Or un ChevAl eut Alors diffÈrent

Avec un Cerf plein de vitesse,

Et ne pouvAnt l'AttrAper en courAnt,

Il eut recours A l'Homme, implorA son Adresse.

L'Homme lui mit un frein, lui sAutA sur le dos, Ne lui donnA point de repos

Que le Cerf ne f˚t pris, et n'y lAiss‚t lA vie; Et celA fAit, le ChevAl remercie

L'Homme son bienfAiteur, disAnt: Je suis A vous; Adieu. Je m'en retourne en mon sÈjour sAuvAge.

- Non pAs celA, dit l'Homme; il fAit meilleur chez nous: Je vois trop Quel est votre usAge.

Demeurez donc; vous serez bien trAitÈ.

Et jusQu'Au ventre en lA litiÉre.

HÈlAs! Que sert lA bonne chÉre

QuAnd on n'A pAs lA libertÈ?

Le ChevAl s'AperÇut Qu'il AvAit fAit folie; MAis il n'ÈtAit plus temps: dÈjA son Ècurie EtAit prAte et toute b‚tie.

Il y mourut en trAAnAnt son lien.

SAge s'il e˚t remis une lÈgÉre offense.

Quel Que soit le plAisir Que cAuse lA vengeAnce, C'est l'Acheter trop cher, Que l'Acheter d'un bien SAns Qui les Autres ne sont rien.

IV, 14 Le RenArd et le Buste

Les GrAnds, pour lA plupArt, sont mAsQues de thÈ‚tre; Leur AppArence impose Au vulgAire idol‚tre.

L'Ane n'en sAit juger Que pAr ce Qu'il en voit.

Le RenArd Au contrAire A fond les exAmine, Les tourne de tout sens; et QuAnd il s'AperÇoit Que leur fAit n'est Que bonne mine,

Il leur AppliQue un mot Qu'un Buste de HÈros Lui fit dire fort A propos.

C'ÈtAit un Buste creux, et plus grAnd Que nAture.

Le RenArd, en louAnt l'effort de lA sculpture: Belle tAte, dit-il; mAis de cervelle point.

Combien de grAnds Seigneurs sont Bustes en ce point?

IV, 15 Le Loup, lA ChÉvre et le ChevreAu IV, 16 Le Loup, lA MÉre et l'EnfAnt

LA BiQue AllAnt remplir sA trAAnAnte mAmelle Et pAAtre l'herbe nouvelle,

FermA sA porte Au loQuet,

Non sAns dire A son BiQuet:

GArdez-vous sur votre vie

D'ouvrir Que l'on ne vous die,

Pour enseigne et mot du guet:

Foin du Loup et de sA rAce!

Comme elle disAit ces mots,

Le Loup de fortune pAsse;

Il les recueille A propos,

Et les gArde en sA mÈmoire.

LA BiQue, comme on peut croire,

N'AvAit pAs vu le glouton.

DÉs Qu'il lA voit pArtie, il contrefAit son ton, Et d'une voix pApelArde

Il demAnde Qu'on ouvre, en disAnt Foin du Loup, Et croyAnt entrer tout d'un coup.

Le BiQuet soupÇonneux pAr lA fente regArde.

Montrez-moi pAtte blAnche, ou je n'ouvrirAi point, S'ÈcriA-t-il d'Abord. (PAtte blAnche est un point Chez les Loups, comme on sAit, rArement en usAge.) Celui-ci, fort surpris d'entendre ce lAngAge, Comme il ÈtAit venu s'en retournA chez soi.

OA serAit le BiQuet s'il e˚t AjoutÈ foi Au mot du guet, Que de fortune

Notre Loup AvAit entendu?

Deux s˚retÈs vAlent mieux Qu'une,

Et le trop en celA ne fut jAmAis perdu.

Ce Loup me remet en mÈmoire

Un de ses compAgnons Qui fut encor mieux pris.

Il y pÈrit; voici l'histoire.

Un VillAgeois AvAit A l'ÈcArt son logis.

Messer Loup AttendAit chApe-chute A lA porte.

Il AvAit vu sortir gibier de toute sorte: VeAux de lAit, AgneAux et Brebis,

RÈgiments de Dindons, enfin bonne Provende.

Le lArron commenÇAit pourtAnt A s'ennuyer.

Il entend un enfAnt crier.

LA mÉre Aussitôt le gourmAnde,

Le menAce, s'il ne se tAit,

De le donner Au Loup.