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Ce fut un jour, pareil à ce beau jour,
Que pour tout perdre incendiait l’amour.
Il faut nous restreindre, et réserver des citations d’un autre ordre.
Et, avant de passer à l’examen de sublimités plus sévères, s’il est permis d’ainsi parler d’une partie de l’œuvre de cette adorablement douce femme, laissez-nous, les larmes littéralement aux yeux, vous réciter de la plume ceci :
RENONCEMENT
Pardonnez-moi, Seigneur, mon visage attristé...
Mais, sous le front joyeux, vous aviez mis les larmes :
Et de vos dons, Seigneur, ce don seul m’est resté.
C’est le moins envié ; c’est le meilleur, peut-être.
Je n’ai plus à mourir à mes liens de fleurs.
Ils vous sont tous rendus, cher auteur de mon être,
Et je n’ai plus à moi que le sel de mes pleurs...
Les fleurs sont pour l’enfant, le sel est pour la femme :
Faites-en l’innocence et trempez-y mes jours.
Seigneur, quand tout ce sel aura lavé mon âme,
Vous me rendrez un cœur pour vous aimer toujours.
Tous mes étonnements sont finis sur la terre,
Tous mes adieux sont faits, l’âme est prête à jaillir
Pour atteindre à ses fruits protégés de mystère
Que la pudique mort a seule osé cueillir.
O Sauveur ! Soyez tendre au moins à d’autres mères
Par amour pour la nôtre et par pitié pour nous.
Baptisez leurs enfants de nos larmes amères
Et relevez les miens tombés à vos genoux.
Comme cette tristesse surpasse celle d’Olympio et d’à Olympio, quelque beaux (le dernier surtout) que soient ces deux poèmes orgueilleux ! Mais, rares lecteurs, pardonnez-nous, sur le seuil d’autres sanctuaires de cette église aux cent chapelles, l’œuvre de Marceline Desbordes-Valmore, — de chanter avec vous après nous :
Que mon nom ne soit rien qu’une ombre douce et vaine,
Qu’il ne cause jamais ni l’effroi ni la peine,
Qu’un indigent l’emporte après m’avoir parlé
Et le garde longtemps dans son cœur consolé !
Vous nous avez pardonné ?
Et maintenant, passons à la mère, à la fille, à la jeune fille, à l’inquiète, mais si sincère chrétienne, que fut le poète Marceline Desbordes-Valmore.
Nous avons dit que nous essaierions de parler du poète sous tous ses aspects.
Procédons par ordre, et, nous sommes sûr que vous en serez content, par le plus d’exemples possibles. Aussi voici d’abusivement longs spécimens d’abord de la jeune fille romantique dès 1820 et d’un Parny mieux, dans une forme à peine différente, tout en demeurant singulièrement originale.
L’INQUIÉTUDE
Qu’est-ce donc qui me trouble ? Et qu’est-ce qui m’attend ?
Je suis triste à la ville et m’ennuie au village ;
Les plaisir de mon âge
Ne peuvent me sauver de la longueur du temps
Autrefois l’amitié, les charmes de l’étude
Remplissaient sans effort mes paisibles loisirs.
Oh ! quel est donc l’objet de mes vagues désirs ?
Je l’ignore et le cherche avec inquiétude.
Si, pour moi, le bonheur n’était pas la gaîté,
Je ne le trouve plus dans la mélancolie ;
Mais si je crains les pleurs autant que la folie,
Où trouver la félicité ?
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Elle s’adresse ensuite à sa « Raison », l’adjurant et l’abjurant ensemble, si gentiment ! Du reste nous admirons pour notre part ce monologue à la Corneille qui serait plus tendre que du Racine mais digne et fier comme le style des deux grands poètes avec un tout autre tour.
Entre mille gentillesses un peu mièvres, jamais fades et toujours étonnantes, nous vous prions d’admettre dans cette rapide promenade quelques vers, isolés exprès pour vous tenter vers l’ensemble :
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