30 July: in Aden. 20 August: in Cairo. 8 October: back in Aden.

1888

3 May: back in Harar, where he sets up a commercial agency.

1891

Increasing pains in his right knee force him to seek medical attention. 7 April: agonizing 300 km. journey, carried on a makeshift litter, to the Red Sea port of Zeila, then to Aden. Cancer of knee diagnosed. 9 May: embarks for France. 20 May: taken directly to a hospital in Marseilles where on 27 May his right leg is amputated. 23 July: travels by train to Roche. His condition worsens. 23 August: with his sister Isabelle he travels back as far as Marseilles, intending to return to Africa, but is immediately hospitalized. Now paralysed by a general cancer. 25 October: Isabelle claims that Rimbaud makes confession and returns to the Catholic faith, but this in not proven. 9 November: dictates letter asking to board next ship for Aden. 10 November: Rimbaud dies, three weeks after his thirty-seventh birthday. On the same day a book of his poetry, entitled Le Reliquaire, is published. It is quickly withdrawn. 14 November: Rimbaud buried in Charleville cemetery.

1892

Publication, by Vanier, of Illuminations and Une saison en enfer in one volume, preface by Verlaine.

1895

Complete poems (Poésies complètes), with preface by Verlaine, published by Vanier.

1898

All Rimbaud’s known works (Oeuvres: Poésies, Illuminations, Une saison en enfer) published by Mercure de France, edited by his brother-in-law, Paterne Berrichon.

COLLECTED POEMS

Poèmes, 1869–1871

Les Étrennes des orphelins

I

La chambre est pleine d’ombre; on entend vaguement
De deux enfants le triste et doux chuchotement.
Leur front se penche, encor, alourdi par le rêve,
Sous le long rideau blanc qui tremble et se soulève…
—Au dehors les oiseaux se rapprochent frileux;
Leur aile s’engourdit sous le ton gris des cieux;
Et la nouvelle Année, à la suite brumeuse,
Laissant traîner les plis de sa robe neigeuse,
Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant…

II

Or les petits enfants, sous le rideau flottant,
Parlent bas comme on fait dans une nuit obscure.
Ils écoutent, pensifs, comme un lointain murmure…
Ils tressaillent souvent à la claire voix d’or
Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor
Son refrain métallique en son globe de verre…
—Puis, la chambre est glacée… on voit traîner à terre,
Épars autour des lits, des vêtements de deuil:
L’âpre bise d’hiver qui se lamente au seuil
Souffle dans le logis son haleine morose!
On sent, dans tout cela, qu’il manque quelque chose…
—Il n’est donc point de mère à ces petits enfants,
De mère au frais sourire, aux regards triomphants?
Elle a donc oublié, le soir, seule et penchée,
D’exciter une flamme à la cendre arrachée,
D’amonceler sur eux la laine et l’édredon
Avant de les quitter en leur criant: pardon.
Elle n’a point prévu la froideur matinale,
Ni bien fermé le seuil à la bise hivernale?…

Orphans’ New Year Gifts

I

The room is full of shadow and the sad
Faint whispering of two little ones,
Heads still heavy with dreams
Beneath the long white curtain, stirring slightly…
Outside, birds cluster for warmth,
Wings drooping against the grey sky.
And the New Year, dragging mist,
Trailing its snow-dress on the ground,
Smiles through tears, and shivers a song…

II

Beneath the curtain’s movement, the children
Speak low as happens on dark nights.
Thoughtfully they listen to a distant murmur;
Often shudder at the clear gold voice
Of morning, chiming a metal message
In its crystal globe, and chiming again.
—And the room is freezing; round the beds
Mourning clothes lie scattered on the floor.
The fierce winter wind moaning at the door
Blows dismal breath into the house—
There’s a sense something’s missing…
Where’s the mother of these little things,
Sweet-smiling mother with triumphant eyes?
So last night, alone, stooping, she forgot
To stir the fading fire into life,
To pile on blankets, eiderdowns,
Before she left the room, calling out ‘Forgive me!’
She hadn’t thought it might get cold next morning,
Hadn’t closed the door against the winter wind.
—Le rêve maternel, c’est le tiède tapis,
C’est le nid cotonneux où les enfants tapis,
Comme de beaux oiseaux que balancent les branches,
Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches!…
—Et là,—c’est comme un nid sans plumes, sans chaleur,
Où les petits ont froid, ne dorment pas, ont peur;
Un nid que doit avoir glacé la bise amère…

III

Votre cœur l’a compris:—ces enfants sont sans mère.
Plus de mère au logis!—et le père est bien loin!…
—Une vieille servante, alors, en a pris soin.
Les petits sont tout seuls en la maison glacée;
Orphelins de quatre ans, voilà qu’en leur pensée
S’éveille, par degrés, un souvenir riant…
C’est comme un chapelet qu’on égrène en priant:
—Ah! quel beau matin, que ce matin des étrennes!
Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes
Dans quelque songe étrange où l’on voyait joujoux,
Bonbons habillés d’or, étincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore!
On s’éveillait matin, on se levait joyeux,
La lèvre affriandée, en se frottant les yeux…
On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,
Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,
Et les petits pieds nus effleurant le plancher,
Aux portes des parents tout doucement toucher…
On entrait!… Puis alors les souhaits,… en chemise,
Les baisers répétés, et la gaîté permise!

IV

Ah! c’était si charmant, ces mots dits tant de fois!
—Mais comme il est changé, le logis d’autrefois:
Un grand feu pétillait, clair, dans la cheminée,
Toute la vieille chambre était illuminée;
Et les reflets vermeils, sortis du grand foyer,
Sur les meubles vernis aimaient à tournoyer…
A mother dreams of wool’s warmth,
Of cosy nests where snuggling children
Sleep in peace, dream in white,
Like pretty birds on swaying branches
—But here it’s a cold, unfeathered nest
Of shivering children, unsleeping, scared,
A nest frozen by cruel winds.

III

The heart understands these children have no mother.
No mother in the house, and father far away.
An old servant-woman has taken charge.
The little ones are quite alone in the house of ice;
Four-year-old orphans, a smiling memory
Slowly fills their thoughts,
Like a rosary during prayers.
Ah, New Year’s Day, what a splendid morning.
Each one has dreamt of gifts to come
Strange dreams of toys,
Gold-wrapped sweets, spangled jewels
An echo of swirling dances,
Vanishing under curtains, back again.
Morning: out of sleep, out of bed,
Eyes rubbed, joyful expectation…
Quick, go, hair uncombed,
Eyes bright, the same as special days,
Bare feet hardly touching the ground,
Off to the parents’ room, scarcely daring…
Go in… greetings, good wishes…
Pyjamas, kiss upon kiss, laughter allowed.

IV

Those delicious words said again and again!
But how it’s changed, this home from another age.
A great fire used to crackle brightly in the grate,
The old room was lit up,
Crimson reflections leapt from the flames,
Danced over polished furniture—
—L’armoire était sans clefs!… sans clefs, la grande armoire!
On regardait souvent sa porte brune et noire…
Sans clefs!… c’était étrange!… on rêvait bien des fois
Aux mystères dormant entre ses flancs de bois,
Et l’on croyait ouïr, au fond de la serrure
Béante, un bruit lointain, vague et joyeux murmure…
—La chambre des parents est bien vide, aujourd’hui:
Aucun reflet vermeil sous la porte n’a lui;
Il n’est point de parents, de foyer, de clefs prises:
Partant, point de baisers, point de douces surprises!
Oh! que le jour de l’an sera triste pour eux!
—Et, tout pensifs, tandis que de leurs grands yeux bleus,
Silencieusement tombe une larme amère,
Ils murmurent: ‘Quand donc reviendra notre mère?’

… … … … … … … … … … … … … … …

V

Maintenant, les petits sommeillent tristement:
Vous diriez, à les voir, qu’ils pleurent en dormant,
Tant leurs yeux sont gonflés et leur souffle pénible!
Les tout petits enfants ont le cœur si sensible!
—Mais l’ange des berceaux vient essuyer leurs yeux,
Et dans ce lourd sommeil met un rêve joyeux,
Un rêve si joyeux, que leur lèvre mi-close,
Souriante, semblait murmurer quelque chose…
—Ils rêvent que, penchés sur leur petit bras rond,
Doux geste du réveil, ils avancent le front,
Et leur vague regard tout autour d’eux se pose…
Ils se croient endormis dans un paradis rose…
Au foyer plein d’éclairs chante gaîment le feu…
Par la fenêtre on voit là-bas un beau ciel bleu;
La nature s’éveille et de rayons s’enivre…
La terre, demi-nue, heureuse de revivre,
A des frissons de joie aux baisers du soleil…
Et dans le vieux logis tout est tiède et vermeil:
Les sombres vêtements ne jonchent plus la terre,
La bise sous le seuil a fini par se taire…
On dirait qu’une fée a passé dans cela!…
—Les enfants, tout joyeux, ont jeté deux cris… Là,
The cupboard, great cupboard, key missing,
Its brown and ebony door watched…
No key!… Strange… frequent imaginings
Of mysteries hibernating in those wooden walls.
Noise imagined, deep in the gaping lock,
Far-off noise, vague happy murmur…
—Today, the parents’ room is quite empty,
No crimson, no hearth, no keys collected,
No farewell kisses, no sweet surprises.
How sad New Year’s Day will be for them.
And, lost in thought, silent tears
Stinging from their large blue eyes,
They murmur: ‘When will our mother come home?’

… … … … … … … … … … … … … …..

V

Now, the children sleep in sadness.
To see them, you’d say they were crying behind closed lids,
Their eyes are so puffy, their breathing so strained.
Such sensitive hearts, these tiny children.
But their guardian angel wipes their tears
And puts happy dreams into heavy sleep,
So happy that their half-closed smiling lips
Seem to murmur something…
They dream that, leaning on their small round arms,
In that sweet reflex of waking, they proffer their faces,
And their vague eyes look around…
They think they’re asleep in a rosy paradise…
The cheery fire sings and crackles in the hearth…
Through the window, up there, fine blue sky.
Nature wakes up and is heady with light…
The half-starved earth, glad to live again,
Shudders with pleasure at the sun’s embrace…
And in the old house all is flushed with warmth.
Dark clothes no longer strew the ground,
The wind’s stopped whistling under the door…
As if a fairy had flitted through…
The joyful children have cried out twice… There,
Près du lit maternel, sous un beau rayon rose,
Là, sur le grand tapis, resplendit quelque chose…
Ce sont des médaillons argentés, noirs et blancs,
De la nacre et du jais aux reflets scintillants;
Des petits cadres noirs, des couronnes de verre,
Ayant trois mots gravés en or: ‘A NOTRE MÈRE!’

… … … … … … … … … … … … …..

Première soirée

—Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près

Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins.

—Je regardai, couleur de cire
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein,—mouche au rosier.

—Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s’égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal.

Les petits pieds sous la chemise,
Se sauvèrent: ‘Veux-tu finir!’
—La premiere audace permise,
Le rire feignait de punir!

—Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux:
—Elle jeta sa tête mièvre
En arrière: ‘Oh! c’est encor mieux!…

By the mother’s bed, in a lovely rinse of rosy light,
There on the great carpet, something shines splendidly…
Two medallions, silver-plated, black and white,
Jet and mother-of-pearl, darting light;
Little black frames, set round with glass scrolls,
Their three words: ‘to our mother’ traced in gold.

… … … … … … … … … … … … …..

First Night

She was less than scantily dressed,
And large trees blatantly
Pressed leaves against her window,
Curious, close, hard by.

There she sat, half-naked
In my big chair, hands clasped.
On the floor, her dainty little feet
Trembled with pure pleasure.

I watched wax-pale
Fugitive light play
On her breast and in her smile—
A fly on a rose.

I kissed her slender ankles.
She laughed, brutal and low
Little tumbles of brightness,
Laughter like a chandelier.

Small feet vanished
Beneath skirts. ‘Now stop it!’
She scolded, her laugh saying
She’d not minded one little bit.

I kissed her eyes so gently,
A helpless tremble under my lips.
She threw her fine head back;
‘Ah yes, that’s nicer still!

‘Monsieur, j’ai deux mots à te dire…’
—Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D’un bon rire qui voulait bien…

—Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.

Sensation

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue:
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien:
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature,—heureux comme avec une femme.

Mars 1870.

Le Forgeron

Palais des Tuileries, vers le 10 août 92

Le bras sur un marteau gigantesque, effrayant
D’ivresse et de grandeur, le front vaste, riant
Comme un clairon d’airain, avec toute sa bouche,
Et prenant ce gros-là dans son regard farouche,
Le Forgeron parlait à Louis Seize, un jour
Que le Peuple était là, se tordant tout autour,
Et sur les lambris d’or traînant sa veste sale.
Or le bon roi, debout sur son ventre, était pâle,
Pâle comme un vaincu qu’on prend pour le gibet,
Et, soumis comme un chien, jamais ne regimbait

‘Listen. I want to tell you…’
My mouth plunged to her breast; she said
Nothing; but again she laughed,
Frank laughter which said yes.

She was scantily dressed
And large trees blatantly
Pressed leaves against her window,
Curious, close, hard by.

Sensation

On blue evenings in summer, down paths,
Spiked by sharp corn, I’ll trample new grass.
Dreaming, I’ll feel the cool on my feet,
The wind will bathe my bare head.

I shan’t speak, I’ll clear out all my thoughts.
But love without end shall fill my soul,
And I’ll travel far, very far, Nature’s
Vagabond—happy as with a woman.

March 1870

The Blacksmith

Tuileries Palace, around 10 August 1792

Arm on gigantic hammer; drunk,
Huge, frightening; vast forehead; full-bell
Bugle laughter; scything
The fat man with his gaze,
A blacksmith addressed Louis XVI, one day
As the People pressed and thronged,
Its coat of filth against the golden panelling.
Perched above his belly, the king was as white
As a convict marching to his death,
And, like a cowering dog, took without complaint
Car ce maraud de forge aux énormes épaules
Lui disait de vieux mots et des choses si drôles,
Que cela I’empoignait au front, comme cela!

‘Or, tu sais bien, Monsieur, nous chantions tra la la
Et nous piquions les bœufs vers les sillons des autres:
Le Chanoine au soleil filait des patenôtres
Sur des chapelets clairs grenés de pièces d’or.
Le Seigneur, à cheval, passait, sonnant du cor
Et l’un avec la hart, l’autre avec la cravache
Nous fouaillaient.—Hébétés comme des yeux de vache,
Nos yeux ne pleuraient plus; nous allions, nous allions,
Et quand nous avions mis le pays en sillons,
Quand nous avions laissé dans cette terre noire
Un peu de notre chair… nous avions un pourboire:
On nous faisait flamber nos taudis dans la nuit;
Nos petits y faisaient un gâteau fort bien cuit.

… ‘Oh! je ne me plains pas. Je te dis mes bêtises,
C’est entre nous. J’admets que tu me contredises.
Or, n’est-ce pas joyeux de voir, au mois de juin
Dans les granges entrer des voitures de foin
Énormes? De sentir l’odeur de ce qui pousse,
Des vergers quand il pleut un peu, de l’herbe rousse?
De voir des blés, des blés, des épis pleins de grain,
De penser que cela prépare bien du pain?…
Oh! plus fort, on irait, au fourneau qui s’allume,
Chanter joyeusement en martelant l’enclume,
Si l’on était certain de pouvoir prendre un peu
Étant homme, à la fin! de ce que donne Dieu!
—Mais voilà, c’est toujours la même vieille histoire!

‘Mais je sais, maintenant! Moi, je ne peux plus croire,
Quand j’ai deux bonnes mains, mon front et mon marteau,
Qu’un homme vienne là, dague sur le manteau,
Et me dise: Mon gars, ensemence ma terre;
Que l’on arrive encor, quand ce serait la guerre,
Me prendre mon garçon comme cela, chez moi!
—Moi, je serais un homme, et toi, tu serais roi,
What that great wardrobe of a blacksmith
Was telling him—strange things, old-fashioned words
Punched straight into his face.

‘Now Sire, you remember how we sang tra la la
As our oxen worked the owners’ fields for them.
The Canon paternostered in the sun, fingering
Bright rosaries threaded with gold coins.
Our master rode by rooty-tooting
On his hunting-horn; ropes and riding-crops
Did their worst—Our bewildered
Cow-eyes stopped their tears; we ground on,
And when we’d turned the land neatly into rows,
Put some of our flesh into
The black soil, we got our small reward:
They torched our hovels in the night;
Our children roasted to a crisp.

‘…I’m not complaining, just a bit of idle chat
Tell me if I’ve got it wrong, but
Doesn’t it warm the heart to see in June
Great carts of hay enter storage-barns
Or smell things growing;
Soft rain in orchards; sunny grass,
And field after field of wheat bursting with grain,
Soon to fill the shelves with bread?
Oh yes, we’d go off and start the furnace up,
Sing cheery songs to the sound of our hammers,
If we were sure we’d get our share
(We’re only human after all) of what God gives.
But always it’s the same story.

‘Now, I’ve understood. Since I’ve got two good hands,
A brain, a hammer, I won’t allow
Any man to approach me brandishing
A weapon and say: “You, out into my fields, now!”
Or come and snatch away my boy—
(To hell with your wars).
I’m a man, you’re a king, so you think
Tu me dirais: Je veux!… —Tu vois bien, c’est stupide.
Tu crois que j’aime voir ta baraque splendide,
Tes officiers dorés, tes mille chenapans,
Tes palsembleu bâtards tournant comme des paons:
Ils ont rempli ton nid de l’odeur de nos filles
Et de petits billets pour nous mettre aux Bastilles,
Et nous dirons: C’est bien: les pauvres à genoux!
Nous dorerons ton Louvre en donnant nos gros sous!
Et tu te soûleras, tu feras belle fête.
—Et ces Messieurs riront, les reins sur notre tête!

‘Non. Ces saletés-là datent de nos papas!
Oh! Le Peuple n’est plus une putain. Trois pas
Et, tous, nous avons mis ta Bastille en poussiètre.
Cette bête suait du sang à chaque pierre
Et c’était dégoûtant, la Bastille debout
Avec ses murs lépreux qui nous racontaient tout
Et, toujours, nous tenaient enfermés dans leur ombre!
—Citoyen! citoyen! c’était le passé sombre
Qui croulait, qui râlait, quand nous prîmes la tour!
Nous avions quelque chose au cœur comme l’amour.
Nous avions embrassé nos fils sur nos poitrines.
Et, comme des chevaux, en soufflant des narines
Nous allions, fiers et forts, et ça nous battait là…
Nous marchions au soleil, front haut,—comme cela—,
Dans Paris! On venait devant nos vestes sales.
Enfin! Nous nous sentions Hommes! Nous étions pâles,
Sire, nous étions soûls de terribles espoirs:
Et quand nous fümes là, devant les donjons noirs,
Agitant nos clairons et nos feuilles de chêne,
Les piques à la main; nous n’eûmes pas de haine,
—Nous nous sentions si forts, nous voulions être doux!

… … … … … … … … … … … … …..

… … … … … … … … … … … … …..

‘Et depuis ce jour-là, nous sommes comme fous!
Le tas des ouvriers a monté dans la rue,
Et ces maudits s’en vont, foule toujours accrue
De sombres revenants, aux portes des richards.
Moi, je cours avec eux assommer les mouchards:
You can give me orders. You can’t.
You think I want to see the sumptuous place
You live in, your powdered minions, your thousand hangers-on,
All the strutting peacock bastards
Who’ve filled your love-nest with our daughters’ smell,
And warrants to throw us in your gaols,
We’d see all that and say: yes, we poor folk know our place,
On our knees. Our pennies will fund your Louvre,
While you and your hell-raisers get blind drunk,
Laugh fit to bust, and shit all over us!

‘No. That’s our fathers’ martyrdom,
The People aren’t your whore now. One, two, three,
And down it tumbled, your Bastille.
Those walls oozed blood from every stone,
That putrid carcass standing there
Telling us the whole grim story,
With us still locked in its dungeons.
Citizens! What fell the day we stormed that tower
Was a dark past choked to death.
Something like love filled us.
We picked up our children and kissed them.
Like snorting horses we advanced, proud
And strong, hearts thumping like that…
Heads held high, we marched through Paris in the sun,
Like them down there. People fought to touch our filthy coats.
At last, we knew we were Men! We were pale,
Your Majesty, drunk on terrific hope.
And when we arrived outside that hell-hole,
Our bugles and oak-branches held aloft,
Pikes at the ready, we felt no hate.
Knowing we were strong, we wanted to be kind.

… … … … … … … … … … … … … … …..

… … … … … … … … … … … … … … …..

‘Since then, we’ve been like men possessed.
The hordes of workers in the street have grown,
And all those dark figures of the night have gone
To haunt the portals of the rich.
And I go too, hunting down your spies.
Et je vais dans Paris, noir, marteau sur l’épaule,
Farouche, à chaque coin balayant quelque drôle,
Et, si tu me riais au nez, je te tuerais!
—Puis tu peux y compter, tu te feras des frais
Avec tes hommes noirs, qui prennent nos requêtes
Pour se les renvoyer comme sur des raquettes
Et, tout bas, les malins! se disent: “Qu’ils sont sots!”
Pour mitonner des lois, coller de petits pots
Pleins de jolis décrets roses et de droguailles,
S’amuser à couper proprement quelques tailles,
Puis se boucher le nez quand nous marchons près d’eux,
—Nos doux représentants qui nous trouvent crasseux!—
Pour ne rien redouter, rien, que les baïonnettes…,
C’est très-bien.