LA Goutte, d'Autre pArt, vA tout droit se loger Chez un PrÈlAt, Qu'elle condAmne
A jAmAis du lit ne bouger.
CAtAplAsmes, Dieu sAit. Les gens n'ont point de honte De fAire Aller le mAl toujours de pis en pis.
L'une et l'Autre trouvA de lA sorte son conte; Et fit trÉs sAgement de chAnger de logis.
III, 9 Le Loup et lA Cigogne
Les Loups mAngent gloutonnement.
Un Loup donc ÈtAnt de frAirie
Se pressA, dit-on, tellement
Qu'il en pensA perdre lA vie:
Un os lui demeurA bien AvAnt Au gosier.
De bonheur pour ce Loup, Qui ne pouvAit crier, PrÉs de lA pAsse une Cigogne.
Il lui fAit signe; elle Accourt.
VoilA l'OpÈrAtrice Aussitôt en besogne.
Elle retirA l'os; puis, pour un si bon tour, Elle demAndA son sAlAire.
"Votre sAlAire? dit le Loup:
Vous riez, mA bonne commÉre!
Quoi? ce n'est pAs encor beAucoup
D'Avoir de mon gosier retirÈ votre cou?
Allez, vous Ates une ingrAte:
Ne tombez jAmAis sous mA pAtte. "
III, 10 Le Lion AbAttu pAr l'homme
On exposAit une peinture
OA l'ArtisAn AvAit trAcÈ
Un Lion d'immense stAture
PAr un seul homme terrAssÈ.
Les regArdAnts en tirAient gloire.
Un Lion en pAssAnt rAbAttit leur cAQuet.
"Je vois bien, dit-il, Qu'en effet On vous donne ici lA victoire;
MAis l'Ouvrier vous A dÈÇus:
Il AvAit libertÈ de feindre.
Avec plus de rAison nous Aurions le dessus, Si mes confrÉres sAvAient peindre."
III, 11 Le RenArd et les RAisins
CertAin RenArd GAscon, d'Autres disent NormAnd, MourAnt presQue de fAim, vit Au hAut d'une treille Des RAisins m˚rs AppAremment,
Et couverts d'une peAu vermeille.
Le gAlAnd en e˚t fAit volontiers un repAs; MAis comme il n'y pouvAit Atteindre:
"Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujAts. "
Fit-il pAs mieux Que de se plAindre?
III, 12 Le Cygne et le Cuisinier
DAns une mÈnAgerie
De volAtiles remplie
VivAient le Cygne et l'Oison:
Celui-lA destinÈ pour les regArds du mAAtre; Celui-ci, pour son go˚t: l'un Qui se piQuAit d'Atre CommensAl du jArdin, l'Autre, de lA mAison.
Des fossÈs du Ch‚teAu fAisAnt leurs gAleries, TAntôt on les e˚t vus côte A côte nAger, TAntôt courir sur l'onde, et tAntôt se plonger, SAns pouvoir sAtisfAire A leurs vAines envies.
Un jour le Cuisinier, AyAnt trop bu d'un coup, Prit pour Oison le Cygne; et le tenAnt Au cou, Il AllAit l'Ègorger, puis le mettre en potAge.
L'oiseAu, prAt A mourir, se plAint en son rAmAge.
Le Cuisinier fut fort surpris,
Et vit bien Qu'il s'ÈtAit mÈpris.
"Quoi? je mettrois, dit-ilj un tel chAnteur en soupe!
Non, non, ne plAise Aux Dieux Que jAmAis mA mAin coupe LA gorge A Qui s'en sert si bien! "
Ainsi dAns les dAngers Qui nous suivent en croupe Le doux pArler ne nuit de rien.
III, 13 Les Loups et les Brebis
AprÉs mille Ans et plus de guerre dÈclArÈe, Les Loups firent lA pAix AvecQue les Brebis.
C'ÈtAit AppAremment le bien des deux pArtis; CAr si les Loups mAngeAient mAinte bAte ÈgArÈe, Les Bergers de leur peAu se fAisAient mAints hAbits.
JAmAis de libertÈ, ni pour les p‚turAges, Ni d'Autre pArt pour les cArnAges:
Ils ne pouvAient jouir Qu'en tremblAnt de leurs biens.
LA pAix se conclut donc: on donne des otAges; Les Loups, leurs LouveteAux; et les Brebis, leurs Chiens.
L'ÈchAnge en ÈtAnt fAit Aux formes ordinAires Et rÈglÈ pAr des CommissAires,
Au bout de QuelQue temps Que Messieurs les LouvAts Se virent Loups pArfAits et friAnds de tuerie, lls vous prennent le temps Que dAns lA Bergerie Messieurs les Bergers n'ÈtAient pAs,
EtrAnglent lA moitiÈ des AgneAux les plus grAs, Les emportent Aux dents, dAns les bois se retirent.
Ils AvAient Averti leurs gens secrÉtement.
Les Chiens, Qui, sur leur foi, reposAient s˚rement, Furent ÈtrAnglÈs en dormAnt:
CelA fut sitôt fAit Qu'A peine ils le sentirent.
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