Pas de grâce pour vous qui, après avoir refusé mon enfant à ma tendresse, venez de causer sa mort par vos fourberies sacrilèges!... Malédiction sur vous... vous... mon mauvais génie et celui de ma race!...

—Ô mon Dieu!... il est sans pitié! Laissez-moi!... laissez-moi!

—Vous m'entendrez... vous dis-je!... Vous souvenez-vous du dernier jour... où je vous ai vue... il y a dix-sept ans de cela vous ne pouviez plus cacher les suites de notre secrète union, que, comme vous, je croyais indissoluble... Je connaissais le caractère inflexible de mon père... je savais quel mariage politique il projetait pour moi... Bravant son indignation, je lui déclarai que vous étiez ma femme devant Dieu et devant les hommes... que dans peu de temps vous mettriez au monde un enfant, fruit de notre amour... La colère de mon père fut terrible... il ne voulait pas croire à mon mariage... tant d'audace lui semblait impossible... il me menaça de son courroux si je me permettais de lui parler encore d'une semblable folie... Alors je vous aimais comme un insensé... dupe de vos séductions... je croyais que votre cœur d'airain avait battu pour moi... Je répondis à mon père que jamais je n'aurais d'autre femme que vous... À ces mots, son emportement n'eut plus de bornes; il vous prodigua les noms les plus outrageants, s'écria que notre mariage était nul; que, pour vous punir de votre audace, il vous ferait attacher au pilori de la ville... Cédant à une folle passion... à la violence de mon caractère... j'osai défendre à mon père, à mon souverain... de parler ainsi de ma femme... j'osai le menacer. Exaspéré par cette insulte, mon père leva la main sur moi; la rage m'aveugla... je tirai mon épée...