On y parle d’un condamné à mort innocent. Il devait mourir aujourd’hui à une heure et il serait certainement mort si quelque chose ne lui avait pas sauvé la vie.

LE CONCIERGE. —

Ah, et qu’est-ce que ça a bien pu être ?

PREMIER JOURNALISTE. —

Eh bien, le bourreau qui devait l’exécuter a été pris d’un malaise, exactement à ce moment-là, et l’exécution a dû être remise à plus tard. Et, entre-temps, il s’est passé certaines choses.

LE CONCIERGE. —

Ah, et qu’est-ce qui s’est passé entretemps, comme ça ?

PREMIER JOURNALISTE. —

Vous voulez dire que vous n’êtes pas au courant ?

LE CONCIERGE. —

Non. Sans ça, je ne vous le demanderais pas.

PREMIER JOURNALISTE. —

Eh bien, on a soudain découvert que l’homme en question était en fait innocent.

LE CONCIERGE. —

Ah bon, et comment est-ce qu’on a découvert ça ?

SECOND JOURNALISTE. —

Le véritable auteur du crime en question s’est présenté au milieu de la journée chez le commissaire de police de la ville et a apporté les preuves de sa culpabilité. C’était juste après le moment où l’exécution devait avoir lieu, si tout s’était passé comme prévu. Mais naturellement, il ne savait pas, cet homme, qui d’ailleurs s’appelait Valter Sax...

LE CONCIERGE. —

Qui s’appelait ? Alors, il est mort ?

PREMIER JOURNALISTE. —

Oui, il s’est suicidé dans le bureau du commissaire juste après ses aveux. Donc, comme je vous le disais, il n’était pas au courant du report de l’exécution parce que, sinon, il aurait sans doute attendu un peu pour avouer.

LE CONCIERGE. —

Et pourquoi ça ? Il voulait que l’autre meure, l’innocent ?

SECOND JOURNALISTE. —

Oui, il le haïssait et il avait été l’amant de sa femme.

LE CONCIERGE. —

Ah, l’amour et la haine... Vous avez dit : il avait été l’amant de sa femme. Est-ce qu’elle est morte ?

PREMIER JOURNALISTE. —

Oui, c’est lui qui l’avait tuée, mais les soupçons s’étaient portés sur le mari. Et c’est le mari qui a été arrêté et condamné à mort.

LE CONCIERGE. —

Mais comment est-ce possible, puisqu’il était innocent ?

SECOND JOURNALISTE. —

Eh bien, personne ne le savait avant aujourd’hui.

LE CONCIERGE. —

C’est vrai, mais il ne l’a pas dit pendant son procès ?

PREMIER JOURNALISTE. —

Si, il l’a bien dit, au début, mais personne ne l’a cru. Ensuite il s’est incliné devant les preuves et il a tout avoué.

LE CONCIERGE. —

Mais enfin, pourquoi a-t-il avoué, puisqu’il était innocent ?

SECOND JOURNALISTE.