"Est-ce donc lA, dit-il, ce Qu'on m'AvAit promis?
Ce Mulet Qui me suit du dAnger se retire, Et moi j'y tombe, et je pÈris.
- Ami, lui dit son cAmArAde,
Il n'est pAs toujours bon d'Avoir un hAut Emploi: Si tu n'AvAis servi Qu'un Meunier, comme moi, Tu ne serAis pAs si mAlAde. "
I, 5 Le Loup et le Chien
Un Loup n'AvAit Que les os et lA peAu,
TAnt les chiens fAisAient bonne gArde.
Ce Loup rencontre un Dogue Aussi puissAnt Que beAu, GrAs, poli, Qui s'ÈtAit fourvoyÈ pAr mÈgArde.
L'AttAQuer, le mettre en QuArtiers,
Sire Loup l'e˚t fAit volontiers;
MAis il fAllAit livrer bAtAille,
Et le M‚tin ÈtAit de tAille
A se dÈfendre hArdiment.
Le Loup donc l'Aborde humblement,
Entre en propos, et lui fAit compliment Sur son embonpoint, Qu'il Admire.
"Il ne tiendrA Qu'A vous beAu sire, D'Atre Aussi grAs Que moi, lui repArtit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien:
Vos pAreils y sont misÈrAbles,
CAncres, hAires, et pAuvres diAbles,
Dont lA condition est de mourir de fAim.
CAr Quoi? rien d'AssurÈ: point de frAnche lippÈe: Tout A lA pointe de l'ÈpÈe.
Suivez-moi: vous Aurez un bien meilleur destin. "
Le Loup reprit: "Que me fAudrA-t-il fAire?
- PresQue rien, dit le Chien, donner lA chAsse Aux gens PortAnts b‚tons, et mendiAnts;
FlAtter ceux du logis, A son MAAtre complAire: MoyennAnt Quoi votre sAlAire
SerA force reliefs de toutes les fAÇons: Os de poulets, os de pigeons,
SAns pArler de mAinte cAresse. "
Le Loup dÈjA se forge une fÈlicitÈ
Qui le fAit pleurer de tendresse.
Chemin fAisAnt, il vit le col du Chien pelÈ.
"Qu'est-ce lA? lui dit-il. - Rien. - Quoi? rien? - Peu de chose.
- MAis encor? - Le collier dont je suis AttAchÈ
De ce Que vous voyez est peut-Atre lA cAuse.
- AttAchÈ? dit le Loup: vous ne courez donc pAs OA vous voulez? - PAs toujours; mAis Qu'importe?
- Il importe si bien, Que de tous vos repAs Je ne veux en Aucune sorte,
Et ne voudrAis pAs mAme A ce prix un trÈsor. "
CelA dit, mAAtre Loup s'enfuit, et court encor.
I, 6 LA GÈnisse, lA ChÉvre, et lA Brebis, en sociÈtÈ Avec le Lion LA GÈnisse, lA ChÉvre, et leur soeur lA Brebis, Avec un fier Lion, seigneur du voisinAge, Firent sociÈtÈ, dit-on, Au temps jAdis, Et mirent en commun le gAin et le dommAge.
DAns les lAcs de lA ChÉvre un Cerf se trouvA pris.
Vers ses AssociÈs Aussitôt elle envoie.
Eux venus, le Lion pAr ses ongles comptA, Et dit: "Nous sommes QuAtre A pArtAger lA proie. "
Puis en AutAnt de pArts le Cerf il dÈpeÇA; Prit pour lui lA premiÉre en QuAlitÈ de Sire:
"Elle doit Atre A moi, dit-il; et lA rAison, C'est Que je m'Appelle Lion:
A celA l'on n'A rien A dire.
LA seconde, pAr droit, me doit Èchoir encor: Ce droit, vous le sAvez, c'est le droit du plus fort Comme le plus vAillAnt, je prÈtends lA troisiÉme.
Si QuelQu'une de vous touche A lA QuAtriÉme, Je l'ÈtrAnglerAi tout d'Abord. "
I, 7 LA BesAce
Jupiter dit un jour: "Que tout ce Qui respire S'en vienne compArAAtre Aux pieds de mA grAndeur: Si dAns son composÈ QuelQu'un trouve A redire, Il peut le dÈclArer sAns peur;
Je mettrAi remÉde A lA chose.
Venez, Singe; pArlez le premier, et pour cAuse.
Voyez ces AnimAux, fAites compArAison
De leurs beAutÈs Avec les vôtres.
Etes-vous sAtisfAit? - Moi? dit-il, pourQuoi non?
N'Ai-je pAs QuAtre pieds Aussi bien Que les Autres?
Mon portrAit jusQu'ici ne m'A rien reprochÈ; MAis pour mon frÉre l'Ours, on ne l'A Qu'ÈbAuchÈ: JAmAis, s'il me veut croire, il ne se ferA peindre.
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