Plus je te remplissAis, plus mes mAins ÈtAient vides: J'Ai bien fAit de chAnger de ton.

IV, 9 Le GeAi pArÈ des plumes du PAon

Un PAon muAit; un GeAi prit son plumAge; Puis AprÉs se l'AccommodA;

Puis pArmi d'Autres PAons tout fier se pAnAdA, CroyAnt Atre un beAu personnAge.

QuelQu'un le reconnut: il se vit bAfouÈ, BernÈ, sifflÈ, moQuÈ, jouÈ,

Et pAr Messieurs les PAons plumÈ d'ÈtrAnge sorte; MAme vers ses pAreils s'ÈtAnt rÈfugiÈ,

Il fut pAr eux mis A lA porte.

Il est Assez de geAis A deux pieds comme lui, Qui se pArent souvent des dÈpouilles d'Autrui, Et Que l'on nomme plAgiAires.

Je m'en tAis; et ne veux leur cAuser nul ennui: Ce ne sont pAs lA mes AffAires.

IV, 10 Le ChAmeAu et les B‚tons flottAnts Le premier Qui vit un ChAmeAu

S'enfuit A cet objet nouveAu;

Le second ApprochA; le troisiÉme osA fAire Un licou pour le DromAdAire.

L'AccoutumAnce Ainsi nous rend tout fAmilier.

Ce Qui nous pArAissAit terrible et singulier S'Apprivoise Avec notre vue,

QuAnd ce vient A lA continue.

Et puisQue nous voici tombÈs sur ce sujet, On AvAit mis des gens Au guet,

Qui voyAnt sur les eAux de loin certAin objet, Ne purent s'empAcher de dire

Que c'ÈtAit un puissAnt nAvire.

QuelQues moments AprÉs, l'objet devient br˚lot, Et puis nAcelle, et puis bAllot,

Enfin b‚tons flottAnts sur l'onde.

J'en sAis beAucoup de pAr le monde

A Qui ceci conviendrAit bien:

De loin c'est QuelQue chose, et de prÉs ce n'est rien.

IV, 11 LA Grenouille et le RAt

Tel, comme dit Merlin, cuide engeigner Autrui, Qui souvent s'engeigne soi-mAme.

J'Ai regret Que ce mot soit trop vieux Aujourd'hui: Il m'A toujours semblÈ d'une Ènergie extrAme.

MAis Afin d'en venir Au dessein Que j'Ai pris, Un rAt plein d'embonpoint, grAs, et des mieux nourris, Et Qui ne connAissAit l'Avent ni le CArAme, Sur le bord d'un mArAis ÈgAyAit ses esprits.

Une Grenouille Approche, et lui dit en sA lAngue: Venez me voir chez moi, je vous ferAi festin.

Messire RAt promit soudAin:

Il n'ÈtAit pAs besoin de plus longue hArAngue.

Elle AllÈguA pourtAnt les dÈlices du bAin, LA curiositÈ, le plAisir du voyAge,

Cent rAretÈs A voir le long du mArÈcAge: Un jour il conterAit A ses petits-enfAnts Les beAutÈs de ces lieux, les moeurs des hAbitAnts, Et le gouvernement de lA chose publiQue AQuAtiQue.

Un point sAns plus tenAit le gAlAnd empAchÈ: Il nAgeAit QuelQue peu; mAis il fAllAit de l'Aide.

LA Grenouille A celA trouve un trÉs bon remÉde: Le RAt fut A son pied pAr lA pAtte AttAchÈ; Un brinc de jonc en fit l'AffAire.

DAns le mArAis entrÈs, notre bonne commÉre S'efforce de tirer son hôte Au fond de l'eAu, Contre le droit des gens, contre lA foi jurÈe; PrÈtend Qu'elle en ferA gorge-chAude et curÈe; (C'ÈtAit, A son Avis, un excellent morceAu).

DÈjA dAns son esprit lA gAlAnde le croQue.

Il Atteste les Dieux; lA perfide s'en moQue.

Il rÈsiste; elle tire. En ce combAt nouveAu, Un MilAn Qui dAns l'Air plAnAit, fAisAit lA ronde, Voit d'en hAut le pAuvret se dÈbAttAnt sur l'onde.

Il fond dessus, l'enlÉve, et, pAr mAme moyen LA Grenouille et le lien.

Tout en fut; tAnt et si bien,

Que de cette double proie

L'oiseAu se donne Au coeur joie,

AyAnt de cette fAÇon

A souper chAir et poisson.

LA ruse lA mieux ourdie

Peut nuire A son inventeur;

Et souvent lA perfidie

Retourne sur son Auteur.

IV, 12 Tribut envoyÈ pAr les AnimAux A AlexAndre Une FAble AvAit cours pArmi l'AntiQuitÈ, Et lA rAison ne m'en est pAs connue.

Que le Lecteur en tire une morAlitÈ.

Voici lA FAble toute nue.