La bande mouchetée - Les aventures de Sherlock Holmes
La bande mouchetée - Les aventures de Sherlock Holmes
Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »
Arthur Conan Doyle
1859-1930
LA BANDE MOUCHETÉE
Les aventures de Sherlock Holmes
(février 1892)
Table des matières
La bande mouchetée ................................................................ 3
Toutes les aventures de Sherlock Holmes ............................. 46
À propos de cette édition électronique .................................. 49
La bande mouchetée
En jetant un regard sur mes notes des soixante-dix et
quelques affaires dans lesquelles j’ai, pendant les huit dernières
années, étudié les méthodes de mon ami Sherlock Holmes, j’en
trouve beaucoup qui sont tragiques, quelques-unes comiques et
un grand nombre tout simplement étranges, mais il n’y en a
aucune qui soit banale ; car travaillant, comme il le faisait, plutôt
par amour de son art, que par esprit de lucre, il refusait de
s’associer à toute recherche qui ne présentait pas une certaine
tendance l’extraordinaire et même au fantastique. Parmi toutes
ces affaires si diverses, toutefois, je ne me souviens pas qu’aucune
ait présenté des traits plus singuliers que celle à laquelle on a
associé la famille bien connue des Roylott de Stoke Moran, dans
le Sussex. Les événements dont il s’agit se sont déroulés dans les
premiers temps de mon association avec Holmes lorsque,
célibataires, nous occupions ensemble notre appartement de
Baker Street. J’aurais pu, sans doute, en faire déjà le récit, mais je
m’étais alors engagé au secret, et je n’ai été délié de ma promesse
que le mois dernier par la mort prématurée de la dame à qui je
l’avais faite. Peut-être même vaut-il mieux que ces faits soient
révélés maintenant ; j’ai en effet quelques raisons de croire que
toutes sortes de bruit ont couru un peu partout concernant la
mort du docteur Grimesby Roylott, tendant à rendre cette affaire
encore plus terrible que la vérité.
Ce fut au début d’avril 1883 que je m’éveillai un matin pour
trouver Sherlock Holmes, déjà tout habillé, debout près de mon
lit. D’ordinaire il se levait tard et, comme la pendule sur ma
cheminée me montrait qu’il n’était que sept heures et quart, je
posai sur lui un regard incertain, un peu surpris et peut-être un
peu fâché, car j’étais moi-même très régulier dans mes habitudes.
– Tout à fait désolé de vous réveiller, Watson, dit-il, mais
c’est le lot de tous, ce matin. Mme Hudson a été réveillée, j’en ai
subi le contrecoup, elle m’a réveillé et maintenant à votre tour.
- 3 -
– Qu’est-ce que c’est donc ? Un incendie ?
– Non. Une cliente. Il paraît qu’une jeune dame vient
d’arriver dans un état de grande agitation et elle insiste pour me
voir. Elle attend en ce moment dans le studio. Or quand de jeunes
dames errent par la capitale à cette heure matinale et font sortir
de leur lit les gens endormis, je présume qu’elles ont quelque
chose de très pressant à leur communiquer. Si cela se trouvait
être une affaire intéressante, vous aimeriez, j’en suis sûr, la
prendre à son début. Que ce soit ou non le cas, j’ai pensé vous
appeler et vous en fournir la possibilité.
– Mon cher ami, pour rien au monde je ne voudrais rater
cela.
Je n’avais pas de plaisir plus vif que de suivre Holmes dans
ses recherches professionnelles et d’admirer ces déductions
rapides, promptes comme des intuitions et pourtant toujours
fondées sur la logique, grâce auxquelles il débrouillait les
problèmes qu’on lui soumettait. J’endossai rapidement mes
vêtements et, quelques minutes après, j’étais prêt à
l’accompagner dans le studio. Une dame vêtue de noir, portant
une épaisse voilette, était assise près de la fenêtre. Elle se leva à
notre entrée.
– Bonjour, madame, dit Holmes d’un ton allègre. Mon nom
est Sherlock Holmes. Monsieur est mon ami intime et mon
associé, le docteur Watson ; devant lui, vous pouvez parler aussi
librement que devant moi-même. Ah ! je suis content de voir que
Mme Hudson a eu le bon sens d’allumer le feu. Je vous en prie,
approchez-vous-en ; je vais demander pour vous une tasse de café
bien chaud car je remarque que vous grelottez.
– Ce n’est pas le froid qui me fait grelotter, monsieur Holmes,
c’est la terreur.
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