De la Terre à la Lune

De la Terre à la Lune
Jules Verne
Publication: 1865
Catégorie(s): Fiction, Action & Aventure, Science
Fiction
Source: http://www.ebooksgratuits.com
A Propos Verne:
Jules Gabriel Verne (February 8, 1828–March 24, 1905) was a
French author who pioneered the science-fiction genre. He is best
known for novels such as Journey To The Center Of The Earth (1864),
Twenty Thousand Leagues Under The Sea (1870), and Around the World
in Eighty Days (1873). Verne wrote about space, air, and underwater
travel before air travel and practical submarines were invented,
and before practical means of space travel had been devised. He is
the third most translated author in the world, according to Index
Translationum. Some of his books have been made into films. Verne,
along with Hugo Gernsback and H. G. Wells, is often popularly
referred to as the "Father of Science Fiction". Source:
Wikipedia
Disponible sur Feedbooks Verne:
20000 lieues sous
les mers (1871)
Voyage au centre
de la Terre (1864)
Le Tour du monde en
quatre-vingts jours (1873)
Michel
Strogoff (1874)
Autour de la
Lune (1869)
Une Ville
flottante (1870)
Voyages et
Aventures du Capitaine Hatteras (1866)
Les Enfants du
capitaine Grant (1868)
Cinq semaines en
ballon (1862)
Les Naufragés du
Jonathan (1909)
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Chapitre 1
Le Gun-Club
Pendant la guerre fédérale des États-Unis, un nouveau club très
influent s’établit dans la ville de Baltimore, en plein Maryland.
On sait avec quelle énergie l’instinct militaire se développa chez
ce peuple d’armateurs, de marchands et de mécaniciens. De simples
négociants enjambèrent leur comptoir pour s’improviser capitaines,
colonels, généraux, sans avoir passé par les écoles d’application
de West-Point[1] ; ils égalèrent bientôt dans «
L’art de la guerre » leurs collègues du vieux continent, et comme
eux ils remportèrent des victoires à force de prodiguer les
boulets, les millions et les hommes.
Mais en quoi les Américains surpassèrent singulièrement les
Européens, ce fut dans la science de la balistique. Non que leurs
armes atteignissent un plus haut degré de perfection, mais elles
offrirent des dimensions inusitées, et eurent par conséquent des
portées inconnues jusqu’alors. En fait de tirs rasants, plongeants
ou de plein fouet, de feux d’écharpe, d’enfilade ou de revers, les
Anglais, les Français, les Prussiens, n’ont plus rien à
apprendre ; mais leurs canons, leurs obusiers, leurs mortiers
ne sont que des pistolets de poche auprès des formidables engins de
l’artillerie américaine.
Ceci ne doit étonner personne. Les Yankees, ces premiers
mécaniciens du monde, sont ingénieurs, comme les Italiens sont
musiciens et les Allemands métaphysiciens,— de naissance. Rien de
plus naturel, dès lors, que de les voir apporter dans la science de
la balistique leur audacieuse ingéniosité. De là ces canons
gigantesques, beaucoup moins utiles que les machines à coudre, mais
aussi étonnants et encore plus admirés. On connaît en ce genre les
merveilles de Parrott, de Dahlgreen, de Rodman. Les Armstrong, les
Pallisser et les Treuille de Beaulieu n’eurent plus qu’à s’incliner
devant leurs rivaux d’outre-mer.
Donc, pendant cette terrible lutte des Nordistes et des
Sudistes, les artilleurs tinrent le haut du pavé ; les
journaux de l’Union célébraient leurs inventions avec enthousiasme,
et il n’était si mince marchand, si naïf « booby »[2] , qui ne se cassât jour et nuit la tête à
calculer des trajectoires insensées.
Or, quand un Américain a une idée, il cherche un second
Américain qui la partage. Sont-ils trois, ils élisent un président
et deux secrétaires. Quatre, ils nomment un archiviste, et le
bureau fonctionne. Cinq, ils se convoquent en assemblée générale,
et le club est constitué. Ainsi arriva-t-il à Baltimore. Le premier
qui inventa un nouveau canon s’associa avec le premier qui le
fondit et le premier qui le fora. Tel fut le noyau du
Gun-Club[3] . Un mois après sa formation, il comptait
dix-huit cent trente-trois membres effectifs et trente mille cinq
cent soixante-quinze membres correspondants.
Une condition—sine qua non—était imposée à toute personne qui
voulait entrer dans l’association, la condition d’avoir imaginé ou,
tout au moins, perfectionné un canon ; à défaut de canon, une
arme feu quelconque. Mais, pour tout dire, les inventeurs de
revolvers quinze coups, de carabines pivotantes ou de
sabres-pistolets ne jouissaient pas d’une grande considération. Les
artilleurs les primaient en toute circonstance.
« L’estime qu’ils obtiennent, dit un jour un des plus savants
orateurs du Gun-Club, est proportionnelle « aux masses » de leur
canon, et « en raison directe du carré des distances » atteintes
par leurs projectiles !
Un peu plus, c’était la loi de Newton sur la gravitation
universelle transportée dans l’ordre moral.
Le Gun-Club fondé, on se figure aisément ce que produisit en ce
genre le génie inventif des Américains. Les engins de guerre
prirent des proportions colossales, et les projectiles allèrent,
au-delà des limites permises, couper en deux les promeneurs
inoffensifs. Toutes ces inventions laissèrent loin derrière elles
les timides instruments de l’artillerie européenne. Qu’on en juge
par les chiffres suivants.
Jadis, « au bon temps », un boulet de trente-six, à une distance
de trois cents pieds, traversait trente-six chevaux pris de flanc
et soixante-huit hommes. C’était l’enfance de l’art.
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