Tour à tour sur sa tête on peut voir
L'étoile du matin et l'étoile du soir,
Car il est la nuit et l'aurore!

Pourquoi fais-tu languir celle qui t'aime tant?
Viens! Pourquoi perdre une heure? Hélas, mon cœur attend;
Je suis triste comme les tombes;
Est-ce qu'on met du temps, dis, entre les éclairs
De deux nuages noirs qui roulent dans les airs,
Et les baisers de deux colombes?


CHOEUR DE FEMMES
Viens! ô toi qu'on attend! Chantons! l'air était doux.
Il la vit; l'herbe en fleur leur venait aux genoux.

 

 III. LE TRIOMPHE


C'est ainsi que chantait, devant le ciel qui brille,
Le jeune homme alternant avec la jeune fille,
Un groupe des enfants du bourg de Bethphagé.
Au-delà d'un vallon de brume submergé,
On distinguait des tours, un mur blanc, une porte;
C'était Jérusalem. L'encens que l'aube apporte,
Les souffles purs, les fleurs s'éveillant dans les bois,
Les rayons, se mêlaient à l'ivresse des voix;
Et c'était à côté du chemin de la ville.
Hors du village, et près de la borne du Mille,
Tout en allant aux champs, ils s'étaient rencontrés;
L'herbe était verte, et l'aube éblouissait les prés;
Les hommes avaient dit: Trêve au travail austère!
Et les femmes avaient posé leur cruche à terre,
Et, sereins, ils s'étaient mis à chanter, tandis
Que les oiseaux poussaient des cris du paradis;
Une aïeule riait au seuil d'une masure;
Trois laboureurs hâlés, pour marquer la mesure,
Frappaient la terre avec le manche de leur faulx;
Les vierges, au front pur comme un lys sans défauts,
Songeaient, et, l'oeil noyé, la bouche haletante,
Regardaient l'horizon dans une vague attente.

Tout à coup, au moment où les femmes en chœur
Jetaient aux forêts l'hymne enflammé de leur cœur
Que marquait la cadence agreste des faucilles,
Quelqu'un dit: - Ecoutez! paix! - Et les jeunes filles
S'arrêtèrent, le doigt sur la bouche, entendant
Derrière le coteau brûlé du jour ardent,
D'autres voix qui chantaient, douces comme des âmes:

- «Le bien-aimé, celui que vous attendez, femmes,
«C'est celui-ci qui passe et que nous amenons.
«Le triomphe nous a choisis pour compagnons,
«La lumière permet que nous marchions près d'elle,
«Et nous menons le maître à son peuple fidèle,
«Voici le bien-aimé des âmes! et celui
«Sur qui la grande étoile éblouissante a lui!
«Toutes les majestés forment son diadème;
«Il pourrait foudroyer, il préfère qu'on l'aime;
«Il console Rachel, il relève Sara;
«Il marche entre la joie et la gloire; il sera
«Comme un bouquet de myrrhe entre deux seins célestes;
«Son sceptre anéantit dans les rayons les restes
«Du vieux monde terrible où se tord le serpent;
«Son nom divin est comme une huile qu'on répand;
«Au-dessus de sa tête, étonnement des anges,
«Le ciel est un murmure immense de louanges;
«Il est plus glorieux qu'Alexandre, et plus beau
«Que Salomon qui tient un lys dans son tombeau;
«Il a pour champ la terre, et l'esprit pour domaine;
«Il vient ôter la nuit de dessus l'âme humaine;
«Il fera reculer l'Hydre qui triomphait,
«Il transfigurera le monde stupéfait;
«L'abîme le regarde et l'aurore l'approuve;
«Le grondement du tigre et le cri de la louve,
«La haine, la fureur soulevant un pavé,
«La guerre, se tairont devant son doigt levé.
«Dans son immensité Moloch s'écroule et sombre.
«Il est sans tache, il est sans borne, il est sans nombre;
«Il produit, en fixant au ciel son oeil béni,
«La disparition du mal dans l'infini.
«Les chars de Pharaon près de lui sont de l'ombre.
«Il est plus radieux que Nemrod n'était sombre;
«Il brille plus qu'Ammon à qui rien ne manquait,
«Et dont le trône était le centre d'un banquet;
«Il dépasse Cyrus, debout sur son pilastre.
«Peuple, toute son âme est une clarté d'astre.
«C'est un roi; plus qu'un roi. C'est lui le Conquérant,
«C'est lui l'élu, c'est lui le vrai, c'est lui le grand!
«Gloire à lui! Le soleil le voit, l'ombre l'écoute.»

Alors on aperçut, au détour de la route,
Un homme qui venait monté sur un ânon.

Cet homme, dont chacun se redisait le nom,
Etait le même à qui naguère un prêtre blême
Avait jeté du haut du temple l'anathème.
Il avait les cheveux partagés sur le front;
Des femmes qui riaient et qui dansaient en rond,
Le suivaient, et de fleurs elles étaient couvertes,
Et des petits enfants portaient des branches vertes;
Et de partout, des champs, des toits, des bois obscurs,
Et de Jérusalem dont on voyait les murs,
Sortait la foule, gaie, heureuse, pêle-mêle;
Des mères lui montraient leur fils à la mamelle,
Et les vieillards criaient: Hosanna! Quelques-uns
Soufflaient sur des réchauds où brûlaient des parfums;
Il s'avançait avec le calme du mystère;
Et ces hommes louaient cet homme, et sur la terre
Etendaient leurs habits pour qu'il passât dessus;
Quelques lambeaux de pourpre à la hâte cousus
Faisaient une bannière en avant du cortège;
Et tous disaient: - Que Dieu le Père le protège!
Voilà celui qui vient pour nous rendre meilleurs! -
Lui, pensif, regarda Jérusalem, les fleurs,
Le soleil au plus haut des cieux comme une fête,
Ces tapis sous ses pieds, ces rameaux sur sa tête,
Et les femmes chanter, et le peuple accourir,
Et sourit, en disant: Je vais bientôt mourir.

 

IV. LE DEVOIR


Marie était assise entre Thomas et Jude;
Et le maître debout disait: - La solitude
Est un rayon d'en haut qu'on met dans son esprit;
Mais le sauveur va droit au peuple et s'y meurtrit;
Dieu livre le Messie aux multitudes viles;
La palme ne croit pas aux déserts, mais aux villes;
Malheur à qui se cache et malheur à qui fuit!
Laissons mûrir sur nous la mort ainsi qu'un fruit;
Et ne la troublons pas dans sa lente croissance;
Dieu, quand il juge un homme en sa toute-puissance,
Voit ce qu'il a vécu moins que ce qu'il a fait;
Au soleil de la mort David se réchauffait;
Ce serait mal aimer un frère que lui dire:
Recule! quand vers Dieu le sépulcre l'attire;
Et ce serait haïr et perdre son enfant
Que l'ôter du chemin funeste et triomphant;
Le calice est amer, mais l'exemple est utile;
Et c'est pourquoi je suis venu dans cette ville.

Ainsi parlait le fils et la mère écoutait.

 

 V. DEUX DIFFÉRENTES MANIÈRES D'AIMER


C'est l'heure où le ramier rentre au nid et se tait.

Une femme se hâte en une rue étroite;
Elle regarde à gauche, elle regarde à droite,
Et marche. S'il faisait moins sombre au firmament,
On pourrait à ses doigts distinguer vaguement
Le cercle délicat des bagues disparues;
Son pied blanc n'est pas fait pour le pavé des rues;
Elle porte un long voile aux plis égyptiens
Plein de rayons nouveaux et de parfums anciens;
Jeune et blonde, elle est belle entre toutes les femmes;
Elle a dans l'oeil des pleurs semblables à des flammes;
C'est Madeleine, sœur de Lazare.

Elle court.
Près de son pas céleste un oiseau serait lourd.
Où va-t-elle?

Il est nuit, et personne ne passe.

Une lumière brille en une maison basse.

Une autre femme, grave, est debout sut le seuil.
Son front est gris; elle est sévère sans orgueil,
Douce comme un enfant et grande comme un sage.
Elle pleure et médite; on voit sur son visage
La résignation au sacrifice noir;
On dirait la statue en larmes du devoir;
Le cœur tremblant s'appuie en elle à l'âme forte;
C'est la mère.

Elle a l'air de garder cette porte.

Madeleine l'aborde, et presque avec des cris
Lui parle, et s'épouvante, et tord ses bras meurtris.

- Mère, ouvre-moi. Je viens. Il s'agit de sa vie.
Me voici. J'ai couru de peur d'être suivie.
On creuse l'ombre autour de ton fils. Je te dis
Que je sens fourmiller les serpents enhardis.
J'ai connu les démons, du temps que j'étais belle;
Je sais ce que l'enfer met dans une prunelle;
Je viens de voir passer Judas; cela suffit.
C'est un calculateur de fraude et de profit;
C'est un monstre. Ouvre-moi, que j'entre chez le maître.
Le temps presse. Il sera trop tard demain peut-être.
Il faut que ce soir même il fuie, et que jamais
Il ne revienne! ô mère! et, si tu le permets,
Je vais l'emmener, moi! Ces prêtres sont infâmes!
Manquer sa mission, ne point sauver les âmes,
Que nous importe, à nous les femmes qui l'aimons!
Il sera mieux avec les tigres dans les monts
Que dans Jérusalem avec les prêtres. Mère,
Qu'il renonce au salut des hommes, sa chimère,
Qu'il fuie! Oh! n'est-ce pas? nous baisons ses talons,
Et qu'il vive, voilà tout ce que nous voulons.
Ces juifs l'égorgeront! Demande à ma sœur Marthe
Si c'est vrai, s'il n'est pas nécessaire qu'il parte.
Laisse-moi l'arracher à son affreux devoir!
Oh! te figures-tu cela, mère? le voir
Saisi, lié, tué peut-être à coups de pierre!
O Dieu! le voir saigner, lui, ce corps de lumière!
Ouvre-moi. Je sais bien qu'il est dans ta maison
Puisque je vois sa lampe à travers la cloison.
O mère, laisse-moi l'implorer pour que vite
Il s'en aille et s'échappe et qu'il prenne la fuite!
A quoi songes-tu donc que tu ne réponds rien?
Si tu veux, à nous deux, nous le sauverons bien!
Veux-tu te joindre à moi pour arracher notre ange
Au gouffre monstrueux de ce devoir étrange,
Aux bourreaux, à Judas, son hideux compagnon?

La mère en sanglotant lui fait signe que non.

 

VI. APRÈS LA PÂQUE


On était aux grands jours où le temple flamboie,
Où les petits enfants s'éveillent pleins de joie;
La Pâque était venue. On avait dans les fours
Cuit le pain sans levain qu'on vend aux carrefours.

Or Jésus-Christ était sur la montagne obscure;
Au lieu même où plus tard fut un temple à Mercure
Bâti par Adrien, détruit par Constantin.

C'était le soir; Jésus avait dit le matin
Aux disciples rangés autour de lui: «- Vous, Jacques,
«Vous, Pierre, vous, Thomas, voici le jour de Pâques;
«Vous irez dans la ville où des gens passeront;
«Vous trouverez un homme ayant sa cruche au front;
«À l'endroit où cet homme ira, quel qu'il puisse être,
«Vous irez à sa suite, et vous direz: - Le Maître
«Vient faire ici la Pâque. - Et pour cette raison
«Le maître du logis donnera sa maison.
«Il sied que Dieu toujours nous mène où bon lui semble.
«Et nous célébrerons la Pâque tous ensemble.

Et cela s'était fait ainsi qu'il l'avait dit.

Ce que la Cène vit et ce qu'elle entendit
Est écrit, dans le livre où pas un mot ne change,
Par les quatre hommes purs près de qui l'on voit l'ange,
Le lion, et le bœuf, et l'aigle, et le ciel bleu;
Cette histoire par eux semble ajoutée à Dieu
Comme s'ils écrivaient en marge de l'abîme;
Tout leur livre ressemble au rayon d'une cime;
Chaque page y frémit sous le frisson sacré;
Et c'est pourquoi la terre a dit: Je le lirai!
Les âmes du côté de ce livre mendient,
Et vingt siècles penchés dans l'ombre l'étudient.

C'était donc le soir même où cet être divin
Venait de partager le gâteau sans levain;
Christ, assis, lui treizième, au centre de la table,
- Et ce noir chiffre Treize est resté redoutable, -
Avait rompu le pain, versé le vin, disant:
«Mangez, voici ma chair; buvez, voici mon sang.»
Puis il avait repris: «Allons où Dieu nous mène!»
Et tous étaient allés en sortant de la Cène
Au jardin qui fleurit derrière le Cédron.

Ce torrent, que jamais n'a touché l'aviron,
Coulait hors de la ville au pied d'une colline.
Les pâtres y montraient la cave sibylline
De Lilith, femme spectre, amante du démon;
C'est près de ce coteau que le prêtre Simon
Fit creuser le canal à laver les hosties;
Des sources y versaient, à travers les orties,
Une eau qui de la ville emplissait les viviers;
Et ce lieu s'appelait le Mont des Oliviers.

On venait sur ce mont aux époques de jeûnes.

Une plantation d'oliviers alors jeunes
Le couvrait en effet, jetant aux verts sentiers
Une ombre qui faisait durer les églantiers.
Christ y vint, murmurant tout bas: Que Dieu m'assiste!
Et ce qui s'y passa ce soir-là fut si triste,
Si lâche et si fatal qu'aujourd'hui ce jardin
Est voisin de l'enfer comme du ciel l'Eden.

Voici ce que Jésus disait sur la montagne;

«Ce qu'on perd sur la terre au ciel on le regagne.

«Qui regarde en arrière et s'étonne de peu,
«Celui-là n'est pas propre au royaume de Dieu.

«Dieu se dévoile assez pour que l'homme le voie.

«Je suis moins grand que lui, mais c'est lui qui m'envoie.
«Quand je parle, c'est lui qui dit ce que je dis.
«Si vous vous aimez bien, voilà le paradis.

«Soyez bons. Dieu choisit ceux que je lui désigne.

«Il est le vigneron, et moi je suis la vigne.
«Il viendra, comme il fit pour Job et pour Amos,
«Une serpe à la main, émonder mes rameaux,
«Et, gardant les féconds, coupera les stériles.

«Enseignez tendrement le peuple dans les villes,
«Souriez, n'ayez point entre vous de débats.

«Quand vous êtes parmi les tombes, parlez bas;
«Car au fond du sépulcre une oreille est ouverte;
«Ceux qu'on croit endormis sous la grande herbe verte,
«Ecoutent, et vos voix leur parlent dans les vents,
«Et sachez que c'est là la maison des vivants.

«Qui maudit doit trembler. Ne faites rien trop vite.
«Esdras, voyant l'enfant d'une femme maudite,
«Le prit et le jeta tout vivant dans la mer
«Par l'effet surprenant d'un zèle trop amer.
«Dieu l'a puni.

Marchez dans la route tracée.
«Aimez. N'enviez pas à d'autres leur pensée;
«Il faut se contenter des lumières qu'on a;
«L'un est plus sage et l'autre est plus doux; Dieu donna
«Plus de fruit au figuier, plus d'ombre au sycomore.
«Croyez.»

Il ajouta d'autres choses encore;
Puis soudain il dit, pâle et d'un frisson saisi:

- Allons! celui qui doit me vendre est près d'ici.

 

VII. COMMENCEMENT DE L'ANGOISSE


Alors il s'éloigna de près d'un jet de pierre,
Et se mit à genoux, et fit une prière.

Il resta longtemps seul et comme plein d'effroi.

Il disait: - «Ecartez ce calice de moi,
«Seigneur! S'il faut mourir pourtant, que la mort vienne!
«Que votre volonté soit faite, et non la mienne.»

Le reste dans le ciel ténébreux se perdit.

Les disciples dormaient. Christ revint, et leur dit:

- Quoi donc! vous n'avez pu même veiller une heure!

Il reprit:

- C'est ainsi qu'il convient que je meure.
Cela doit être, et nul au monde n'y peut rien.
Je suis venu pour être abandonné. C'est bien.
Il faut qu'on me rejette ainsi qu'un misérable.

On distinguait au loin le temple vénérable
Bâti par Salomon sur le mont Moria.

- Pardon pour tous! dit Christ. Mais Pierre s'écria:

- Si quelqu'un vous délaisse et vous quitte, ô mon maître,
Ce ne sera pas moi, car je suis votre prêtre.
Que le tombeau pour vous s'ouvre, j'y descendrai.

Jésus lui répondit, calme, tandis qu'André,
Jude et Thomas tournaient vers lui leurs têtes grises:

- Vous m'aurez renié, vous Pierre, à trois reprises
Que le coq n'aura pas encor chanté trois fois.

 

VIII. CHRIST VOIT CE QUI ARRIVERA


Il alla de nouveau prier au fond du bois.

Il songeait, et sa voix disait:

- Mon âme est triste
Jusqu'à la mort; et l'homme en moi tremble et résiste;
Je frémis comme Job, je crains comme Judith.

Puis il parla si bas que Dieu seul entendit.

Soudain il s'écria, pâle comme un prophète:

- Deuil, lamentation et douleur sur ta tête,
O Balaath qu'emplit un peuple querelleur!
Malheur, Corozaïm! Bethsaïde, malheur!
Parce que vous avez dédaigné mes oracles,
Parce que si j'avais fait les mêmes miracles,
Crié le même appel et le même pardon
Dans Ninive aux cent tours, dans Tyr et dans Sidon,
On aurait vu pleurer Ninive, et Tyr descendre
De son trône, et Sidon vêtir le sac de cendre!
C'est fini. Je vous vois désertes. Vous voilà
Muettes comme un lac dont toute l'eau coula.
Vos jardins ont l'odeur des charniers insalubres.
Tout croule. Vos palais sont devenus lugubres
Sous le passage obscur des châtiments divins;
Ce sont des pans de mur inutiles et vains;
Les mâchoires des morts ne sont pas plus terribles.
Malheur! on ne voit plus le grain sortir des cribles;
Plus de fille de joie assise sur son lit;
On n'entend plus cracher les passants; l'herbe emplit
Les sentiers que suivaient les mulets et les zèbres.
Le plein midi ne fait qu'augmenter vos ténèbres;
On a beau peindre en blanc le sépulcre, il est noir.
Le soleil est présent à votre désespoir;
Vos décombres sont pleins d'antres épouvantables.
O Moïse, ils ont fait une fêlure aux tables,
Ils ont brisé la loi; c'est bien, mourez. Assez!
Vous serez si tremblants, peuples, et si chassés
Que vous ferez sous terre une seconde ville.
Comme sous le pressoir on voit déborder l'huile,
Le sang en longs ruisseaux jaillit sous le talon
Des princes écrasant Ruben et Zabulon;
Isaachar et Lévi sont abolis.