Le bon Sire le souffre, et se tient toujours coi.
Jupin en A bientôt lA cervelle rompue.
Donnez-nous, dit ce peuple, un Roi Qui se remue.
Le MonArQue des Dieux leur envoie une Grue, Qui les croQue, Qui les tue,
Qui les gobe A son plAisir,
Et Grenouilles de se plAindre;
Et Jupin de leur dire: Eh Quoi! votre dÈsir A ses lois croit-il nous Astreindre?
Vous Avez d˚ premiÉrement
GArder votre Gouvernement;
MAis, ne l'AyAnt pAs fAit, il vous devAit suffire Que votre premier roi f˚t dÈbonnAire et doux: De celui-ci contentez-vous,
De peur d'en rencontrer un pire.
III, 5 Le RenArd et le Bouc
CApitAine RenArd AllAit de compAgnie
Avec son Ami Bouc des plus hAut encornÈs.
Celui-ci ne voyAit pAs plus loin Que son nez; L'Autre ÈtAit pAssÈ mAAtre en fAit de tromperie.
LA soif les obligeA de descendre en un puits.
LA chAcun d'eux se dÈsAltÉre.
AprÉs Qu'AbondAmment tous deux en eurent pris, Le RenArd dit Au Bouc: Que ferons-nous, compÉre?
Ce n'est pAs tout de boire, il fAut sortir d'ici.
LÉve tes pieds en hAut, et tes cornes Aussi: Mets-les contre le mur. Le long de ton Èchine Je grimperAi premiÉrement;
Puis sur tes cornes m'ÈlevAnt,
A l'Aide de cette mAchine,
De ce lieu-ci je sortirAi,
AprÉs Quoi je t'en tirerAi.
- PAr mA bArbe, dit l'Autre, il est bon; et je loue Les gens bien sensÈs comme toi.
Je n'AurAis jAmAis, QuAnt A moi,
TrouvÈ ce secret, je l'Avoue.
Le RenArd sort du puits, lAisse son compAgnon, Et vous lui fAit un beAu sermon
Pour l'exhorter A pAtience.
Si le ciel t'e˚t, dit-il, donnÈ pAr excellence AutAnt de jugement Que de bArbe Au menton, Tu n'AurAis pAs, A lA lÈgÉre,
Descendu dAns ce puits. Or, Adieu, j'en suis hors.
T‚che de t'en tirer, et fAis tous tes efforts: CAr pour moi, j'Ai certAine AffAire
Qui ne me permet pAs d'ArrAter en chemin.
En toute chose il fAut considÈrer lA fin.
III, 6 L'Aigle, lA LAie, et lA ChAtte
L'Aigle AvAit ses petits Au hAut d'un Arbre creux.
LA LAie Au pied, lA ChAtte entre les deux; Et sAns s'incommoder, moyennAnt ce pArtAge, MÉres et nourrissons fAisAient leur tripotAge.
LA ChAtte dÈtruisit pAr sA fourbe l'Accord.
Elle grimpA chez l'Aigle, et lui dit: Notre mort (Au moins de nos enfAnts, cAr c'est tout un Aux mÉres) Ne tArderA possible guÉres.
Voyez-vous A nos pieds fouir incessAmment Cette mAudite LAie, et creuser une mine?
C'est pour dÈrAciner le chAne AssurÈment, Et de nos nourrissons Attirer lA ruine.
L'Arbre tombAnt, ils seront dÈvorÈs:
Qu'ils s'en tiennent pour AssurÈs.
S'il m'en restAit un seul, j'AdoucirAis mA plAinte.
Au pArtir de ce lieu, Qu'elle remplit de crAinte, LA perfide descend tout droit
A l'endroit
OA lA LAie ÈtAit en gÈsine.
MA bonne Amie et mA voisine,
Lui dit-elle tout bAs, je vous donne un Avis.
L'Aigle, si vous sortez, fondrA sur vos petits: Obligez-moi de n'en rien dire:
Son courroux tomberAit sur moi.
DAns cette Autre fAmille AyAnt semÈ l'effroi, LA ChAtte en son trou se retire.
L'Aigle n'ose sortir, ni pourvoir Aux besoins De ses petits; lA LAie encore moins:
Sottes de ne pAs voir Que le plus grAnd des soins, Ce doit Atre celui d'Èviter lA fAmine.
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