Par extension, le pape ne sera plus l’époux de l’Église : il n’est ici qu’un esprit comme les autres.

[207] Fille de Niccolò Fieschi, elle avait épousé Moroello Malaspina, avec qui Dante était en relations au moins depuis 1306 : il faut donc croire que cette mention de son nom est une fleur poétique adressée au passage à la femme de son protecteur.

[208] Dante ne pouvait opposer sa simple curiosité au désir de pénitence de son interlocuteur, Adrien V.

[209] Ce vers, qui répond à un épisode du commencement de L’Enfer (voir la note 14), est la meilleure réponse à ceux qui considèrent que l’allégorie du Lévrier désigne une personne déterminée. Dante appelle de tous ses vœux ce Lévrier vengeur ; mais il ne sait pas quand il viendra – ce qui prouve assez qu’il ne cache sous ce nom personne de connu.

[210] Exemples de pauvreté vertueuse : ils ne sont plus offerts par des représentations ou par des visions, mais récités par les pénitents du Purgatoire.

[211] Saint Nicolas, évêque de Myre, passe pour avoir doté secrètement trois jeunes filles que leur père, vaincu par la misère, se proposait de livrer à la prostitution.

[212] C’est une tradition qui avait cours un peu partout, au XIVe siècle, et qui fut âprement combattue par les historiens français, du XVIe siècle surtout. Elle n’a aucun fondement historique ; en réalité, Hugues Capet descendait de la famille des ducs de France et comtes de Paris. Dante, qui n’éprouvait aucune sympathie pour la politique des rois de France, s’est emparé d’une légende qui servait ses fins ; on peut d’autant moins l’en accuser, qu’il était sans doute de bonne foi, et qu’il croyait à la réalité de cette tradition.

[213] Nouvelle inexactitude. La race des Carolingiens ne s’était pas éteinte à la mort de Louis V le Fainéant. Charles, duc de Lorraine, s’était mis sur les rangs ; mais il fut fait prisonnier et mourut sans avoir retrouvé la liberté. Ce n’est pas lui qui avait été réduit à la bure, mais le dernier Mérovingien, Chilpéric III, avec qui Dante paraît le confondre.

[214] En réalité, Hugues Capet avait été sacré roi lui-même, en 987.

[215] Probablement la dot des pays du Midi, apportée à : Louis le Jeune, en 1137, par sa femme, Aliénor de Guienne.

[216] C’est Philippe Auguste qui enleva ces trois provinces à Jean sans Terre, roi d’Angleterre, en 1205 ; mais la Gascogne fut rendue aux Anglais en 1259.

[217] Charles Ier d’Anjou, investi par le pape de la couronne de Naples, qu’il disputa victorieusement à Manfred. Corradin, neveu de ce dernier et dernier prince de la maison de Souabe, voulut reprendre son héritage ; mais il fut trahi à la bataille de Tagliacozzo (1268) et décapité par l’ordre de Charles.

[218] On accusa Charles d’Anjou d’avoir fait mourir Thomas d’Aquin, en 1274 ; mais il n’y a aucune apparence de vérité dans cette affirmation.

[219] Charles de Valois, frère de Philippe le Bel. Appelé en ltalie par Boniface VIII, il entra dans Florence en 1301, et établit le gouvernement des Noirs, qui bannit et ruina aussitôt les Blancs, au parti desquels appartenait Dante lui-même.

[220] Charles II d’Anjou, roi de Naples, prisonnier pendant trois ans du roi d’Aragon (1284-1287) ; il maria sa fille, Béatrice, à Azzo VIII, marquis d’Esté (1305), dans des conditions qui firent de ce mariage une affaire pour lui.

[221] Philippe le Bel envoya Guillaume de Nogaret à Nagni, en septembre 1303, pour s’assurer de la personne du pape Boniface VIII, que Dante détestait d’ailleurs cordialement.

[222] Le procès des Templiers (1305-1312) est cité ici comme une preuve de la cupidité de Philippe le Bel, parce l’Ordre des templiers jouissait d’une grande force et prospérité économique, et que l’on pensait que le roi visait en tout premier lieu à s’approprier leurs biens.

[223] Pygmalion, frère de Didon, assassina son beau-frère Sichée, pour mettre la main sur son trésor.

[224] Acham avait volé une partie du butin fait à Jéricho-il fut tué sur l’ordre de Josué.

[225] Ananie et Saphire moururent pour avoir caché une partie des biens que tout d’abord ils avaient offerts à saint Pierre.

[226] Envoyé par Séleucos pour saisir le trésor du temple de Jérusalem, il fut mis en fuite par les ruades d’un cheval qui apparut miraculeusement.

[227] Polymnestor, roi de Thrace, avait rué son beau-frère pour s’approprier ses richesses.

[228] Marcus Licinius Crassus, tué par ordre de Suréna. Le roi des Parthes, ayant reçu sa tête, lui fit verser de l’or fondu par la bouche, pour calmer sa soif d’or.

[229] Délos était une île flottante, que Neptune avait fait sortir des ondes, pour abriter Latone, poursuivie par Junon, et qui allait donner le jour à Apollon et à Diane, « les deux yeux de la voûte ». C’est Jupiter qui rendit ensuite cette île stable, comme récompense.

[230] Les bergers auxquels les anges l’avaient chanté, pour leur annoncer la naissance du Christ.

[231] Sur le chemin d’Emmaüs ; Luc XXIV : 13.

[232] Dante porte au front les sept P, dont quatre ont déjà été effacés par l’ange : ce qui montre qu’il est en bon chemin sur la voie du salut.

[233] Lachesis, la seconde des Parques.

[234] Ce qu’une partie du ciel peut avoir d’influence sur une autre partie : on sait, en effet, et on le verra exposé plus clairement ailleurs, que les cieux les plus hauts exercent une influence constante sur les autres.

[235] Iris, ou l’arc-en-ciel.

[236] La peine que souffrent les prodigues et les avares, au cinquième cercle du Purgatoire.

[237] Il était poète. C’est Stace qui parle. Publius Papinius Statius (45-96 ap. J.-C.) fut auteur des Silvae, de La Thébaïde et de l’Achilléide, qu’il n’eut cependant pas le temps de terminer. Dante l’appréciait au-delà du mérite qu’on lui attribue communément aujourd’hui, comme il le faisait aussi pour Lucain ; et c’est parce qu’ils étaient tous les deux poètes épiques, et que le poème épique, ou comme il l’appelle la tragédie, était de son point de vue la forme la plus élevée de l’art. Il était originaire de Naples, et non de Toulouse, comme le croyaient Dante et ses contemporains, par suite d’une confusion. D’autre part, le christianisme du poète latin est une invention de Dante.

[238] L’ange qui garde la sortie de la cinquième terrasse a effacé le cinquième P du front du poète, en chantant la quatrième béatitude évangélique. Mais il ne l’a pas dite en entier ; ce serait : Beati qui esuriunt et sitiunt justitiam « heureux ceux qui ont faim et soif de justice ». L’ange à donc omis le verbe esuriunt, « ont faim », parce que cette partie de la béatitude regarde les pénitents de la terrasse suivante, les gourmands.

[239] Sur le cinquième palier du Purgatoire on punissait en même temps les avares et les prodigues. Virgile et Dante n’avaient rencontré aucun prodigue sur leur passage ; ils pensaient donc que Stace était resté couché parmi les avares, et qu’il en avait été un.

[240] Ce sont deux vers de L’Énéide, III, 57-58, mais que Dante traduit à sa manière, en altérant leur sens au mieux des intérêts de sa démonstration. Virgile disait : Quid non mortalia pectora cogis, auri sacra famés ? « jusqu’où ne pousses-tu pas le cœur des mortels, maudite soif de l’or ? » Dans la traduction qu’en donne Dante, sacra famé est interprétée par de nombreux commentateurs comme « sainte, bienheureuse faim de l’or », et expliquée comme une référence à l’honnête désir des biens terrestres, que Dante n’exclut pas. Cette explication ne semble pas naturelle, et ce qui est honnête n’est pas forcément saint : il est plus probable que sacra est chez Dante un latinisme, que l’on comprend aisément dans une citation, et qu’il faut lui donner le sens du latin.

[241] Si je n’avais pas, dit Stace, réfléchi sur tes vers, je serais maintenant aux Enfers, en train de rouler des poids, les prodigues du septième cercle le font.

[242] En d’autres termes : on ne voit pas, dans ton poème sur la guerre de Thèbes, que ton inspiration poétique soit d’accord avec la religion chrétienne ; on ne voit pas que tu aies été chrétien.

[243] Saint Pierre.

[244] Vers connus de la IVe églogue, qui ont fait la célébrité de Virgile durant tout le Moyen Age, en le transformant en une sorte de prophète des gentils. Virgile chantait la naissance du fils d’Asinius Pollio ; mais ses paroles ont été interprétées comme l’annonce de la prochaine incarnation du Christ.

[245] La chronologie de la pénitence de Stace n’est pas claire. Mort environ en l’an 96, il dit avoir passé cinq cents ans parmi les couchés (cf. plus haut, chant XXI, vers 68), et quatre cents ans sur la quatrième terrasse, celle des négligents. Cela fait mille ans : il n’est pas dit ce qu’il fit pendant les trois cents ans qui le séparent encore du voyage de Dante au monde d’au-delà.

[246] Ce sont là des personnages de La Thébaïde de Stace. La fille de Tirésias est Manto, qui se trouvait avec les autres devins, au huitième cercle de l’Enfer : le fait de l’avoir introduite ici parmi les habitants du Limbe est une des erreurs de fait très rares dans l’œuvre de Dante.

[247] Comme la journée commençait à six heures du matin, il est donc dix heures passées.

[248] Ce sont des exemples de tempérance et de sobriété, proposés aux gourmands qui occupent la sixième terrasse du Purgatoire. On les verra plus loin, amaigris par leur pénitence, qui consiste à voir les fruits et l’eau sans avoir le droit de les toucher.

[249] C’est un verset du Psaume L, appelé Miserere.

[250] Erysichton avait été puni par Cérès, qui lui avait donné une faim tellement impossible à satisfaire, qu’il avait fini par se dévorer lui-même.

[251] Lors du siège de Jérusalem par Titus, la famine à l’intérieur de la ville avait été telle, qu’une femme appelée Myriam avait mangé son propre fils.

[252] Le crâne vu de face formait, pour les hommes du Moyen Age, le mot omo « homme », les deux orbites étant les O et les fosses nasales, l’M. C’est celui-ci qui est le plus difficile à reconnaître sur la face des vivants ; mais les gourmands du Purgatoire étaient si maigres, qu’on le retrouvait facilement. Les explications des commentateurs sont en général assez différentes.

[253] Forese Donati, frère de Corso Donati, chef des Noirs de Florence et de Piccarda, que l’on retrouvera au Paradis, chant III, mourut en 1296.