Holmes, lentement, fit le tour de la pièce et examina chaque chose avec le plus vif intérêt. – Qu’y a-t-il là-dedans ? demanda-t-il en frappant sur le coffre. – Les papiers d’affaires de mon beau-père. – Oh ! vous en avez donc vu l’intérieur ? – Une fois seulement, il y a quelques années. Je me souviens qu’il était plein de papiers. – Il n’y a pas un chat dedans, par exemple ? – Non. Quelle étrange idée ! – Eh bien, regardez ceci ! Il prit une petite soucoupe de lait qui se trouvait sur le haut du coffre. - 30 -

– Non, nous n’avons pas de chance. Mais il y a un guépard et un babouin. – Ah ! oui, naturellement. Eh bien, un guépard, c’est ni plus ni moins qu’un gros chat, or une soucoupe de lait comme celle-ci ne suffirait guère, je pense, à contenter un chat. Il y a encore un point que je désirerais tirer au clair. Il s’accroupit devant la chaise en bois et en examina le siège avec la plus grande attention. – Merci. Voilà qui est bien réglé, dit-il en se levant et en remettant sa loupe dans sa poche. Holà ! voici quelque chose d’intéressant ! L’objet qui avait attiré son attention était un petit fouet à chien pendu à un des coins du lit ; il était, toutefois, roulé et noué de façon à former une boucle. – Que dites-vous de cela, Watson ? – C’est un fouet assez ordinaire, mais je ne vois pas pourquoi on y a fait ce nœud. - 31 -

– Le fait est que c’est moins ordinaire, cela, hein ? Ah ! le monde est bien méchant et quand un homme intelligent tourne son esprit vers le crime, c’est la pire chose qui soit. Je crois, mademoiselle Stoner, que j’en ai assez vu maintenant et, avec votre permission, nous irons nous promener sur la pelouse. Je n’avais jamais vu le visage de mon ami aussi farouche ni son front aussi sombre qu’au moment où nous nous sommes éloignés du lieu de nos recherches. Nous avions à plusieurs reprises remonté et redescendu la pelouse et ni Mlle Stoner ni moi-même n’osions ni ne voulions interrompre le cours de ses pensées, quand il s’éveilla de sa rêverie. – Il est tout à fait essentiel, mademoiselle Stoner, dit-il, que vous suiviez absolument mes conseils en tout point. – Je les suivrai, très certainement. – La chose est trop sérieuse pour hésiter en quoi que ce soit. Votre vie peut dépendre de votre obéissance. – Je vous assure que je suis toute entre vos mains. – Et d’abord il faut que mon ami et moi, nous passions la nuit dans votre chambre. Mlle Stoner et moi nous le regardâmes, étonnés… – Oui, c’est nécessaire. Laissez-moi m’expliquer. Je crois que c’est l’auberge du village, de l’autre côté, là-bas ? – Oui, c’est la Couronne.