Cette orthographe est fausse et fait d’ailleurs l’objet d’un post-scriptum d’une lettre de Baudelaire, envoyé à Catulle Mendès, pour les épreuves du Parnasse contemporain.
93
Ajouté à l’édition posthume.
94
Ajouté à l’édition posthume.
95
Ajouté à l’éditрion posthume.
96
Ajouté à l’édition posthume.
97
Ajouté à l’édition posthume.
98
Ce poème, qui a été publié en 1865 dans La Petite Revue, fournit une variante de ce refrain :
La gerbe d’eau qui verse
Ses mille fleurs
Que la lune traverse
De ses lueurs
Tombe comme un averse
De larges pleurs.
99
Ajouté à l’édition posthume.
100
Ajouté à l’édition posthume.
101
Ajouté à l’édition posthume.
Cette pièce est publiée pour la première fois en épilogue des Mélanges tirés d’une petite bibliothèque romantique par Charles Asselineau, sous le titre de Soleil couché.
102
Ajouté à l’édition posthume.
103
Le Tasse dans la prison des fous est un tableau de M. Delacroix exposé en 1844 au Bazar Bonne Nouvelle. Baudelaire s’inspire du tableau et écrit une première version de ce sonnet :
Le poète au cachot, mal vêtu, mal chaussé,
Déchirant sous ses pieds un manuscrit usé,
Mesure d’un regard que la démence enflamme
L’escalier de vertige où s’abîme son âme.
Les rires enivrants dont s’emplit la prison
Vers l’étrange et l’absurde invitent sa raison ;
Le Doute l’environne, et la Peur ridicule,
Et la longue épouvante autour de lui circule.
Ce triste prisonnier, bilieux et malsain,
Qui se penche à la voix des songes, dont l’essaim
Tourbillonne, ameuté derrière son oreille,
Ce rude travailleur, qui toujours lutte et veille,
Est l’emblème d’une âme, et des rêves futurs
Que le Possible enferme entre ses quatre murs !
Baudelaire retrouve ce même tableau lors de l’Exposition universelle en 1855 et décide de revoir et clarifier sa première esquisse.
104
Ajouté à l’édition posthume.
105
Ajouté à l’édition posthume.
106
Ajouté à l’édition posthume.
107
Ajouté à la seconde édition.
108
Ajouté à l’édition posthume.
109
Variante de la première édition :
Ma blanchette aux cheveux roux
110
Variante de la première édition :
Qu’une pipeuse d’amant
Ses brodequins de velours
111
Variante de la première édition :
Ton sein plus blanc que du lait
Tout nouveletр
112
Variante de la première édition :
Et reluquant ton soulier
113
Variante de la première édition :
Maint page ami du hasard
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Ajouté à la seconde édition.
115
Variante de l’édition posthume :
Clairs et froids
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Ajouté à la seconde édition.
117
Ajouté à la seconde édition.
118
Variante de l’édition posthume :
Défunt, seul, sait le nom
119
Ajouté à la seconde édition.
120
Ajouté à la seconde édition.
121
Ajouté à la seconde édition.
122
Variante de la première édition :
Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles,
— Fronts poudrés, sourcils peints sur des regards d’acier, —
Qui s’en vont brimbalant à leurs maigres oreilles
Un cruel et blessant tic-tac de balancier
123
Variante de la première édition :
Et mon cœur s’effraya d’envier le pauvre homme
Qui court avec ferveur à l’abîme béant,
Et, soûlé de son sang, préférerait en somme
La douleur à la mort et l’enfer au néant !
124
Ajouté à la seconde édition.
125
Coquille de l’édition posthume :
En tout climat, sous ton ciel, la Mort t’admire
126
Ajouté à la seconde édition.
127
Variante de la première édition :
Répandant largement ses beaux reflets de cierge
128
Variante de la première édition :
La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse
— Dort-elle son sommeil sous une humble pelouse ? —
Nous aurions déjà dû lui porter quelques fleurs
129
Variante de la première édition :
À dormir comme ils font
130
Variante de la première édition :
Et l’éternité fuir sans qu’amis ni famille
131
Variante de la première édition :
Calme, dans le fauteuil, elle venait s’asseoir
132
Variante de la première édition :
D’un linceul vaporeux et d’un brumeux tombeau
133
Variante de l’édition posthume :
Que jamais œil mortel ne vit
134
Variante de l’édition posthume :
Sur ce triste monde engourdi
135
Variante de la première édition :
Le dos martyrisé sous de hideux débris,
Trouble vomissement du fastueux Paris
136
Variante de la première édition :
Dieu, saisi de remords, avait fait le sommeil
137
Variante de la première édition :
Je puis donc boire tout mon saoul
138
Variante de la première édition :
Ses pleurs me déchiraient la fibre
139
Variante de l’édition posthume :
Lorsque je devins amoureux
140
Variante de l’édition posthume :
Je l’aimai trop : voilà pourquoi
141
Variante de la première édition :
Songea-t-il dans ses nuits turpides
142
Coquille de l’édition posthume :
Le wagon enrayé peut bien
143
Ce sonnet a été publié dans la Revue des Deux Mondes avec le titre de la Volupté en 1855. Il est renommé pour l’édition originale des Fleurs du Mal.
144
Variante de la première édition :
Qui traînent à plis paresseux
145
Variante de la première édition :
La jarretière, ainsi qu’un œil vigilant, flambe
Et darde un regard diamanté
146
Variante de la première édition :
Prodigues de baisers, robustes de santé
147
Dans la première édition, les mots Débauche, Enfer, et Purgatoire ne portent pas de majuscules.
148
Variante de la première édition :
J’aurais pu — mon orgueil aussi haut que les monts
Recevrait sans bouger le choc de cent démons ! —
Détourner froidement ma tête souveraine
149
Variante de la première édition :
Mon cœur se balançait comme un ange joyeux
150
Variante de la première édition :
Comme un ange enivré d’un soleil radieux
151
Variante de la première édition :
Comme un tyran gorg de viandes et de vins
152
Variante de la première édition :
Race d’Abel, sans peur pullule :
L’argent fait aussi ses petits ;
153
Variante de la première édition :
Race de Caïn, ton cœur brûle ;
Eteins ces cruels appétits
154
La pièce est divisée eрn deux parties dans la seconde édition.
155
Variante de la première édition :
Aimable médecin des angoisses humaines
156
Variante de la première édition :
Qui même aux parias, ces animaux maudits
157
Variante de la première édition :
Toi qui peux octroyer ce regard calme et haut
158
Variante de la première édition :
Toi dont l’œil clair connaît les secrets arsenaux
159
Variante de la première édition :
Toi qui frottes de baume et d’huile les vieux os
160
Variante de la première édition :
Toi qui mets ton paraphe, ô complice subtil,
Sur le front du banquier impitoyable et vil
161
Indication qui n’apparaît pas dans l’édition originale.
162
Variante de la première édition :
De l’Enfer où, fécond, tu couves le silence
163
Variante de la première édition :
Un soir plein de rose et de bleu mystique
164
Variante de la première édition :
Et bientôt un Ange, entr’ouvrant les portes
165
Variante de la première édition :
C’est la Mort qui console et la Mort qui рfait vivre
166
Variante de la première édition :
Qui, divin élixir, nous monte et nous enivre
167
Variante de la première édition :
Pour piquer dans le but, mystique quadrature
168
Coquille de l’édition posthume :
Qui vont te martelant la poitrine et le front
169
Ajouté à la seconde édition.
170
Ajouté à la seconde édition.
171
À Félix Nadar.
172
Ajouté à la seconde édition.
173
Pièce supprimée par l’arrêt du 20 août 1857.
174
Variante des Epaves (1866) :
Dans un sommeil aussi doux que la mort
175
Pièce supprimée par l’arrêt du 20 août 1857.
176
La première pièce à être supprimée par l’arrêt du 20 août 1857.
177
Variante des Epaves (1866) :
Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores
178
Variante des Epaves (1866) :
S’avançaient plus câlins que les Anges du Mal
179
Pièce supprimée par l’arrêt du 20 aрoût 1857.
CHARLES BAUDELAIRE
—
PETITS POÈMES EN PROSE
(LE SPLEEN DE PARIS)
ÉDITION POSTHUME
REVUE ET AUGMENTÉE
DE NOTES ET VARIANTES
2012
SOMMAIRE
—
PETITS POÈMES EN PROSE
(LE SPLEEN DE PARIS)
PRÉFACE
I
L’ÉTRANGER
II
LE DÉSPOIR DE LA VIEILLE
III
LE CONFITEOR DE L’ARTISTE
IV
UN PLAISANT
V
LA CHAMBRE DOUBLE
VI
CHACUN SA CHIMÈRE
VII
LE FOU ET LA VÉNUS
VIII
LE CHIEN ET LE FLACON
IX
LE MAUVAIS VITRIER
X
À UNE HEURE DU MATIN
XI
LA FEMME SAUVAGE
XII
LES FOULES
XIII
LES VEUVES
XIV
LE VIEUX SALTIMBANQUE
XV
LE GÂTEAU
XVI
L’HORLOGE
XVII
UNE HÉMISPHÈRE DANS UNE CHEVELURE
XVIII
L’INVITATION AU VOYAGE
XIX
LE JOUJOU DU PAUVRE
XX
LES DONS DES FÉES
XXI
LES TENTATIONS
XXII
LE CRÉPUSCULE DU SOIR
XXIII
LA SOLITUDE
XXIV
LES PROJETS
XXV
LA BELLE DOROTHÉE
XXVI
LES YEUX DES PAUVRES
XXVII
UNE MORT HÉROÏQUE
XXVIII
LA FAUSSE MONNAIE
XXIX
LE JOUEUR GÉNÉREUX
XXX
LA CORDE
XXXI
LES VOCATIONS
XXXII
LE THYRSE
XXXIII
ENIVREZ-VOUS
XXXIV
DÉJÀ !
XXXV
LES FENÊTRES
XXXVI
LE DÉSIR DE PEINDRE
XXXVII
LES BIENFAITS DE LA LUNE
XXXVIII
LAQUELLE EST LA VRAIE ?
XXXIX
UN CHEVAL DE RACE
XL
LE MIROIR
XLI
LE PORT
XLII
PORTRAITS DE MAÎTRESSES
XLIII
LE GALANT TIREUR
XLIV
LA SOUPE ET LES NUAGES
XLV
LE TIR ET LE CIMETIÈRE
XLVI
PERTE D’AURÉOLE
XLVII
MADEMOISELLE BISTOURI
XLVIII
ANYWHERE OUT OF THE WORLD
XLIX
ASSOMMONS LES PAUVRES !
L
LES BONS CHIENS
ÉPILOGUE
PRÉFACE
DÉDICACE À ARSÈNE HOUSSAYE
Mon cher ami, je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dစire, sans injustice, qu'il n'a ni queue ni tête, puisque tout, au contraire, y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement. Considérez, je vous prie, quelles admirables commodités cette combinaison nous offre à tous, à vous, à moi et au lecteur. Nous pouvons couper où nous voulons, moi ma rêverie, vous le manuscrit, le lecteur sa lecture ; car je ne suspends pas la volonté rétive de celui-ci au fil interminable d'une intrigue superflue. Enlevez une vertèbre, et les deux morceaux de cette tortueuse fantaisie se rejoindront sans peine. Hachez-la en nombreux fragments, et vous verrez que chacun peut exister à part. Dans l'espérance que quelques-uns de ces tronçons seront assez vivants pour vous plaire et vous amuser, j'ose vous dédier le serpent tout entier.
J'ai une petite confession à vous faire. C'est en feuilletant, pour la vingtième fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit, d'Aloysius Bertrand (un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos amis, n'a-t-il pas tous les droits à être appelé fameux) que l'idée m'est venue de tenter quelque chose d'analogue, et d'appliquer à la description de la vie moderne, ou plutôt d'une vie moderne et plus abstraite, le procédé qu'il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pittoresque.
Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ?
C'est surtout de la fréquentation des villes énormes, c'est du croisement de leurs innombrables rapports que naît cet idéal obsédant. Vous-même, mon cher ami, n'avez-vous pas tenté de traduire en une chanson le cri strident du Vitrier, et d'exprimer dans une prose lyrique toutes les désolantes suggestions que ce cri envoie jusqu'aux mansardes, à travers les plus hautes brumes de la rue ?
Mais, pour dire le vrai, je crains que ma jalousie ne m'ait pas porté bonheur. Sitôt que j'eus commencé le travail, je m'aperçus que non seulement je restais bien loin de mon mystérieux et brillant modèle, mais encore que je faisais quelque chose (si cela peut s'appeler quelque chose) de singulièrement différent, accident dont tout autre que moi s'enorgueillirait sans doute, mais qui ne peut qu'humilier profondément un esprit qui regarde comme le plus grand honneur du poète d'accomplir juste ce qu'il a projeté de faire.
Votre bien affectionné,
C.
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