Crimes en Série
MAURIE LEBLANC
CRIMES EN SÉRIE
Éditions de l’Opportun
Éditeur : Stéphane Chabenat
Suivi éditorial : Clotilde Alaguillaume
Conception couverture : Philippe Marchand
EAN : 978-2-36075-192-1
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
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Collection
MAURICE LEBLANC 100 % INÉDIT
Exclusivité ebook
Dans la collection ebook « Maurice Leblanc 100% inédit », retrouvez également :
— Sexe et érotisme
5 nouvelles
— Histoires de couples
5 nouvelles
— Mystère et fantastique
5 nouvelles
INTRODUCTION
Père du mythique Arsène Lupin, Maurice Leblanc est un écrivain connu et reconnu pour son sens du suspense et sa plume alerte.
Les Éditions de l’Opportun sont donc particulièrement fières de vous proposer de redécouvrir son style inimitable grâce à la publication de ses nouvelles inédites. Ces nouvelles contiennent tous les ingrédients qui firent le talent inimitable de Maurice Leblanc : style, passion, suspense et modernité.
Nous retrouvons donc avec plaisir la plume d’un auteur majeur aux multiples facettes, qui ne s’est pas cantonné au seul roman policier. Cette collection « Maurice Leblanc 100% inédit » propose 4 premiers volumes : Histoires de couples ; Sexe et érotisme ; Mystère et fantastique et bien sûr Crimes en série.
Petite halte
La route va droit à l’abîme. Au moment où elle s’y jette, un virage brusque la courbe à gauche et la dirige vers la profonde vallée de Brametot.
Le point de vue est célèbre. Louise exigea de son mari qu’on s’y arrêtât jusqu’à ce que l’automobile des Langeval, moins rapide que la leur, les eût rejoints.
Bernard grogna, selon son habitude, et ne voulut pas descendre. Louise sauta de voiture et courut au bord de la falaise.
Elle tombe à pic sur des champs de galets, où se hérissent, çà et là, d’énormes rochers blancs. La grande mer s’étale au-delà, emplit l’horizon, se déploie le long des côtes. On la voit partout, à l’infini, changeante et vivante, bleue, verte, grise, sombre et radieuse, couleur d’argent, couleur de ciel, couleur de soleil.
À droite c’est Fécamp, plus loin Dieppe, plus loin d’autres plages à peines visibles. À gauche c’est Étretat. Et dans le fond de la valleuse le petit village de Brametot se couche parmi les grands arbres.
Louise revint, grisée de lumière, un peu lasse aussi, car la chaleur était accablante.
— C’est merveilleux, dit-elle, aie donc le courage de descendre.
Ne recevant pas de réponse, elle regarda Bernard. Il n’avait point bougé de sa place. Il dormait.
Alors elle prit son ombrelle et s’assit à gauche de la route, au revers d’un talus.
Au bout de quelques minutes elle tira de sa poche une lettre, une longue lettre de douze pages, qu’elle se mit à lire. De temps à autre un sourire heureux découvrait ses dents blanches. À la fin elle porta les feuilles à sa bouche et les baisa ardemment, passionnément.
Puis elle relut la lettre. Cette fois elle pleura. Puis, l’ayant dissimulée dans son corsage, elle resta longtemps rêveuse.
Elle songeait au passé, à ses espoirs de jeune fille, aux déceptions de son mariage, aux joies aiguës et violentes, si douloureuses aussi, que la vie lui avait offertes depuis quelques mois.
Une cloche sonna midi, tout en bas, à l’église de Brametot.
« Les Langeval tardent bien à venir », se dit-elle.
Leur ami Georges les accompagnait. Elle frémit en pensant à lui. Georges ! ce nom lui caressait les lèvres, l’emplissait de bonheur. Georges ! ce doux enfant qui l’aimait au point de lui écrire chaque jour, et malgré leurs entrevues quotidiennes, de longues lettres d’adoration !
Elle imagina le déjeuner qui allait les réunir tous les cinq en quelque auberge de village. Georges serait là, près d’elle…
Bernard y serait également, soupçonneux et jaloux comme à l’ordinaire…
Un mouvement de révolte la souleva. Elle regarda son mari. Il dormait encore, accoudé au volant, la tête oscillant de droite et de gauche, congestionné, ridicule.
Pour la première fois elle sentit qu’elle le haïssait, mais d’une haine implacable et féroce. Jamais elle n’avait éprouvé ce sentiment. Et voilà soudain qu’elle découvrait en lui le plus cruel et le plus dangereux des ennemis.
Nerveusement elle arracha une tige de genêt qui se balançait près d’elle et en froissa les feuilles et les fleurs.
— Je le déteste ! s’écria-t-elle, je le hais.
Elle se leva et marcha vers la falaise. Mais tout à coup elle s’arrêta, les yeux fixes, le corps secoué de frissons. Ah ! l’abominable, la monstrueuse idée !
Elle fondit en larmes, la tête cachée entre ses mains. Elle ne voulait pas penser à cela, elle ne le voulait pas.
Quelques minutes s’écoulèrent.
Lentement Louise retourna près de la voiture et, montée sur le marchepied de gauche, elle examina Bernard en silence.
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