Les réflexions que se sujet fournit, et que Platon a faites autrefois, mériteraient fort d’être mieux développées par une plume digne d’écrire d’après un tel maître et de défendre une si grande cause.

[Diderot], Pensées philosophiques , VIII.

Telle était l’éducation des Spartiates, au rapport du plus grand de leurs rois.

« C’est, dit Montaigne, chose digne de très grande considération, qu’en cette ex-cellente police de Lycurgue, et à la vérité monstrueuse par sa perfection, si soigneuse pourtant de la nourriture des enfants, comme de sa principale charge, et au gîte même des Muses, il s’y fasse si peu mention de la doctrine : comme si, cette généreuse jeunesse dédaignant tout autre joug, on ait dû lui fournir, au lieu de nos maîtres de science, seulement des maîtres de vaillance, prudence et justice. »

Voyons maintenant comment le même auteur parle des anciens Perses. « Platon, dit-il, raconte que le fils aîné de leur succession royale était ainsi nourri. Après sa naissance, on le donnait, non à des femmes, mais à des eunuques de la première autorité près du roi, à cause de leur vertu. Ceux-ci prenaient charge de lui rendre le corps beau et sain, et après sept ans le duisaient à monter à cheval et aller à la chasse. Quand il était arrivé au quatorzième, ils le posaient entre les mains de quatre : le plus sage, le plus juste, le plus tempérant et le plus vaillant de la nation.

Le premier lui apprenait la religion, le second à être toujours véritable, le tiers à vaincre ses cupidités, le quart à ne rien craindre. »Tous, ajouterai-je, à le rendre bon, aucun à le rendre savant.

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« Astyage, en Xénophon, demande à Cyrus compte de sa dernière leçon : c’est, dit-il, qu’en notre école un grand garçon ayant un petit saye le donna à l’un de ses compagnons de plus petite taille, et lui ôta son saye qui était plus grand. Notre précepteur m’ayant fait juge de ce différend, je jugeai qu’il fallait laisser les choses en cet état, et que l’un et l’autre semblait être mieux accommodé en ce point.

Sur quoi, il me remontra que j’avais mal fait : car je m’étais arrêté à considérer la bienséance ; et il fallait premièrement avoir pourvu à la justice, qui voulait que nul ne fût forcé en ce qui lui appartenait. Et dit qu’il en fût puni, comme on nous punit en nos villages pour avoir oublié le premier aoriste de ? ? ? ? ? . Mon régent me ferait une belle harangue, in genere demonstrativo , avant qu’il me persuadât que son école vaut celle-là.

À considérer les désordres affreux que l’imprimerie a déjà causés en Europe, à juger de l’avenir par le progrès que le mal fait d’un jour à l’autre, on peut prévoir aisément que les souverains ne tarderont pas à se donner autant de soins pour bannir cet art terrible de leurs États qu’ils en ont pris pour l’y introduire. Le sultan Achmet, cédant aux importunités de quelques prétendus gens de goût, avait consenti d’établir une imprimerie à Constantinople. Mais à peine la presse fut-elle en train qu’on fut contraint de la détruire et d’en jeter les instruments dans un puits. On dit que le calife Omar, consulté sur ce qu’il fallait faire de la bibliothèque d’Alexandrie, répondit en ces termes : si les livres de cette bibliothèque contiennent des choses opposées à l’Alcoran, ils sont mauvais et il faut les brû-

ler. S’ils ne contiennent que la doctrine de l’Alcoran, brûlez-les encore : ils sont superflus. Nos savants ont cité ce raisonnement comme le comble de l’absurdité.

Cependant, supposez Grégoire le Grand à la place d’Omar et l’Évangile à la place de l’Alcoran, la bibliothèque aurait encore été brûlée, et ce serait peut-être le plus beau trait de la vie de cet illustre pontife.

Notes

Tristes , I, X, 37 : « Ici c’est moi qui suis le barbare, parce que je ne suis pas compris par ceux-là »

Publié à partir de 1781.

La disparition du manuscrit présenté au concours rend problématique l’iden-tification de ces ajouts.

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Horace, Art poétique , v.25 : « Nous sommes trompés par l’apparence du bien ».

Enseignaient.

Paletot.

« Je frappe. »

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