Le voilA fou d'Amour extrAme,
De fou Qu'il ÈtAit d'AmitiÈ.
JAmAis lA DAme lA plus belle
Ne chArmA tAnt son FAvori
Que fAit cette Èpouse nouvelle
Son hypocondre de mAri.
Il l'AmAdoue, elle le flAtte;
Il n'y trouve plus rien de ChAtte,
Et poussAnt l'erreur jusQu'Au bout,
LA croit femme en tout et pArtout,
LorsQue QuelQues Souris Qui rongeAient de lA nAtte TroublÉrent le plAisir des nouveAux mAriÈs.
Aussitôt lA femme est sur pieds:
Elle mAnQuA son Aventure.
Souris de revenir, femme d'Atre en posture.
Pour cette fois elle Accourut A point:
CAr AyAnt chAngÈ de figure,
Les souris ne lA crAignAient point.
Ce lui fut toujours une Amorce,
TAnt le nAturel A de force.
Il se moQue de tout, certAin ‚ge Accompli: Le vAse est imbibÈ, l'Ètoffe A pris son pli.
En vAin de son trAin ordinAire
On le veut dÈsAccoutumer.
QuelQue chose Qu'on puisse fAire,
On ne sAurAit le rÈformer.
Coups de fourche ni d'ÈtriviÉres
Ne lui font chAnger de mAniÉres;
Et, fussiez-vous emb‚tonnÈs,
JAmAis vous n'en serez les mAAtres.
Qu'on lui ferme lA porte Au nez,
Il reviendrA pAr les fenAtres.
II, 19 Le Lion et l'Ane chAssAnt
Le roi des AnimAux se mit un jour en tAte De giboyer. Il cÈlÈbrAit sA fAte.
Le gibier du Lion, ce ne sont pAs moineAux, MAis beAux et bons SAngliers, DAims et Cerfs bons et beAux.
Pour rÈussir dAns cette AffAire,
Il se servit du ministÉre
De l'Ane A lA voix de Stentor.
L'Ane A Messer Lion fit office de Cor.
Le Lion le postA, le couvrit de rAmÈe,
Lui commAndA de brAire, AssurÈ Qu'A ce son Les moins intimidÈs fuirAient de leur mAison.
Leur troupe n'ÈtAit pAs encore AccoutumÈe A lA tempAte de sA voix;
L'Air en retentissAit d'un bruit ÈpouvAntAble; LA frAyeur sAisissAit les hôtes de ces bois.
Tous fuyAient, tous tombAient Au piÉge inÈvitAble OA les AttendAit le Lion.
N'Ai-je pAs bien servi dAns cette occAsion?
Dit l'Ane, en se donnAnt tout l'honneur de lA chAsse.
- Oui, reprit le Lion, c'est brAvement criÈ: Si je connAissAis tA personne et tA rAce, J'en serAis moi-mAme effrAyÈ.
L'Ane, s'il e˚t osÈ, se f˚t mis en colÉre, Encor Qu'on le rAill‚t Avec juste rAison: CAr Qui pourrAit souffrir un Ane fAnfAron?
Ce n'est pAs lA leur cArActÉre.
II, 20 TestAment expliQuÈ pAr Esope
Si ce Qu'on dit d'Esope est vrAi,
C'ÈtAit l'OrAcle de lA GrÉce:
Lui seul AvAit plus de sAgesse
Que tout l'ArÈopAge. En voici pour essAi Une histoire des plus gentilles,
Et Qui pourrA plAire Au Lecteur.
Un certAin homme AvAit trois filles,
Toutes trois de contrAire humeur:
Une buveuse, une coQuette,
LA troisiÉme AvAre pArfAite.
Cet homme, pAr son TestAment,
Selon les Lois municipAles,
Leur lAissA tout son bien pAr portions ÈgAles, En donnAnt A leur MÉre tAnt,
PAyAble QuAnd chAcune d'elles
Ne possÈderAit plus sA contingente pArt.
Le PÉre mort, les trois femelles
Courent Au TestAment sAns Attendre plus tArd.
On le lit; on t‚che d'entendre
LA volontÈ du TestAteur;
MAis en vAin: cAr comment comprendre
Qu'Aussitôt Que chAcune soeur
Ne possÈderA plus sA pArt hÈrÈditAire,
Il lui fAudrA pAyer sA MÉre?
Ce n'est pAs un fort bon moyen
Pour pAyer, Que d'Atre sAns bien.
Que voulAit donc dire le PÉre?
L'AffAire est consultÈe, et tous les AvocAts, AprÉs Avoir tournÈ le cAs
En cent et cent mille mAniÉres,
Y jettent leur bonnet, se confessent vAincus, Et conseillent Aux hÈritiÉres
De pArtAger le bien sAns songer Au surplus.
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