Le premier vrai roman
d'Alphonse Daudet fut Le Petit Chose écrit en 1868. Il s'agit du
roman autobiographique d'Alphonse dans la mesure où il évoque son
passé de maître d'étude au collège d'Alès (dans le Gard, au nord de
Nîmes). C'est en 1874 qu'Alphonse décida d'écrire des romans de
mœurs comme : Fromont jeune et Risler aîné mais aussi Jack (1876),
Le Nabab (1877) – dont Morny serait le "modèle" – les Rois en exil
(1879), Numa Roumestan (1881) ou L'Immortel (1883). Pendant ces
travaux de romancier et de dramaturge (il écrivit dix-sept pièces),
il n'oublia pas pour autant son travail de conteur : il écrivit en
1872 Tartarin de Tarascon, qui fut son personnage mythique. Les
contes du lundi (1873), un recueil de contes sur la guerre
franco-prussienne, témoignent aussi de son goût pour ce genre et
pour les récits merveilleux. Daudet subit les premières atteintes
d'une maladie incurable de la moelle épinière, le tabes dorsalis,
mais continue de publier jusqu'en 1895. Il décède le 16 décembre
1897 à Paris, à l'âge de 57 ans.
Disponible sur Feedbooks Daudet:
Lettres de mon
moulin (1869)
Les
Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon (1872)
Souvenirs d'un
homme de lettres (1888)
Fromont jeune et
Risler aîné (1874)
Le
Petit Chose (1868)
Tartarin sur les
Alpes - Nouveaux exploits du héros tarasconnais (1885)
Port-Tarascon -
Dernières aventures de l'illustre Tartarin (1890)
L'Évangéliste
(1892)
Wood'stown
(1873)
Sapho
(1884)
Note: This book is brought to
you by Feedbooks
http://www.feedbooks.com
Strictly for personal use, do not use this file for commercial
purposes.
À Mme Alphonse
Daudet
Tu as pour te rendre
amusée
Ma jeunesse en
papier icy…
Clément Marot, à sa
dame.
AUX PETITS ENFANTS.
Enfants d’un jour, ô nouveau-nés,
Petites bouches, petits nez,
Petites lèvres demi-closes,
Membres tremblants,
Si frais, si blancs,
Si roses !
Enfants d’un jour, ô nouveaux-nés,
Pour le bonheur que vous donnez,
À vous voir dormir dans vos langes,
Espoir des nids
Soyez bénis,
Chers anges !
Pour vos grands yeux effarouchés
Que sous vos draps blancs vous cachez.
Pour vos sourires, vos pleurs même,
Tout ce qu’en vous,
Êtres si doux,
On aime ;
Pour tout ce que vous gazouillez,
Soyez bénis, baisés, choyés,
Gais rossignols, blanches fauvettes ;
Que d’amoureux
Et que d’heureux
Vous faites !
Lorsque sur vos chauds oreillers,
En souriant vous sommeillez,
Près de vous, tout bas, ô merveille !
Une voix dit :
« Dors, beau petit ;
Je veille. »
C’est la voix de l’ange gardien ;
Dormez, dormez, ne craignez rien,
Rêvez, sous ses ailes de neige :
Le beau jaloux
Vous berce et vous
Protège.
Enfants d’un jour, ô nouveau-nés,
Au paradis, d’où vous venez,
Un léger fil d’or vous rattache.
À ce fil d’or
Tient l’âme encor
Sans tache.
Vous êtes à toute maison
Ce que la fleur est au gazon,
Ce qu’au ciel est l’étoile blanche,
Ce qu’un peu d’eau
Est au roseau
Qui penche.
Mais vous avez de plus encor
Ce que n’a pas l’étoile d’or,
Ce qui manque aux fleurs les plus
belles :
Malheur à nous !
Vous avez tous
Des ailes.
LE CROUP.
Alors Hérode envoya
tuer dans Bethléem
Et dans les pays
d’alentour les enfants de
Deux ans et
au-dessous.
Saint Matthieu,
III.
Dans son petit lit, sous le rayon pâle
D’un cierge qui tremble et qui va mourir,
L’enfant râle.
Quel est le bourreau qui le fait
souffrir ?
Quel boucher sinistre a pris à la gorge
Ce pauvre agnelet que rien ne
défend ?
Qui l’égorge ?
Qui sait égorger un petit enfant ?
Sombre nuit ! La chambre est froide. On
frissonne.
Dans l’âtre glacé fume un noir tison.
L’heure sonne.
Le vent de la mort court dans la maison.
Aux rideaux du lit la mère s’accroche.
Elle est nue. Elle est pâle. Elle défend
Qu’on l’approche :
Elle veut rester seule avec l’enfant.
Son fils ! Il faut voir comme elle lui
cause !
« Ami, ne meurs pas. Je te donnerai
« Quelque chose ;
« Ami, si tu meurs, moi je
pleurerai. »
Et pour empêcher que l’oiseau s’envole,
Elle lui promet du mouron plus frais…
Pauvre folle !
Comme si l’oiseau s’envolait exprès.
Le père est debout dans l’ombre. Il se
cache,
Il pleure. On l’entend dire en
étouffant :
« Ô le lâche
« Qui n’ose pas voir mourir son
enfant ! »
Dans un coin, l’aïeul accroupi par terre
Chante une gavotte, et quand on lui dit
De se taire,
Il répond : « Hé ! hé !
j’endors le petit. »
Le cierge s’éteint près du lit qui sombre…
Un râle de mort, un cri de douleur,
Et dans l’ombre
On entend quelqu’un fuir comme un voleur.
Qui va là ? Qui vient d’ouvrir cette
porte ?…
Courons ! C’est un spectre armé d’un
couteau,
Il emporte
Le petit enfant dans son grand manteau.
Oh ! je te connais, – ne cours pas si
vite,
Massacreur d’enfants ! Je t’ai
reconnu
Tout de suite
À ton manteau rouge, à ton couteau nu.
Hérode t’a fait ce legs effroyable.
Tu portes sa pourpre et son yatagan.
Vas au diable
Comme Hérode, spectre, assassin,
forban !
LA VIERGE À LA CRÈCHE.
Dans ses langes blancs, fraîchement
cousus,
La vierge berçait son enfant-Jésus.
Lui, gazouillait comme un nid de mésanges.
Elle le berçait, et chantait tout bas
Ce que nous chantons à nos petits anges…
Mais l’enfant-Jésus ne s’endormait pas.
Étonné, ravi de ce qu’il entend,
Il rit dans sa crèche, et s’en va chantant
Comme un saint lévite et comme un
choriste ;
Il bat la mesure avec ses deux bras,
Et la sainte vierge est triste, bien
triste,
De voir son Jésus qui ne s’endort pas.
« Doux Jésus, lui dit la mère en
tremblant,
« Dormez, mon agneau, mon bel agneau
blanc.
« Dormez ; il est tard, la lampe est
éteinte.
« Votre front est rouge et vos membres
las ;
« Dormez, mon amour, et dormez sans
crainte."
Mais l’enfant-Jésus ne s’endormait pas.
« Il fait froid, le vent souffle, point
de feu…
« Dormez ; c’est la nuit, la nuit du
bon dieu.
« C’est la nuit d’amour des chastes
épouses ;
« Vite, ami, cachons ces yeux sous nos
draps,
« Les étoiles d’or en seraient
jalouses. »
Mais l’enfant-Jésus ne s’endormait pas.
« Si quelques instants vous vous
endormiez,
« Les songes viendraient, en vol de
ramiers,
« Et feraient leurs nids sur vos deux
paupières,
« Ils viendront ; dormez, doux
Jésus. » Hélas !
Inutiles chants et vaines prières,
Le petit Jésus ne s’endormait pas.
Et marie alors, le regard voilé,
Pencha sur son fils un front désolé :
« Vous ne dormez pas, votre mère
pleure,
« Votre mère pleure, ô mon bel
ami… »
Des larmes coulaient de ses yeux ; sur
l’heure,
Le petit Jésus s’était endormi.
TROIS JOURS DE VENDANGES.
Je l’ai rencontrée un jour de vendange,
La jupe troussée et le pied mignon ;
Point de guimpe jaune et point de
chignon :
L’air d’une bacchante et les yeux d’un
ange.
Suspendue au bras d’un doux compagnon,
Je l’ai rencontrée aux champs d’Avignon,
Un jour de vendange.
* * *
Je l’ai rencontrée un jour de vendange.
La plaine était morne et le ciel
brûlant ;
Elle marchait seule et d’un pas tremblant,
Son regard brillait d’une flamme étrange.
Je frisonne encore en me rappelant
Comme je te vis, cher fantôme blanc,
Un jour de vendange.
* * *
Je l’ai rencontrée un jour de vendange,
Et j’en rêve encore presque tous les
jours.
………
Le cercueil était couvert en velours,
Le drap noir avait une double frange.
Les sœurs d’Avignon pleuraient tout
autour…
La vigne avait trop de raisins ;
l’amour
A fait la vendange.
À CÉLIMÈNE.
Je ne vous aime pas, ô blonde célimène,
Et si vous l’avez cru quelque temps,
apprenez
Que nous ne sommes point de ces gens que l’on
mène
Avec une lisière et par le bout du
nez ;
Je ne vous aime pas…depuis une semaine,
Et je ne sais pourquoi vous vous en
étonnez.
Je ne vous aime pas ; vous êtes trop
coquette,
Et vos moindres faveurs sont de mauvais
aloi ;
Par le droit des yeux noirs, par le droit de
conquête,
Il vous faut des amants. (On ne sait trop
pourquoi.)
Vous jouez du regard comme d’une
raquette ;
Vous en jouez, méchante…et jamais avec
moi.
Je ne vous aime pas, et vous aurez beau
faire,
Non, madame, jamais je ne vous aimerai.
Vous me plaisez beaucoup ; certes, je
vous préfère
À Dorine, à Clarisse, à Lisette, c’est
vrai.
Pourtant l’amour n’a rien à voir dans cette
affaire,
Et quand il vous plaira, je vous le
prouverai.
J’aurais pu vous aimer ; mais, ne vous en
déplaise,
Chez moi le sentiment ne tient que par un
fil…
Avouons-le, pourtant, quelque chose me
pèse :
En ne vous aimant pas, comment donc se
fait-il
Que je sois aussi gauche, aussi mal à mon
aise
Quand vous me regardez de face ou de
profil ?
Je ne vous aime pas, je n’aime rien au
monde ;
Je suis de fer, je suis de roc, je suis
d’airain.
Shakespeare a dit de vous :
« Perfide comme l’onde » ;
Mais moi je n’ai pas peur, car j’ai le pied
marin.
Pourtant quand vous parlez, ô ma sirène
blonde,
Quand vous parlez, mon cœur bat comme un
tambourin.
Je ne vous aime pas, c’est dit, je vous
déteste,
Je vous crains comme on craint l’enfer, de
peur du feu ;
Comme on craint le typhus, le choléra, la
peste,
Je vous hais à la mort, madame ; mais,
mon dieu !
Expliquez-moi pourquoi je pleure, quand je
reste
Deux jours sans vous parler et sans vous voir
un peu.
FANFARONNADE.
Je n’ai plus ni foi ni croyance !
Il n’est pas de fruit défendu
Que ma dent n’ait un peu mordu
Sur le vieil arbre de science :
Je n’ai plus ni foi ni croyance.
Mon cœur est vieux ; il a mûri
Dans la pensée et dans l’étude ;
Il n’est pas de vieille habitude
Dont je ne l’aie enfin guéri.
Mon cœur est vieux, il a mûri.
Les grands sentiments me font rire ;
Mais, comme c’est très bien porté,
J’en ai quelques uns de côté
Pour les jours où je veux écrire
Des vers de sentiment…pour rire.
Quand un ami me saute au cou,
Je porte la main à ma poche ;
Si c’est mon parent le plus proche,
J’ai toujours peur d’un mauvais coup,
Quand ce parent me saute au cou.
Veut-on savoir ce que je pense
De l’amour chaste et du devoir ?
Pour le premier…allez-y voir ;
Quant à l’autre, je me dispense
De vous dire ce que je pense
C’est moi qui me suis interdit
Toute croyance par système,
Et, voyez, je ne crois pas même
Un seul mot de ce que j’ai dit.
LES CERISIERS.
Vous souvient-il un peu de ce que vous
disiez,
Mignonne, au temps des cerisiers ?
Ce qui tombait du bout de votre lèvre
rose,
Ce que vous chantiez, ô mon doux bengali,
Vous l’avez oublié, c’était si peu de
chose,
Et pourtant, c’était bien joli…
Mais moi je me souviens (et n’en soyez pas
surprise),
Je me souviens pour vous de ce que vous
disiez.
Vous disiez (à quoi bon rougir ?)…donc
vous disiez…
Que vous aimiez fort la cerise,
La cerise et les cerisiers.
Vous souvient-il un peu de ce que vous
faisiez,
Mignonne, au temps des cerisiers ?
Plus grands sont les amours, plus courte est
la mémoire
Vous l’avez oublié, nous en sommes tous
là ;
Le cœur le plus aimant n’est qu’une vaste
armoire.
On fait deux tours, et puis voilà.
Mais moi je me souviens (et n’en soyez
surprise),
Je me souviens pour vous de ce que vous
faisiez…
Vous faisiez (à quoi bon rougir ?)…donc
vous faisiez…
Des boucles d’oreille en cerise,
En cerise de cerisiers.
Vous souvient-il d’un soir où vous vous
reposiez,
Mignonne, sous les cerisiers ?
Seule dans ton repos ! Seule, ô femme, ô
nature !
De l’ombre, du silence, et toi…quel
souvenir !
Vous l’avez oublié, maudite créature,
Moi je ne puis y parvenir.
Voyez, je me souviens (et n’en soyez
surprise),
Je me souviens du soir où vous vous
reposiez…
Vous reposiez (pourquoi rougir ?)…vous
reposiez…
Je vous pris pour une cerise ;
C’était la faute aux cerisiers.
LE 1er MAI 1857. MORT D’ALFRED DE
MUSSET.
Nature de rêveur, tempérament d’artiste,
Il est resté toujours triste, horriblement
triste.
Sans savoir ce qu’il veut, sans savoir ce
qu’il a,
Il pleure ; pour un rien, pour ceci, pour
cela.
Aujourd’hui c’est le temps, demain c’est une
mouche,
Un rossignol qui fausse, un papillon qui
louche…
Son corps est un roseau, son âme est une
fleur,
Mais un roseau sans moelle, une fleur sans
calice ;
Il est triste sans cause, il souffre sans
douleur,
Il faudra qu’il en meure, et qu’on
l’ensevelisse
Avec sa nostalgie au flanc, comme un
cilice.
Ne creusez pas son mal ; ne lui demandez
rien,
Vous qui ne portez pas un cœur comme le
sien.
Ne lui demandez rien, ô vous qu’il a
choisies
Dans le ciel de son rêve et de ses
fantaisies ;
C’est un petit enfant, prenez-le dans vos
bras,
Dites-lui. « Mon amour, fais comme tu
voudras,
« Ton mal est un secret, je ne veux pas
l’apprendre. »
Souffrez de sa blessure, en essuyant ses
yeux ;
Souffrez de sa douleur sans jamais la
comprendre,
Car vous ne savez pas comme on guérit les
dieux,
Car vous l’aimeriez moins en le connaissant
mieux.
Parfois, rayon dans l’ombre et perle dans la
brume,
Son visage s’étoile et son regard
s’allume ;
On dirait qu’il attend quelqu’un qui ne vient
pas.
Mais ce n’est jamais toi qu’il cherche entre
tes bras,
Ninette ; – ce qu’il veut, il n’en sait
rien lui-même.
Dans tout ce qu’il espère et dans tout ce
qu’il aime,
Il voit un vide immense et s’use à le
combler,
Jusqu’au jour où, sentant que son âme est
atteinte,
Sentant son âme atteinte et son mal
redoubler
Il soit las de souffler sur une flamme
éteinte…
Et meure de dégoût, de tristesse… et
d’absinthe !
LA RÊVEUSE.
Elle rêve, la jeune femme !
L’œil alangui, les bras pendants,
Elle rêve, elle entend son âme,
Son âme qui chante au dedans.
Tout l’orchestre de ses vingt ans,
Clavier d’or aux notes de flamme,
Lui dit une joyeuse gamme
Sur la clef d’amour du printemps…
La rêveuse leva la tête,
Puis la penchant sur son poète,
S’en fut, lui murmurant tout bas :
« Ami, je rêve ; ami, je
pleure ;
« Ami, je songe que c’est l’heure…
« Et que mon coiffeur ne vient
pas. »
LES BOTTINES.
…Ce
bruit charmant des talons qui
résonnent sur le parquet : clic ! clac ! est
le
plus joli thème pour un rondeau.
GŒTHE, Wilhelm Meister.
Moitié chevreau, moitié satin,
Quand elles courent par la chambre,
Clic ! clac !
Il faut voir de quel air mutin
Leur fine semelle se cambre.
Clic ! Clac !
Sous de minces boucles d’argent,
Toujours trottant, jamais oisives,
Clic ! clac !
Elles ont l’air intelligent
De deux petites souris vives.
Clic ! clac !
Elles ont le marcher d’un roi,
Les élégances d’un Clitandre,
Clic ! clac !
Par là-dessus, je ne sais quoi
De fou, de railleur et de tendre.
Clic ! clac !
En hiver au coin d’un bon feu,
Quand le sarment pétille et flambe,
Clic ! clac !
Elles aiment à rire un peu,
En laissant voir un bout de jambe.
Clic ! clac !
Mais quoique assez lestes, – au fond,
Elles ne sont pas libertines,
Clic ! clac !
Et ne feraient pas ce que font
La plupart des autres bottines.
Clic ! clac !
Jamais on ne nous trouvera,
Dansant des polkas buissonnières,
Clic ! clac !
Au bal masqué de l’Opéra,
Ou dans le casion d’Asnières.
Clic ! clac !
C’est tout au plus si nous allons,
Deux fois par mois, avec décence,
Clic ! clac !
Nous trémousser dans les salons
Des bottines de connaissance.
Clic ! clac !
Puis quand nous avons bien trotté,
Le soir nous faisons nos prières,
Clic ! clac !
Avec toute la gravité
De deux petites sœurs tourières.
Clic ! clac !
Maintenant, dire où j’ai connu
Ces merveilles de miniature,
Clic ! clac !
Le premier chroniqueur venu
Vous en contera l’aventure.
Clic ! clac !
Je vous avouerai cependant
Que souventes fois il m’arrive,
Clic ! clac !
De verser, en les regardant,
Une grosse larme furtive.
Clic ! clac !
Je songe que tout doit finir,
Même un poème d’humoriste,
Clic ! clac !
Et qu’un jour prochain peut venir
Où je serai bien seul, bien triste,
Clic ! clac !
Lorsque, – pour une fois,
Mes oiseaux prenant leur volée,
Clic ! clac !
De loin, sur l’escalier de bois,
J’entendrai, l’âme désolée :
Clic ! clac !
À CLAIRETTE.
Croyez-moi, mignonne, avec l’amourette
Que nous gaspillons à deux, chaque jour
(Ne vous moquez pas trop de moi,
Clairette),
On pourrait encore faire un peu d’amour.
On fait de l’amour avec l’amourette.
Qui sait ? connaissons un peu mieux nos
cœurs.
Qui sait ? cherchons bien…pardon, je
m’arrête ;
Vous avez la bouche et l’œil trop moqueurs
(Ne vous moquez pas trop de moi,
Clairette) :
Qui sait ? connaissons un peu mieux nos
cœurs.
Voyons, si j’avais dans quelque retraite
Le nid que je rêve et que j’ai cherché,
(Ne vous moquez pas trop de moi,
Clairette),
On aime bien mieux quand on est caché.
Si j’avais un nid dans quelque
retraite !
Un nid ! des vallons bien creux, bien
perdus.
Plus de falbalas, plus de cigarette ;
Champagne et mâcon seraient défendus,
(Ne vous moquez pas trop de moi,
Clairette)…
Un nid, des vallons bien creux, bien
perdus.
Quel bonheur de vivre en anachorète,
Des fleurs et vos yeux pour tout horizon,
(Ne vous moquez pas trop de moi,
Clairette) !
Par le dieu Plutus, j’ai quelque raison
Pour désirer vivre en anachorète.
Eh bien ! cher amour, la nature est
prête,
Le nid vous attend… Comment ! vous
riez ?
(Ne vous moquez pas trop de moi,
Clairette),
C’était pour savoir ce que vous diriez.
MISERERE DE L’AMOUR.
Miserere !
Encore une fois, ma colombe,
O mon beau trésor adoré,
Viens t’agenouiller sur la tombe
Où notre amour est enterré.
Miserere !
Il est là dans sa robe blanche ;
Qu’il est chaste et qu’il est joli !
Il dort, ce cher enseveli,
Et comme un fruit mûr sur la branche,
Son jeune front, son front pâli
Incline à terre, et penche, penche…
Miserere !
Regarde-le bien, ma colombe,
O mon beau trésor adoré,
Il est là couché dans la tombe,
Comme nous l’avons enterré,
Miserere !
Depuis les pieds jusqu’à la tête,
Sans regret, comme sans remord,
Nous l’avions fait beau pour la mort.
Ce fut sa dernière toilette ;
Nous ne pleurâmes pas bien fort,
Vous étiez femme et moi poète.
Miserere !
Les temps ont changé, ma colombe,
O mon beau trésor adoré,
Nous venons pleurer sur sa tombe,
Maintenant qu’il est enterré.
Miserere !
Il est mort, la dernière automne ;
C’est au printemps qu’il était né.
Les médecins l’ont condamné
Comme trop pur, trop monotone :
Mon cœur leur avait pardonné…
Je ne sais plus s’il leur pardonne.
Miserere !
Ah ! je le crains bien, ma colombe,
O mon beau trésor adoré,
Trop tôt nous avons fait sa tombe,
Trop tôt nous l’avons enterré.
Miserere !
Il est des graines de rechange
Pour tout amoureux chapelet.
Nous pourrions, encor, s’il voulait,
Le ressusciter, ce cher ange.
Mais non ! il est là comme il
est ;
Je ne veux pas qu’on le dérange.
Miserere !
Par pitié, fermez cette tombe ;
Jamais je n’avais tant pleuré !
Oh ! dites pourquoi, ma colombe,
L’avons-nous si bien enterré ?
Miserere !
AUTRE AMOUREUSE.
Lorsque je vivais loin de vous,
Toujours triste, toujours en larmes,
Pour mon cœur malade et jaloux
Le sommeil seul avait des charmes.
Maintenant que tu m’appartiens
Et que mon cœur a sa pâture,
– Il ne m’est plus qu’une torture,
Le sommeil cher aux jours anciens.
Lorsque je dormais loin de vous,
Dans un rêve toujours le même,
Je vous voyais à mes genoux
Me dire chaque nuit : « Je
t’aime ! »
Maintenant que tu m’appartiens,
Dans les bras chaque nuit je rêve
Que tu pars, qu’un méchant t’enlève
Et que je meurs quand tu reviens.
LES PRUNES.
Si vous voulez savoir comment
Nous nous aimâmes pour des prunes,
Je vous le dirai doucement,
Si vous voulez savoir comment.
L’amour vient toujours en dormant,
Chez les bruns comme chez les
brunes ;
En quelques mots voici comment
Nous nous aimâmes pour des prunes.
Mon oncle avait un grand verger
Et moi j’avais une cousine ;
Nous nous aimions sans y songer,
Mon oncle avait un grand verger.
Les oiseaux venaient y manger,
Le printemps faisait leur cuisine ;
Mon oncle avait un grand verger
Et moi j’avais une cousine.
Un matin nous nous promenions
Dans le verger, avec Mariette :
Tout gentils, tout frais, tout mignons,
Un matin nous nous promenions.
Les cigales et les grillons
Nous fredonnaient une ariette :
Un matin nous nous promenions
Dans le verger avec Mariette.
De tous côtés, d’ici, de là,
Les oiseaux chantaient dans les branches,
En si bémol, en ut, en la,
De tous côtés, d’ici, de là.
Les prés en habit de gala
Étaient pleins de fleurettes blanches.
De tous côtés, d’ici, de là,
Les oiseaux chantaient dans les branches.
Fraîche sous son petit bonnet,
Belle à ravir, et point coquette,
Ma cousine se démenait,
Fraîche sous son petit bonnet.
Elle sautait, allait, venait,
Comme un volant sur la raquette :
Fraîche sous son petit bonnet,
Belle â ravir et point coquette.
Arrivée au fond du verger,
Ma cousine lorgne les prunes ;
Et la gourmande en veut manger,
Arrivée au fond du verger.
L’arbre est bas ; sans se déranger
Elle en fait tomber quelques-unes :
Arrivée au fond du verger,
Ma cousine lorgne les prunes.
Elle en prend une, elle la mord,
Et, me l’offrant :
« Tiens !… » me dit-elle.
Mon pauvre cœur battait bien fort !
Elle en prend une, elle la mord.
Ses petites dents sur le bord
Avaient fait des points de dentelle…
Elle en prend une, elle la mord,
Et, me l’offrant :
« Tiens !… » me dit-elle.
Ce fut tout, mais ce fut assez ;
Ce seul fruit disait bien des choses
(Si j’avais su ce que je sais !…)
Ce fut tout, mais ce fut assez.
Je mordis, comme vous pensez,
Sur la trace des lèvres roses :
Ce fut tout, mais ce fut assez ;
Ce seul fruit disait bien des choses.
À MES LECTRICES.
Oui, mesdames, voilà comment
Nous nous aimâmes pour des prunes :
N’allez pas l’entendre autrement ;
Oui, mesdames, voilà comment.
Si parmi vous, pourtant, d’aucunes
Le comprenaient différemment,
Ma foi, tant pis ! voilà comment
Nous nous aimâmes pour des prunes.
L’OISEAU BLEU.
J’ai dans mon cœur un oiseau bleu,
Une charmante créature,
Si mignonne que sa ceinture
N’a pas l’épaisseur d’un cheveu
Il lui faut du sang pour pâture.
Bien longtemps, je me fis un jeu
De lui donner sa nourriture :
Les petits oiseaux mangent peu.
Mais, sans en rien laisser paraître,
Dans mon cœur il a fait, le traître,
Un trou large comme la main,
Et son bec, fin comme une lame,
En continuant son chemin,
M’est entré jusqu’au fond de l’âme !…
LE ROUGE-GORGE.
Un soir que je rêvais dans ma chambre,
déserte
Depuis sa mort,
Un oisillon s’en vint de la fenêtre
ouverte
Raser le bord.
Il s’en vint, secouant du bec sa robe
grise ;
Et sans effroi,
Sans façon, je le vis, à ma grande
surprise,
Entrer chez moi.
C’était un rouge-gorge, un charmant
rouge-gorge !
Comme à foison,
Le froid, ce vieux brigand des forêts, en
égorge
Chaque saison.
« Tu viens mal à propos, lui dis-je, mais
n’importe,
Cher étranger,
Je souffre trop pour voir souffrir. Tiens, je
t’apporte
De quoi manger.
« Aimes-tu le maïs ?…Non.
Préfères-tu l’orge
Ou bien le mil ?
Que peut-on vous servir, monsieur le
rouge-gorge,
Que vous faut-il ? »
Mais lui, de tous côtés promenant son bec
rose
D’un air coquet,
Souriait sans répondre et cherchait quelque
chose
Qui lui manquait :
Puis, comme il me trouvait par trop
mélancolique,
Le polisson
Se mit à fredonner un morceau de musique
De sa façon.
Je me levais pour mettre un terme à ce
scandale
En le chassant,
Quand le frisson de mort qui régnait dans la
salle
L’envahissant,
L’oiseau tourna vers moi sa mine
effarouchée,
Et l’animal
Me regarda d’un air de tristesse fâchée,
Qui me fit mal.
« Oh ! ne te moque pas de moi !
semblaient me dire
Ses yeux en pleurs ;
N’est-ce pas que tu mens, et que tu voulais
rire
De mes douleurs ?
« Non elle n’est pas morte ! ou,
toi, tu n’es qu’un lâche
De la savoir
Et d’y survivre !…Non ! elle est
là…qui se cache,
Je veux la voir. »
Et pour mieux s’assurer qu’elle n’était pas
morte,
Il s’en alla
Fouiller sous la toilette et derrière la
porte,
Deçà, delà,
Derrière les rideaux du lit, dans la
ruelle,
Sous l’édredon…
Il criait, il pleurait : « Ah !
méchante, ah ! cruelle,
Réponds-moi donc !… »
Il grimpait sur le lit, fripant la
couverture
Et l’oreiller.
Enfin, pris d’un vertige étrange, de
nature
A m’effrayer,
Il se mit à voler les ailes étendues,
L’œil effaré,
Cognant son front, poussant des plaintes
éperdues,
Désespéré.
Quand il eut fait deux fois le tour de notre
chambre,
L’étrange oiseau
S’arrêta : je le vis trembler de chaque
membre,
Comme un roseau,
Chercher de tous côtés un lieu de
préférence
Pour s’y coucher ;
Se laisser choir, avec un grand air de
souffrance,
Sur le plancher ;
Et là, dardant sur moi le feu de ses
prunelles
D’un jaune d’or,
Pousser des petits cris plaintifs, battre des
ailes,
Et rester mort !
NATURE IMPASSIBLE.
Lorsque l’homme pleura sa première
chimère,
Moins impassible qu’aujourd’hui,
La nature sentit frémir ses flancs de mère
Et voulut pleurer avec lui.
Tout s’assombrit. Les cieux n’eurent plus une
étoile,
La terre n’eut plus une fleur.
Le soleil se cloîtra, la lune prit le
voile,
Et la forêt tordit ses branches, de
douleur.
Les couchants lumineux, les aubes
éclatantes
S’éteignirent en un clin d’œil.
Les brumes de l’hiver déployèrent leurs
tentes,
Les plaines prirent le grand deuil.
Le lac mouilla ses bords de son flot le plus
triste ;
Dans la Notre-Dame des Bois
Les oiseaux et le vent, les clercs et
l’organiste
Chantèrent en mineur pour la première
fois.
La douleur arrachait des larmes aux abîmes
Et des cris de rage aux volcans.
Les ravins éplorés eurent des mots
sublimes,
Les rochers furent éloquents.
« Nous voulons notre part de la
souffrance humaine »,
Sanglotaient les vieux antres sourds…
L’homme oublia son mal au bout d’une
semaine ;
Après quatre mille ans, eux sanglotaient
toujours.
Quand la mère au grand cœur fut enfin
consolée,
Presque honteuse de ses pleurs,
Vite elle rajusta les plis de sa vallée
Et mit son chaperon de fleurs.
Puis elle se dressa belle de tous ses
charmes,
Poussant du vert à pleins talus ;
Mais sachant désormais ce que valent nos
larmes,
Elle nous dit : « C’est bien !
vous ne m’y prendrez plus. »
Pour moi, si les douleurs chères aux grandes
âmes
Viennent m’assaillir quelque jour,
Si jamais je m’éprends dans le troupeau des
femmes
Trop belles pour aimer l’amour ;
Ou si, voyant mourir quelque chose qui
m’aime,
Vivant, je souffre mille morts,
O nature ! tu peux rester toujours la
même,
Je me passerai bien des pitiés du dehors.
Les plateaux de colzas, les blés, les plaines
d’orge
Pourront impunément fleurir ;
Je ne leur mettrai pas ma douleur sur la
gorge,
Non ! je serai seul à souffrir.
Terre, tu souriras ; bois, vous ferez
comme elle.
Vous, les lacs, vous resplendirez,
Et vous chanterez tous sans craindre que je
mêle
Un blasphème ou des pleurs à vos concerts
sacrés.
DERNIÈRE AMOUREUSE.
A l’heure d’amour, l’autre soir,
La Mort près de moi vint s’asseoir ;
S’asseoir, près de moi, sur ma couche.
En silence, elle s’accouda.
Sur mes yeux clos elle darda
Son grand œil noir, lascif et
louche ;
Puis, comme l’amante à l’amant,
Elle mit amoureusement
Sa bouche sur ma bouche !
« Viens, dit le spectre en
m’enlaçant,
« Viens sur mon cœur, viens dans mon
sang
« Savourer de longues délices.
« Viens ; la couche, ô mon
bien-aimé !
« A son oreiller parfumé,
« Ses draps chauds comme des
pelisses.
« Nous nous chérirons nuit et
jour :
« Nos âmes sont deux fleurs d’amour,
« Nos lèvres deux calices. »
Je crus, sur mon front endormi,
Sentir passer un souffle ami
D’une saveur déjà connue.
J’eus un rêve délicieux.
Je lui dis, sans ouvrir les yeux :
« Chère, vous voilà revenue !
« Vous voilà ! mon cœur
rajeunit.
« Fauvette, qui revient au nid,
« Sois-y la bienvenue.
« Sans remords comme sans pitié,
« Méchante, on m’avait oublié ;
« Allons, venez, Mademoiselle.
« Je consens à vous pardonner,
« Mais avant, je veux enchaîner
« Ma folle petite gazelle. »
Et, comme je lui tends les bras,
Le spectre me répond tout bas :
« C’est moi…ce n’est pas elle… »
« – C’est ti, la Mort ! eh
bien ! tant mieux.
« Mon âme est veuve ; mon cœur
vieux,
« J’avais besoin d’une maîtresse.
« Une tombe est un rendez-vous
« Comme un autre ;
prélassons-nous
« Dans une éternelle
caresse ! »
Je l’embrasse ; elle se défend,
Recule et me dit : « Cher
enfant,
« Attends, rien ne nous
presse !…
« Gardons-nous pour des temps
meilleurs ;
« Mais aujourd’hui, je cherche
ailleurs
« Des amoureux en hécatombe.
« Ailleurs, je vais me reposer
« Et couper en deux le baiser
« D’un ramier et de sa colombe !
« Sois heureux, tu me reverras ;
« Sois amoureux, et tu seras
« Mûr pour la tombe ! »
FIN.
À propos de cette édition
électronique
Texte libre de droits.
Corrections, édition, conversion informatique et publication par le
groupe :
Ebooks libres et gratuits
http://fr.groups.yahoo.com/group/ebooksgratuits
Adresse du site web du groupe :
http://www.ebooksgratuits.com/
—
Novembre 2005
—
– Élaboration de ce livre
électronique :
Les membres de Ebooks
libres et gratuits qui ont participé à l’élaboration de ce
livre, sont : Marguerite, Céline, Coolmicro et
Fred.
–
Dispositions :
Les livres que nous mettons à
votre disposition, sont des textes libres de droits, que vous
pouvez utiliser librement, à une fin non commerciale et non
professionnelle. Tout lien vers notre site est
bienvenu…
–
Qualité :
Les textes sont livrés tels
quels sans garantie de leur intégrité parfaite par rapport à
l'original. Nous rappelons que c'est un travail d'amateurs non
rétribués et que nous essayons de promouvoir la culture littéraire
avec de maigres moyens.
Votre aide est la bienvenue !
VOUS POUVEZ NOUS AIDER À FAIRE CONNAÎTRE CES CLASSIQUES
LITTÉRAIRES.
Vous avez aimé ce livre ?
Nos utilisateurs ont aussi téléchargés
Charles Dickens
David
Copperfield - Tome II
La vie de David Copperfield est sans histoire jusqu'au jour où
sa mère se remarie. Maltraité par son beau-père, envoyé en pension,
David commence une lente descente aux enfers. Travaillant à Londres
pour survivre, il n'a plus qu'une idée en tête: s'enfuir et
retrouver le bonheur perdu... Mais il ne peux compter que sur lui
et la providence pour s'en sortir...
Alphonse Daudet
Souvenirs d'un
homme de lettres
Alphonse Daudet évoque, sur un ton parfois passionné, la genèse
de deux de ses oeuvres (Numa Roumestan, Les Rois en exil), ses
rencontres avec les écrivains (Edmond de Goncourt), les hommes
politiques (Gambetta) et les acteurs et actrices (Déjazet)
marquants de son époque, le siège de Paris pendant la guerre de
1870 et la Commune.
Alphonse Daudet
Sapho
Alphonse Daudet
Le Bon
Dieu de Chemillé qui n'est ni pour ni contre
Légende de Touraine
Alphonse Daudet
Le
Singe
Alphonse Daudet
Le
Petit Chose
'Le Petit Chose' paraît en feuilleton en 1867. Daudet s'inspire
des souvenirs d'une jeunesse douloureuse : humiliations à l'école,
mépris pour le petit provençal, expérience de répétiteur au collège
et enfin coup de foudre pour une belle jeune femme. L'écrivain
manifeste une tendresse, une pitié et un respect remarquables à
l'égard des malchanceux et des déshérités de la vie.
Alphonse Daudet
Le
Père Achille
Alphonse Daudet
Lettres de mon
moulin
Ces nouvelles illustrent le vrai fantastique, celui du
quotidien, de la poésie. Indispensables.
Alphonse Daudet
L'Évangéliste
Ce roman a souvent été considéré comme le premier, en France,
consacré à la religion protestante, depuis le XVIIe siècle. Mme
Hautmann, épouse d'un banquier, se préoccupe d'évangéliser les
milieux difficiles. Après avoir formé des jeunes filles au niveau
des institutrices, elle les envoie comme évangélistes dans ces
endroits difficiles. Le matin, elles apprennent à lire et à écrire.
Le soir, elles organisent des séances d'évangélisation et prêchent.
Mme Hautmann est une personne assez fanatique, dénuée de
sensibilité et dominatrice. Un vieux pasteur va s'opposer à
elle...
Alphonse Daudet
Wood'stown
Conte fantastique.

www.feedbooks.com
Food for the mind
.
1 comment