Le culte du moi 2 / Un homme libre



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Title: Le culte du moi 2
Un homme libre

Author: Maurice Barrès

Release Date: October 7, 2005 [EBook #16813]

Language: French


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Produced by Marc D'Hooghe.

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LE CULTE DU MOI — II

UN HOMME LIBRE

Par

MAURICE BARRÈS

DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE

PARIS

1912

TABLE

PRÉFACE de l'édition de 1904

DÉDICACE


LIVRE PREMIER

EN ÉTAT DE GRACE


CHAPITRE I.—La journée de Jersey


CHAPITRE II.—Méditation sur la journée de Jersey


LIVRE DEUXIÈME

L'ÉGLISE MILITANTE


CHAPITRE III.—Installation

a) Installation matérielle

b) Installation spirituelle

c) Prière-programme


CHAPITRE IV.—Examens de conscience

a) Examen physique

b) Examen moral
(Composition de lieu.
Exercice de la mort.
Colloque)


CHAPITRE V.—Les intercesseurs

a) Méditation spirituelle sur Benjamin Constant
(Application des sens.—Méditation.—Colloque.
—Oraison)

b) Méditation spirituelle sur Sainte-Beuve
(Application des sens.—Méditation.—Colloque.
—Oraison)


CHAPITRE VI.—En Lorraine

Première journée: Naissance de la Lorraine.
Deuxième journée: La Lorraine en enfance.
Troisième journée: La Lorraine se développe.
Quatrième journée: Agonie de la Lorraine.
Cinquième journée: La Lorraine morte.
Sixième journée: Conclusion, la soirée d'Haroué.


LIVRE TROISIÈME

L'ÉGLISE TRIOMPHANTE


CHAPITRE VII.—Acédia, Séparation dans le monastère


CHAPITRE VIII.—A Lucerne, Marie B


CHAPITRE IX.—Veillée d'Italie
(Enseignement du Vinci).


CHAPITRE X.—Mon triomphe de Venise

a) Sa beauté du dehors

b) Sa beauté du dedans
(Sa Loi.—Mon Être.—L'Être de Venise.
—Description du type qui les réunit en les résumant)

c) Je suis saturé de Venise


LIVRE QUATRIÈME

EXCURSION DANS LA VIE


CHAPITRE XI.—Une anecdote d'amour.

J'amasse des documents

Je profite de mes émotions

Méditation sur l'anecdote d'amour


CHAPITRE XII.—Mes conclusions
(La règle de ma vie.—Lettre à Simon)


APPENDICE

Pas de veau gras. (Réponse à M. Doumic)

Petite note de l'édition de 1899

PRÉFACE DE L'ÉDITION DE 1904

Ceux qui ne connurent jamais l'ivresse de déplaire ne peuvent imaginer les divines satisfactions de ma vingt-cinquième année: j'ai scandalisé. Des gens se mettaient à cause de mes livres en fureur. Leur sottise me crevait de bonheur.

Sous l'oeil des Barbares parut en novembre 1887 et l' Homme libre, vers Pâques, en 1889. Les maîtres de la grande espèce vivaient encore. Je croisais dans le quartier Latin Taine, Renan et Leconte de Lisle. J'avais vu, de mes yeux vu Hugo. Jour inoubliable, celui où je causais avec Leconte de Lisle et Anatole France dans la bibliothèque du Sénat et qu'un petit vieillard vigoureux—c'était le Père, c'était l'Empereur, c'était Victor Hugo—nous rejoignit! Je mourrai sans avoir rien vu qui m'importe davantage. Ah! si, quelque jour, je pouvais mériter que l'Histoire acceptât ce groupe de quatre âges littéraires! Ainsi quand j'étais jeune, il y avait encore des dieux. Mais une pensée tout acilic faisait recette auprès du public. On prenait la grossièreté pour de la force, l'obscénité pour de la passion et des tableaux en trompe-l'oeil pour des pages «grouillantes de vie». Autant de raisons pour qu'un petit livre d'analyse ne fût peint remarqué. Et puis l'Homme libre était peu compréhensible.

Croyez-vous donc que j'eusse voulu être entendu de n'importe qui? J'écrivais pour mettre de l'ordre en moi-même et pour me délivrer, car on ne pense, ce qui s'appelle penser, que la plume à la main. Mais le premier venu allait-il pencher sa tête, par-dessus mon épaule, sur mon papier?—«Fi, Monsieur! m'écriai-je, moyennant 3 fr. 50, vous voudriez connaître mes plus délicates complications.

Faites d'abord des études préliminaires ou plutôt adressez-vous ailleurs, car rien ne m'assure que vous soyez né pour que nous causions ensemble.»

Cette disposition méprisante a ses inconvénients. J'ai créé un préjugé contre mes livres. Pendant une dizaine d'années, il y eut sur l'Egotisme de M. Barrès, sur le Moi de M. Barrès les plus sots jugements, et il semblait presque impossible que je tes surmontasse. En effet, il n'a fallu rien moins qu'une guerre civile.

Verdi répétait souvent: «Nous autres artistes, nous n'arrivons à la célébrité que par la calomnieJe ne suis ni célèbre ni calomnié, mais on a travesti mes thèses. Quand j'eus bien ri de ces malentendus, ils me donnèrent de l'ennui. J'ai eu le dégoût d'entendre un ministre de l'instruction publique amuser la Chambre avec des plaisanteries sur le Moi de M. Barrès. Ce problème de l'individualisme qui passionne nos députés quand on le leur pose sous la forme concrète d'une marmite à renversement (Vaillant) ne leur parut in abstracto qu'un phénomène de prétention littéraire. Jamais M. Charles Dupuy, qui a beaucoup de bonhomie à la Sarcey, ne me parut mieux en verve. Je n'y reviens point pour raviver l'ennui des discordes passées, mais pour marquer comment je connus mon erreur. Cette après-midi me montra clairement que pour agir sur des intelligences la sincérité ne suffit pas.

J'ai péché contre ma pensée, par trop de scrupule.