Elle me l'a dit une nuit, étant ivre. Il est sous la troisième pierre de l'autel. C'est là qu'elle le met tous les soirs quand elle sort au coucher du soleil. Va demain chez elle à cette heure-là et ne crains rien : elle emmène ses esclaves.

-c'est de la folie, s'écria Démétrios. Tu veux que je vole ?

-est-ce que tu ne m'aimes pas ? Je croyais que tu m'aimais. Et puis, est-ce que tu n'as pas juré ? Je croyais que tu avais juré. Si je me suis trompée, n'en parlons plus. " il comprit qu'elle le perdait, mais se laissa entraîner sans lutte, presque volontiers.

" je ferai ce que tu dis, répondit-il.

-oh ! Je sais bien que tu le feras. Mais tu hésites d'abord. Je comprends que tu hésites. Ce n'est pas un cadeau ordinaire ; je ne le demanderais pas à un philosophe. Je te le demande à toi. Je sais bien que tu me le donneras. " elle joua un instant avec les plumes de paon de son éventail rond et tout à coup :

" ah ! ... je ne veux pas non plus un peigne d'ivoire commun acheté chez un vendeur de la ville. Tu m'as dit que je pouvais choisir, n'est-ce pas ? Eh bien, je veux... le peigne d'ivoire ciselé qui est dans les cheveux de la femme du grand-prêtre. Celui-là est beaucoup plus précieux encore que le miroir de Rhodopis. Il vient d'une reine d'égypte qui a vécu il y a longtemps, longtemps, et dont le nom est si difficile que je ne peux pas le prononcer. Aussi l'ivoire est très vieux et jaune comme s'il était doré. On y a ciselé une jeune fille qui passe dans un marais de lôtos plus grand qu'elle, où elle marche sur la pointe des pieds pour ne pas se mouiller...

c'est vraiment un beau peigne... je suis contente que tu me le donnes... j'ai aussi de petits griefs contre celle qui le possède. J'avais offert le mois dernier un voile bleu à l'Aphrodite ; je l'ai vu le lendemain sur la tête de cette femme. C'était un peu rapide et je lui en ai voulu. Son peigne me vengera de mon voile.

-et comment l'aurai-je ? Demanda Démétrios.

-ah ! Ce sera un peu plus difficile. C'est une égyptienne, tu sais, et elle ne fait ses deux cents nattes qu'une fois par an, comme les autres femmes de sa race. Mais moi, je veux mon peigne demain, et tu la tueras pour l'avoir. Tu as juré un serment. " elle fit une petite mine à Démétrios qui regardait la terre.