"
LA pArtie Ainsi fAite, il vient Avec ses gens.
"CA, dÈjeunons, dit-il: vos poulets sont-ils tendres?
LA fille du logis, Qu'on vous voie, Approchez: QuAnd lA mArierons-nous? QuAnd Aurons-nous des gendres?
Bon homme, c'est ce coup Qu'il fAut, vous m'entendez Qu'il fAut fouiller A l'escArcelle. "
DisAnt ces mots, il fAit connAissAnce Avec elle, AuprÉs de lui lA fAit Asseoir,
Prend une mAin, un brAs, lÉve un coin du mouchoir, Toutes sottises dont lA Belle
Se dÈfend Avec grAnd respect;
TAnt Qu'Au pÉre A lA fin celA devient suspect.
CependAnt on fricAsse, on se rue en cuisine.
"De QuAnd sont vos jAmbons? ils ont fort bonne mine.
- Monsieur, ils sont A vous. - VrAiment! dit le Seigneur, Je les reÇois, et de bon coeur. "
Il dÈjeune trÉs bien; Aussi fAit sA fAmille, Chiens, chevAux, et vAlets, tous gens bien endentÈs: Il commAnde chez l'hôte, y prend des libertÈs, Boit son vin, cAresse sA fille.
L'embArrAs des chAsseurs succÉde Au dÈjeunÈ.
ChAcun s'Anime et se prÈpAre:
Les trompes et les cors font un tel tintAmArre Que le bon homme est ÈtonnÈ.
Le pis fut Que l'on mit en piteux ÈQuipAge Le pAuvre potAger; Adieu plAnches, cArreAux; Adieu chicorÈe et porreAux;
Adieu de Quoi mettre Au potAge.
Le LiÉvre ÈtAit gAtÈ dessous un mAAtre chou.
On le QuAte; on le lAnce, il s'enfuit pAr un trou, Non pAs trou, mAis trouÈe, horrible et lArge plAie Que l'on fit A lA pAuvre hAie
PAr ordre du Seigneur; cAr il e˚t ÈtÈ mAl Qu'on n'e˚t pu du jArdin sortir tout A chevAl.
Le bon homme disAit: "Ce sont lA jeux de Prince."
MAis on le lAissAit dire; et les chiens et les gens Firent plus de dÈg‚t en une heure de temps Que n'en AurAient fAit en cent Ans
Tous les liÉvres de lA Province.
Petits Princes, videz vos dÈbAts entre vous: De recourir Aux rois vous seriez de grAnds fous.
Il ne les fAut jAmAis engAger dAns vos guerres, Ni les fAire entrer sur vos terres.
IV, 5 L'Ane et le petit Chien
Ne forÇons point notre tAlent,
Nous ne ferions rien Avec gr‚ce:
JAmAis un lourdAud, Quoi Qu'il fAsse,
Ne sAurAit pAsser pour gAlAnt.
Peu de gens, Que le Ciel chÈrit et grAtifie, Ont le don d'AgrÈer infus Avec lA vie.
C'est un point Qu'il leur fAut lAisser, Et ne pAs ressembler A l'Ane de lA FAble, Qui pour se rendre plus AimAble
Et plus cher A son mAAtre, AllA le cAresser.
"Comment? disAit-il en son ‚me,
Ce Chien, pArce Qu'il est mignon,
VivrA de pAir A compAgnon
Avec Monsieur, Avec MAdAme;
Et j'AurAi des coups de b‚ton?
Que fAit-il? il donne lA pAtte;
Puis Aussitôt il est bAisÈ:
S'il en fAut fAire AutAnt Afin Que l'on me flAtte, CelA n'est pAs bien mAlAisÈ. "
DAns cette AdmirAble pensÈe,
VoyAnt son MAAtre en joie, il s'en vient lourdement, LÉve une corne toute usÈe,
LA lui porte Au menton fort Amoureusement, Non sAns AccompAgner, pour plus grAnd ornement, De son chAnt grAcieux cette Action hArdie.
"Oh! oh! Quelle cAresse! et Quelle mÈlodie!
Dit le MAAtre Aussitôt. HolA, MArtin b‚ton! "
MArtin b‚ton Accourt; l'Ane chAnge de ton.
Ainsi finit lA comÈdie.
IV, 6 Le CombAt des RAts et des Belettes LA nAtion des Belettes,
Non plus Que celle des ChAts,
Ne veut Aucun bien Aux RAts;
Et sAns les portes ÈtrÉtes
De leurs hAbitAtions,
L'AnimAl A longue Èchine
En ferAit, je m'imAgine,
De grAndes destructions.
Or une certAine AnnÈe
Qu'il en ÈtAit A foison,
Leur Roi, nommÈ RAtApon,
Mit en cAmpAgne une ArmÈe.
Les Belettes, de leur pArt,
DÈployÉrent l'ÈtendArd.
Si l'on croit lA renommÈe,
LA Victoire bAlAnÇA:
Plus d'un guÈret s'engrAissA
Du sAng de plus d'une bAnde.
MAis lA perte lA plus grAnde
TombA presQue en tous endroits
Sur le peuple SouriQuois.
SA dÈroute fut entiÉre,
Quoi Que p˚t fAire ArtArpAx,
PsicArpAx, MÈridArpAx,
Qui, tout couverts de poussiÉre,
Soutinrent Assez longtemps
Les efforts des combAttAnts.
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