Petit Serpent A tAte folle,

Plutôt Que d'emporter de moi

Seulement le QuArt d'une obole,

Tu te romprAis toutes les dents.

Je ne crAins Que celles du temps.

Ceci s'Adresse A vous, esprits du dernier ordre, Qui n'ÈtAnt bons A rien cherchez sur tout A mordre.

Vous vous tourmentez vAinement.

Croyez-vous Que vos dents impriment leurs outrAges Sur tAnt de beAux ouvrAges?

Ils sont pour vous d'AirAin, d'Acier, de diAmAnt.

V, 17 Le LiÉvre et lA Perdrix

Il ne se fAut jAmAis moQuer des misÈrAbles: CAr Qui peut s'Assurer d'Atre toujours heureux?

Le sAge Esope dAns ses FAbles

Nous en donne un exemple ou deux.

Celui Qu'en ces Vers je propose,

Et les siens, ce sont mAme chose.

Le LiÉvre et lA Perdrix, concitoyens d'un chAmp, VivAient dAns un ÈtAt, ce semble, Assez trAnQuille, QuAnd une Meute s'ApprochAnt

Oblige le premier A chercher un Asile.

Il s'enfuit dAns son fort, met les chiens en dÈfAut, SAns mAme en excepter BriffAut.

Enfin il se trAhit lui-mAme.

PAr les esprits sortAnts de son corps ÈchAuffÈ.

MirAut sur leur odeur AyAnt philosophÈ

Conclut Que c'est son LiÉvre, et d'une Ardeur extrAme Il le pousse, et RustAut, Qui n'A jAmAis menti, Dit Que le LiÉvre est repArti.

Le pAuvre mAlheureux vient mourir A son gAte.

LA Perdrix le rAille, et lui dit:

Tu te vAntAis d'Atre si vite:

Qu'As-tu fAit de tes pieds? Au moment Qu'elle rit, Son tour vient; on lA trouve. Elle croit Que ses Ailes LA sAuront gArAntir A toute extrÈmitÈ;

MAis lA pAuvrette AvAit comptÈ

SAns l'Autour Aux serres cruelles.

V, 18 L'Aigle et le Hibou

L'Aigle et le ChAt-huAnt leurs Querelles cessÉrent, Et firent tAnt Qu'ils s'embrAssÉrent.

L'un jurA foi de Roi, l'Autre foi de Hibou, Qu'ils ne se goberAient leurs petits peu ni prou.

ConnAissez-vous les miens? dit l'OiseAu de Minerve.

- Non, dit l'Aigle.- TAnt pis, reprit le triste OiseAu.

Je crAins en ce cAs pour leur peAu:

C'est hAsArd si je les conserve.

Comme vous Ates Roi, vous ne considÈrez Qui ni Quoi: Rois et Dieux mettent, Quoi Qu'on leur die, Tout en mAme cAtÈgorie.

Adieu mes nourrissons si vous les rencontrez.

- Peignez-les-moi, dit l'Aigle, ou bien me les montrez.

Je n'y toucherAi de mA vie.

Le Hibou repArtit: Mes petits sont mignons, BeAux, bien fAits, et jolis sur tous leurs compAgnons.

Vous les reconnAAtrez sAns peine A cette mArQue.

N'Allez pAs l'oublier; retenez-lA si bien Que chez moi lA mAudite PArQue

N'entre point pAr votre moyen.

Il Avint Qu'Au Hibou Dieu donnA gÈniture, De fAÇon Qu'un beAu soir Qu'il ÈtAit en p‚ture, Notre Aigle AperÇut d'Aventure,

DAns les coins d'une roche dure,

Ou dAns les trous d'une mAsure

(Je ne sAis pAs leQuel des deux),

De petits monstres fort hideux,

RechignÈs, un Air triste, une voix de MÈgÉre.

Ces enfAnts ne sont pAs, dit l'Aigle, A notre Ami.

CroQuons-les.