Une musique douce.)
L'HYMEN chante.
Il y a joie dans le ciel
Quand les mortels sont d'accord,
Et s'unissent entre eux.
Bon duc, reçois ta fille;
L'hymen te l'amène du ciel,
Oui, l'hymen te l'amène ici,
Afin que tu unisses sa main
A celle de l'homme dont elle porte le coeur dans son sein.
ROSALINDE, au duc.—Je me donne à vous, car je suis à vous. (A Orlando.) Je me donne à vous, car je suis à vous.
LE VIEUX DUC, à Rosalinde.—S'il y a quelque vérité dans la vue, vous êtes ma fille.
ORLANDO.—S'il y a quelque vérité dans la vue, vous êtes ma Rosalinde.
PHÉBÉ.—Si la vue et la forme sont fidèles..., adieu mon amour.
ROSALINDE, au duc.—Je n'aurai plus de père, si vous n'êtes le mien. (A Orlando.) Je n'aurai point d'époux, si vous n'êtes le mien. (A Phébé.) Je n'épouserai pas d'autre femme que vous.
L'HYMEN.
Silence. Oh! je défends le désordre
C'est moi qui dois conclure
Ces étranges événements.
Voici huit personnes qui doivent se prendre la main,
Pour s'unir par les liens de l'hymen,
Si la vérité est la vérité.
(A Orlando et Rosalinde.)
Aucun obstacle ne pourra vous séparer.
A Olivier et Célie.)
Vos deux coeurs ne sont qu'un coeur.
(A Phébé.)
Vous, cédez à son amour,
(Montrant Sylvius.)
Ou prenez une femme pour époux.
(A Touchstone et Audrey.)
Vous êtes certainement l'un pour l'autre,
Comme l'hiver est uni au mauvais temps.
(A tous.)
Pendant que nous chantons un hymne nuptial
Nourrissez-vous de questions et de réponses
Afin que la raison diminue l'étonnement
Que vous causent cette rencontre et cette conclusion.
CHANSON.
Le mariage est la couronne de l'auguste Junon.
Lien céleste de la table et du lit,
C'est l'hymen qui peuple les cités,
Que le mariage soit donc honoré.
Honneur, honneur et renom
A l'hymen, dieu des cités!
LE VIEUX DUC, à Célie.—O ma chère nièce, tu es la bienvenue, tu es aussi bienvenue que ma fille même.
PHÉBÉ, à Sylvius.—Je ne retirerai pas ma parole: de ce moment tu es à moi. Ta fidélité te donne mon amour.
(Entre Jacques des Bois.)
JACQUES DES BOIS, au duc.—Daignez m'accorder audience un moment.—Je suis le second fils du vieux chevalier Rowland, et voici les nouvelles que j'apporte à cette illustre assemblée.—Le duc Frédéric, entendant raconter tous les jours combien de personnes d'un grand mérite se rendaient à cette forêt, avait levé une forte armée: il marchait lui-même à la tête de ses troupes, résolu de s'emparer ici de son frère, et de le passer au fil de l'épée; et déjà il approchait des limites de ce bois sauvage: mais là, il a rencontré un vieux religieux qui, après quelques moments d'entretien, l'a fait renoncer à son entreprise et au monde. Il a légué sa couronne au frère qu'il avait banni, et a restitué à ceux qui l'avaient suivi dans son exil tous leurs domaines. J'engage ma vie sur la vérité de ce récit.
LE VIEUX DUC.—Soyez le bienvenu, jeune homme. Vous offrez un beau présent de noces à vos deux frères; à l'un, le patrimoine dont on l'avait dépouillé, et à l'autre, un pays tout entier, un puissant duché. Mais, d'abord, achevons dans cette forêt l'ouvrage que nous y avons si bien commencé et si heureusement amené à bien, et, après, chacun des heureux compagnons qui ont supporté ici avec nous tant de rudes jours et de nuits partagera l'avantage de la fortune que nous retrouvons, selon la mesure de sa condition. En attendant, oublions cette dignité qui vient de nous écheoir, et livrons-nous à nos divertissements rustiques.—Jouez, musiciens. Et vous mariés et mariées, suivez la mesure de la musique, puisque votre mesure de joie est comble.
JACQUES, à Jacques des Bois.—Monsieur, avec votre permission, si je vous ai bien entendu, le duc a embrassé la vie religieuse, et rejeté avec dédain le faste des cours?
JACQUES DES BOIS.—Oui, monsieur.
JACQUES.—Je veux aller le trouver. Il y a beaucoup à apprendre et à profiter avec ces convertis. (Au duc.) Je vous lègue, à vous, vos anciennes dignités: votre patience et vos vertus les méritent. (A Orlando.) A vous, l'amour que mérite votre foi sincère. (A Olivier.) A vous, vos terres, la tendresse d'une épouse, et des alliés illustres. (A Sylvius.) A vous, un lit longtemps attendu et bien mérité. (A Touchstone.) Et vous, je vous lègue les disputes; car vous n'avez, pour votre voyage d'amour, de provisions que pour deux mois.—Ainsi, allez à vos plaisirs. Pour moi, il m'en faut d'autres que celui de la danse.
LE VIEUX DUC.—Arrête, Jacques; reste avec nous.
JACQUES.—Moi, je ne reste point pour de frivoles passe-temps. J'irai vous attendre dans votre grotte abandonnée, pour savoir ce que vous voulez.
(Il sort.)
LE VIEUX DUC, aux musiciens.—Poursuivez, poursuivez; nous allons commencer cette cérémonie, comme nous avons la confiance qu'elle se terminera, dans les transports d'une joie pure.
(Danse.)
ÉPILOGUE.
ROSALINDE—Vous n'avez pas coutume de voir l'Épilogue habillé en femme, mais cela n'est pas plus mal séant, que de voir le Prologue en habit d'homme. Si le proverbe est vrai, que le bon vin n'a pas besoin d'enseigne, il est également vrai qu'une bonne pièce n'a pas besoin d'épilogue. Cependant on annonce le bon vin par de bonnes enseignes; et les bonnes pièces paraissent encore meilleures avec le secours de bons épilogues. Dans quelle position embarrassante suis-je donc placée, moi qui ne suis point un bon épilogue, et qui ne peux pas non plus vous captiver en faveur d'une bonne pièce? Je ne suis point équipée en mendiant; il ne me conviendrait donc pas de vous supplier: le seul parti qui me reste est d'user de conjurations, et je vais commencer par les femmes.—Femmes, je vous somme, par l'amour que vous portez aux hommes, d'approuver dans cette pièce tout ce qui leur en plaît. Et vous, hommes, je vous somme, au nom de l'amour que vous portez aux femmes (car je m'aperçois à votre sourire qu'aucun de vous ne les déteste), d'approuver de cette pièce ce qui en plaît aux dames; en sorte qu'entre elles et vous, la pièce ait du succès. Si j'étais une femme, j'embrasserais tous ceux qui, parmi vous, auraient des barbes qui me plairaient, des physionomies à mon goût et des haleines qui ne me rebuteraient pas; et je suis sûr que tous ceux d'entre vous qui ont de belles barbes, des figures agréables et de douces haleines, ne manqueront pas, en reconnaissance de mon offre gracieuse, de me dire adieu, quand je vous ferai la révérence.
(Tous sortent.)
FIN DU CINQUIÈME ET DERNIER ACTE.
End of Project BookishMall.com's Comme il vous plaira, by William Shakespeare
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