Voici les titres des chapitres.

I. Quelle est la raison pour laquelle la partie à qui on donne le démenti doit devenir l'agresseur au défi, et de la nature des démentis.

II. De la méthode et de la diversité des démentis.

III. Du démenti certain ou indirect.

IV. Des démentis conditionnels, ou du démenti circonstanciel.

V. Du démenti en général.

VI. Du démenti en particulier.

VII. Des démentis fous.

VIII. Conclusion sur la manière d'arracher ou de rendre le démenti; ou la contradiction querelleuse.

Dans le chapitre du démenti conditionnel, l'auteur dit, en parlant de la particule si: «Les démentis conditionnels sont ceux qui sont donnés conditionnellement de cette manière: Si vous avez dit cela ou cela, alors vous mentez.» De ces sortes de démentis, donnés dans cette forme, naissent souvent de grandes disputes, qui ne peuvent aboutir à une issue décidée. L'auteur entend par là que les deux parties ne peuvent procéder à se couper la gorge, tant qu'il y a un si entre deux. Voilà pourquoi Shakspeare fait dire à son paysan: «J'ai vu des cas où sept juges ensemble ne pouvaient parvenir à pacifier une querelle: mais lorsque deux adversaires venaient à se joindre, l'un des deux ne faisait que s'aviser d'un si, comme, si vous avez dit cela, alors moi j'ai dit cela; et ils finissaient par se serrer la main et à être amis comme frères. Votre si est le seul juge de paix: il y a beaucoup de vertu dans le si.» Caranza était encore un auteur qui a écrit dans ce goût-là sur le duel, et dont on consultait l'autorité.

JACQUES, au duc.—N'est-ce pas là, seigneur, un rare original? Il est bon à tout, et cependant c'est un fou.

LE VIEUX DUC.—Sa folie lui sert comme un cheval de chasse à la tonnelle; et sous son abri, il lance ses traits d'esprit.

(Entrent l'Hymen conduisant Rosalinde en habits de femme, et Célie. Une musique douce.)

L'HYMEN chante.

Il y a joie dans le ciel

Quand les mortels sont d'accord,

Et s'unissent entre eux.

Bon duc, reçois ta fille;

L'hymen te l'amène du ciel,

Oui, l'hymen te l'amène ici,

Afin que tu unisses sa main

A celle de l'homme dont elle porte le coeur dans son sein.

ROSALINDE, au duc.—Je me donne à vous, car je suis à vous. (A Orlando.) Je me donne à vous, car je suis à vous.

LE VIEUX DUC, à Rosalinde.—S'il y a quelque vérité dans la vue, vous êtes ma fille.

ORLANDO.—S'il y a quelque vérité dans la vue, vous êtes ma Rosalinde.

PHÉBÉ.—Si la vue et la forme sont fidèles..., adieu mon amour.

ROSALINDE, au duc.—Je n'aurai plus de père, si vous n'êtes le mien. (A Orlando.) Je n'aurai point d'époux, si vous n'êtes le mien. (A Phébé.) Je n'épouserai pas d'autre femme que vous.

L'HYMEN.

Silence. Oh! je défends le désordre

C'est moi qui dois conclure

Ces étranges événements.

Voici huit personnes qui doivent se prendre la main,

Pour s'unir par les liens de l'hymen,

Si la vérité est la vérité.

(A Orlando et Rosalinde.)

Aucun obstacle ne pourra vous séparer.

A Olivier et Célie.)

Vos deux coeurs ne sont qu'un coeur.

(A Phébé.)

Vous, cédez à son amour,

(Montrant Sylvius.)

Ou prenez une femme pour époux.

(A Touchstone et Audrey.)

Vous êtes certainement l'un pour l'autre,

Comme l'hiver est uni au mauvais temps.

(A tous.)

Pendant que nous chantons un hymne nuptial

Nourrissez-vous de questions et de réponses

Afin que la raison diminue l'étonnement

Que vous causent cette rencontre et cette conclusion.

CHANSON.

Le mariage est la couronne de l'auguste Junon.

Lien céleste de la table et du lit,

C'est l'hymen qui peuple les cités,

Que le mariage soit donc honoré.

Honneur, honneur et renom

A l'hymen, dieu des cités!

LE VIEUX DUC, à Célie.—O ma chère nièce, tu es la bienvenue, tu es aussi bienvenue que ma fille même.

PHÉBÉ, à Sylvius.—Je ne retirerai pas ma parole: de ce moment tu es à moi. Ta fidélité te donne mon amour.

(Entre Jacques des Bois.)

JACQUES DES BOIS, au duc.—Daignez m'accorder audience un moment.—Je suis le second fils du vieux chevalier Rowland, et voici les nouvelles que j'apporte à cette illustre assemblée.—Le duc Frédéric, entendant raconter tous les jours combien de personnes d'un grand mérite se rendaient à cette forêt, avait levé une forte armée: il marchait lui-même à la tête de ses troupes, résolu de s'emparer ici de son frère, et de le passer au fil de l'épée; et déjà il approchait des limites de ce bois sauvage: mais là, il a rencontré un vieux religieux qui, après quelques moments d'entretien, l'a fait renoncer à son entreprise et au monde. Il a légué sa couronne au frère qu'il avait banni, et a restitué à ceux qui l'avaient suivi dans son exil tous leurs domaines. J'engage ma vie sur la vérité de ce récit.

LE VIEUX DUC.—Soyez le bienvenu, jeune homme. Vous offrez un beau présent de noces à vos deux frères; à l'un, le patrimoine dont on l'avait dépouillé, et à l'autre, un pays tout entier, un puissant duché. Mais, d'abord, achevons dans cette forêt l'ouvrage que nous y avons si bien commencé et si heureusement amené à bien, et, après, chacun des heureux compagnons qui ont supporté ici avec nous tant de rudes jours et de nuits partagera l'avantage de la fortune que nous retrouvons, selon la mesure de sa condition. En attendant, oublions cette dignité qui vient de nous écheoir, et livrons-nous à nos divertissements rustiques.—Jouez, musiciens. Et vous mariés et mariées, suivez la mesure de la musique, puisque votre mesure de joie est comble.

JACQUES, à Jacques des Bois.—Monsieur, avec votre permission, si je vous ai bien entendu, le duc a embrassé la vie religieuse, et rejeté avec dédain le faste des cours?

JACQUES DES BOIS.—Oui, monsieur.

JACQUES.—Je veux aller le trouver. Il y a beaucoup à apprendre et à profiter avec ces convertis. (Au duc.) Je vous lègue, à vous, vos anciennes dignités: votre patience et vos vertus les méritent. (A Orlando.) A vous, l'amour que mérite votre foi sincère. (A Olivier.) A vous, vos terres, la tendresse d'une épouse, et des alliés illustres. (A Sylvius.) A vous, un lit longtemps attendu et bien mérité. (A Touchstone.) Et vous, je vous lègue les disputes; car vous n'avez, pour votre voyage d'amour, de provisions que pour deux mois.—Ainsi, allez à vos plaisirs.