Tous dirent A GAster Qu'il en All‚t chercher.

Ce leur fut une erreur dont ils se repentirent.

Bientôt les pAuvres gens tombÉrent en lAngueur; Il ne se formA plus de nouveAu sAng Au coeur: ChAQue membre en souffrit, les forces se perdirent.

PAr ce moyen, les mutins virent

Que celui Qu'ils croyAient oisif et pAresseux, A l'intÈrAt commun contribuAit plus Qu'eux.

Ceci peut s'AppliQuer A lA grAndeur RoyAle.

Elle reÇoit et donne, et lA chose est ÈgAle.

Tout trAvAille pour elle, et rÈciproQuement Tout tire d'elle l'Aliment.

Elle fAit subsister l'ArtisAn de ses peines, Enrichit le MArchAnd, gAge le MAgistrAt, MAintient le LAboureur, donne pAie Au soldAt, Distribue en cent lieux ses gr‚ces souverAines, Entretient seule tout l'EtAt.

MÈnÈnius le sut bien dire.

LA Commune s'AllAit sÈpArer du SÈnAt.

Les mÈcontents disAient Qu'il AvAit tout l'Empire, Le pouvoir, les trÈsors, l'honneur, lA dignitÈ; Au lieu Que tout le mAl ÈtAit de leur côtÈ, Les tributs, les impôts, les fAtigues de guerre.

Le peuple hors des murs ÈtAit dÈjA postÈ, LA plupArt s'en AllAient chercher une Autre terre, QuAnd MÈnÈnius leur fit voir

Qu'ils ÈtAient Aux membres semblAbles,

Et pAr cet Apologue, insigne entre les FAbles, Les rAmenA dAns leur devoir.

III, 3 Le Loup devenu Berger

Un Loup Qui commenÇAit d'Avoir petite pArt Aux Brebis de son voisinAge,

Crut Qu'il fAllAit s'Aider de lA peAu du RenArd Et fAire un nouveAu personnAge.

Il s'hAbille en Berger, endosse un hoQueton, FAit sA houlette d'un b‚ton,

SAns oublier lA Cornemuse.

Pour pousser jusQu'Au bout lA ruse,

Il AurAit volontiers Ècrit sur son chApeAu: C'est moi Qui suis Guillot, berger de ce troupeAu.

SA personne ÈtAnt Ainsi fAite

Et ses pieds de devAnt posÈs sur sA houlette, Guillot le sycophAnte Approche doucement.

Guillot le vrAi Guillot Ètendu sur l'herbette, DormAit Alors profondÈment.

Son chien dormAit Aussi, comme Aussi sA musette.

LA plupArt des Brebis dormAient pAreillement.

L'hypocrite les lAissA fAire,

Et pour pouvoir mener vers son fort les Brebis Il voulut Ajouter lA pArole Aux hAbits, Chose Qu'il croyAit nÈcessAire.

MAis celA g‚tA son AffAire,

Il ne put du PAsteur contrefAire lA voix.

Le ton dont il pArlA fit retentir les bois, Et dÈcouvrit tout le mystÉre.

ChAcun se rÈveille A ce son,

Les Brebis, le Chien, le GArÇon.

Le pAuvre Loup, dAns cet esclAndre,

EmpAchÈ pAr son hoQueton,

Ne put ni fuir ni se dÈfendre.

Toujours pAr QuelQue endroit fourbes se lAissent prendre.

QuiconQue est Loup Agisse en Loup:

C'est le plus certAin de beAucoup.

III, 4 Les Grenouilles Qui demAndent un roi Les Grenouilles, se lAssAnt

De l'ÈtAt DÈmocrAtiQue,

PAr leurs clAmeurs firent tAnt

Que Jupin les soumit Au pouvoir MonArchiQue.

Il leur tombA du Ciel un Roi tout pAcifiQue: Ce Roi fit toutefois un tel bruit en tombAnt Que lA gent mArÈcAgeuse,

Gent fort sotte et fort peureuse,

S'AllA cAcher sous les eAux,

DAns les joncs, dAns les roseAux,

DAns les trous du mArÈcAge,

SAns oser de longtemps regArder Au visAge Celui Qu'elles croyAient Atre un gÈAnt nouveAu; Or c'ÈtAit un SoliveAu,

De Qui lA grAvitÈ fit peur A lA premiÉre Qui de le voir s'AventurAnt

OsA bien Quitter sA tAniÉre.

Elle ApprochA, mAis en tremblAnt.

Une Autre lA suivit, une Autre en fit AutAnt, Il en vint une fourmiliÉre;

Et leur troupe A lA fin se rendit fAmiliÉre JusQu'A sAuter sur l'ÈpAule du Roi.