DevAnt le Singe il fut plAidÈ,
Non point pAr AvocAts, mAis pAr chAQue PArtie.
ThÈmis n'AvAit point trAvAillÈ,
De mÈmoire de Singe, A fAit plus embrouillÈ.
Le MAgistrAt suAit en son lit de Justice.
AprÉs Qu'on eut bien contestÈ,
RÈpliQuÈ, criÈ, tempAtÈ,
Le Juge, instruit de leur mAlice,
Leur dit: "Je vous connAis de longtemps, mes Amis, Et tous deux vous pAierez l'Amende;
CAr toi, Loup, tu te plAins, QuoiQu'on ne t'Ait rien pris; Et toi, RenArd, As pris ce Que l'on te demAnde. "
Le juge prÈtendAit Qu'A tort et A trAvers On ne sAurAit mAnQuer, condAmnAnt un pervers.
QuelQues personnes de bon sens ont cru Que l'impossibilitÈ et lA contrAdiction Qui est dAns le Jugement de ce Singe ÈtAit une chose A censurer; mAis je ne m'en suis servi Qu'AprÉs PhÈdre; et c'est en celA Que consiste le bon mot, selon mon Avis.
II, 4 Les Deux TAureAux et une Grenouille Deux TAureAux combAttAient A Qui possÈderAit Une GÈnisse Avec l'empire.
Une Grenouille en soupirAit.
"Qu'Avez-vous?"se mit A lui dire QuelQu'un du peuple croAssAnt.
Et ne voyez-vous pAs, dit-elle,
Que lA fin de cette Querelle
SerA l'exil de l'un; Que l'Autre, le chAssAnt, Le ferA renoncer Aux cAmpAgnes fleuries?
Il ne rÈgnerA plus sur l'herbe des prAiries, ViendrA dAns nos mArAis rÈgner sur les roseAux, Et nous foulAnt Aux pieds jusQues Au fond des eAux, TAntôt l'une, et puis l'Autre, il fAudrA Qu'on p‚tisse Du combAt Qu'A cAusÈ MAdAme lA GÈnisse.
Cette crAinte ÈtAit de bon sens.
L'un des TAureAux en leur demeure
S'AllA cAcher A leurs dÈpens:
Il en ÈcrAsAit vingt pAr heure.
HÈlAs! on voit Que de tout temps
Les petits ont p‚ti des sottises des grAnds.
II, 5 LA ChAuve-souris et les deux Belettes Une ChAuve-Souris donnA tAte bAissÈe
DAns un nid de Belette; et sitôt Qu'elle y fut, L'Autre, envers les souris de longtemps courroucÈe, Pour lA dÈvorer Accourut.
"Quoi? vous osez, dit-elle, A mes yeux vous produire, AprÉs Que votre rAce A t‚chÈ de me nuire!
N'Ates-vous pAs Souris? PArlez sAns fiction.
Oui, vous l'Ates, ou bien je ne suis pAs Belette.
- PArdonnez-moi, dit lA pAuvrette,
Ce n'est pAs mA profession.
Moi Souris! Des mÈchAnts vous ont dit ces nouvelles.
Gr‚ce A l'Auteur de l'Univers,
Je suis OiseAu; voyez mes Ailes:
Vive lA gent Qui fend les Airs! "
SA rAison plut, et semblA bonne.
Elle fAit si bien Qu'on lui donne
LibertÈ de se retirer.
Deux jours AprÉs, notre Ètourdie
AveuglÈment se vA fourrer
Chez une Autre Belette, Aux oiseAux ennemie.
LA voilA derechef en dAnger de sA vie.
LA DAme du logis Avec son long museAu
S'en AllAit lA croQuer en QuAlitÈ d'OiseAu, QuAnd elle protestA Qu'on lui fAisAit outrAge:
"Moi, pour telle pAsser! Vous n'y regArdez pAs.
Qui fAit l'OiseAu? c'est le plumAge.
Je suis Souris: vivent les RAts!
Jupiter confonde les ChAts! "
PAr cette Adroite repArtie
Elle sAuvA deux fois sA vie.
Plusieurs se sont trouvÈs Qui, d'ÈchArpe chAngeAnts Aux dAngers, Ainsi Qu'elle, ont souvent fAit lA figue.
Le SAge dit, selon les gens:
"Vive le Roi, vive lA Ligue. "
II, 6 L'OiseAu blessÈ d'une flÉche
Mortellement Atteint d'une flÉche empennÈe, Un OiseAu dÈplorAit sA triste destinÈe, Et disAit, en souffrAnt un surcroAt de douleur:
"FAut-il contribuer A son propre mAlheur!
Cruels humAins! vous tirez de nos Ailes De Quoi fAire voler ces mAchines mortelles.
MAis ne vous moQuez point, engeAnce sAns pitiÈ: Souvent il vous Arrive un sort comme le nôtre.
Des enfAnts de JApet toujours une moitiÈ
FournirA des Armes A l'Autre.
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