Mais Narcisse se dit que le baiser est impossible, – il ne faut pas désirer une image : un geste pour la posséder la déchire. Il est seul. – Que faire ? Contempler.

Grave et religieux il reprend sa calme attitude : il demeure – symbole qui grandit – et, penché sur l’apparence du Monde, sent vaguement en lui, résorbées, les générations humaines qui passent.

Ce traité n’est peut-être pas quelque chose de bien nécessaire. Quelques mythes d’abord suffisaient. Puis on a voulu expliquer ; orgueil de prêtre qui veut révéler les mystères, afin de se faire adorer, – ou bien vivace sympathie, et cet amour apostolique, qui fait que l’on dévoile et qu’on profane en les montrant, les plus secrets trésors du temple, parce qu’on souffre d’admirer seul et qu’on voudrait que d’autres adorent.

À propos de cette édition électronique

Texte libre de droits.

Corrections, édition, conversion informatique et publication par le groupe :

Ebooks libres et gratuits

http://fr.groups.yahoo.com/group/ebooksgratuits
 

Adresse du site web du groupe :
http://www.ebooksgratuits.com/

Février 2008

– Élaboration de ce livre électronique :

Les membres de Ebooks libres et gratuits qui ont participé à l’élaboration de ce livre, sont : Elisabeth, Jean-Marc, Sébastien, Coolmicro et Fred.

– Dispositions :

Les livres que nous mettons à votre disposition, sont des textes libres de droits, que vous pouvez utiliser librement, à une fin non commerciale et non professionnelle. Tout lien vers notre site est bienvenu…

– Qualité :

Les textes sont livrés tels quels sans garantie de leur intégrité parfaite par rapport à l'original. Nous rappelons que c'est un travail d'amateurs non rétribués et que nous essayons de promouvoir la culture littéraire avec de maigres moyens.

Votre aide est la bienvenue !

VOUS POUVEZ NOUS AIDER À FAIRE CONNAÎTRE CES CLASSIQUES LITTÉRAIRES.

{1} Les Vérités demeurent derrière les Formes — Symboles. Tout phénomène est le Symbole d'une Vérité. Son seul devoir est qu'il la manifeste. Son seul péché : qu'il se préfère.

Nous vivons pour manifester. Les règles de la morale et de l'esthétique sont les mêmes : toute œuvre qui ne manifeste pas est inutile et par cela même, mauvaise. Tout homme qui ne manifeste pas est inutile et mauvais. (En s'élevant un peu, l'on verrait pourtant que tous manifestent — mais on ne doit le reconnaître qu'après.)

Tout représentant de l'Idée tend à se préférer à l'Idée qu'il manifeste. Se préférer — voilà la faute. L'artiste, le savant, ne doit pas se préférer à la Vérité qu'il veut dire : voilà toute la morale ; ni le mot, ni la phrase, à l'Idée qu'ils veulent montrer : je dirais presque, que c'est là toute l'esthétique.

Et je ne prétends pas que cette théorie soit nouvelle ; les doctrines de renoncement ne prêchent pas autre chose.

La question morale pour l'artiste, n'est pas que l'Idée qu'il manifeste soit plus ou moins morale et utile au grand nombre ; la question est qu'il la manifeste bien. — Car tout doit être manifesté, même les plus funestes choses : « Malheur à celui par qui le scandale arrive », mais « Il faut que le scandale arrive ». — L'artiste et l'homme vraiment homme, qui vit pour quelque chose, doit avoir d'avance fait le sacrifice de soi-même. Toute sa vie n'est qu'un acheminement vers cela.

Et maintenant que manifester ? — On apprend cela dans le silence.

(Cette note a été écrite en 1890, en même temps que le traité.)

{2} A-t-on compris que j'appelle symbole — tout ce qui paraît ?

.