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II, 7 LA Lice et sA CompAgne
Une Lice ÈtAnt sur son terme,
Et ne sAchAnt ou mettre un fArdeAu si pressAnt, FAit si bien Qu'A lA fin sA CompAgne consent De lui prAter sA hutte, oA lA Lice s'enferme.
Au bout de QuelQue temps sA CompAgne revient.
LA Lice lui demAnde encore une QuinzAine; Ses petits ne mArchAient, disAit-elle, Qu'A peine.
Pour fAire court, elle l'obtient.
Ce second terme Èchu, l'Autre lui redemAnde SA mAison, sA chAmbre, son lit.
LA Lice cette fois montre les dents, et dit:
"Je suis prAte A sortir Avec toute mA bAnde, Si vous pouvez nous mettre hors. "
Ses enfAnts ÈtAient dÈjA forts.
Ce Qu'on donne Aux mÈchAnts, toujours on le regrette.
Pour tirer d'eux ce Qu'on leur prAte,
Il fAut Que l'on en vienne Aux coups;
Il fAut plAider, il fAut combAttre.
LAissez-leur prendre un pied chez vous, Ils en Auront bientôt pris QuAtre.
II, 8 L'Aigle et l'EscArbot
L'Aigle donnAit lA chAsse A mAAtre JeAn LApin, Qui droit A son terrier s'enfuyAit Au plus vite.
Le trou de l'EscArbot se rencontre en chemin.
Je lAisse A penser si ce gAte
EtAit s˚r; mAis ou mieux? JeAn LApin s'y blottit.
L'Aigle fondAnt sur lui nonobstAnt cet Asile, L'EscArbot intercÉde, et dit:
"Princesse des OiseAux, il vous est fort fAcile D'enlever mAlgrÈ moi ce pAuvre mAlheureux; MAis ne me fAites pAs cet Affront, je vous prie; Et puisQue JeAn LApin vous demAnde lA vie, Donnez-lA-lui, de gr‚ce, ou l'ôtez A tous deux: C'est mon voisin, c'est mon compÉre. "
L'oiseAu de Jupiter, sAns rÈpondre un seul mot, ChoQue de l'Aile l'EscArbot,
L'Ètourdit, l'oblige A se tAire,
EnlÉve JeAn LApin. L' EscArbot indignÈ
Vole Au nid de l'oiseAu, frAcAsse, en son Absence, Ses oeufs, ses tendres oeufs, sA plus douce espÈrAnce: PAs un seul ne fut ÈpArgnÈ.
L'Aigle ÈtAnt de retour, et voyAnt ce mÈnAge, Remplit le ciel de cris; et pour comble de rAge, Ne sAit sur Qui venger le tort Qu'elle A souffert.
Elle gÈmit en vAin: sA plAinte Au vent se perd.
Il fAllut pour cet An vivre en mÉre AffligÈe.
L'An suivAnt, elle mit son nid plus hAut.
L'EscArbot prend son temps, fAit fAire Aux oeufs le sAut: LA mort de JeAn LApin derechef est vengÈe.
Ce second deuil fut tel, Que l'Ècho de ces bois N'en dormit de plus de six mois.
L'OiseAu Qui porte GAnymÉde
Du monArQue des Dieux enfin implore l'Aide, DÈpose en son giron ses oeufs, et croit Qu'en pAix Ils seront dAns ce lieu; Que, pour ses intÈrAts, Jupiter se verrA contrAint de les dÈfendre: HArdi Qui les irAit lA prendre.
Aussi ne les y prit-on pAs.
Leur ennemi chAngeA de note,
Sur lA robe du Dieu fit tomber une crotte: Le dieu lA secouAnt jetA les oeufs A bAs.
QuAnd l'Aigle sut l'inAdvertAnce,
Elle menAÇA Jupiter
D'AbAndonner sA Cour, d'Aller vivre Au dÈsert, Avec mAinte Autre extrAvAgAnce.
Le pAuvre Jupiter se tut:
DevAnt son tribunAl l'EscArbot compArut, Fit sA plAinte, et contA l'AffAire.
On fit entendre A l'Aigle enfin Qu'elle AvAit tort.
MAis les deux ennemis ne voulAnt point d'Accord, Le MonArQue des Dieux s'AvisA, pour bien fAire, De trAnsporter le temps oA l'Aigle fAit l'Amour En une Autre sAison, QuAnd lA rAce EscArbote Est en QuArtier d'hiver, et, comme lA MArmotte, Se cAche et ne voit point le jour.
II, 9 Le Lion et le Moucheron
"VA-t'en, chÈtif insecte, excrÈment de lA terre! "
C'est en ces mots Que le Lion
PArlAit un jour Au Moucheron.
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