L'AnimAl se tient prAt, RemerciAnt les Dieux d'une telle Aventure, QuAnd lA MÉre, ApAisAnt sA chÉre gÈniture, Lui dit: Ne criez point; s'il vient, nous le tuerons.

- Qu'est ceci? s'ÈcriA le mAngeur de Moutons.

Dire d'un, puis d'un Autre? Est-ce Ainsi Que l'on trAite Les gens fAits comme moi? me prend-on pour un sot?

Que QuelQue jour ce beAu mArmot

Vienne Au bois cueillir lA noisette!

Comme il disAit ces mots, on sort de lA mAison: Un chien de cour l'ArrAte. Epieux et fourches-fiÉres L'Ajustent de toutes mAniÉres.

Que veniez-vous chercher en ce lieu? lui dit-on.

Aussitôt il contA l'AffAire.

Merci de moi, lui dit lA MÉre,

Tu mAngerAs mon Fils! L'Ai-je fAit A dessein Qu'il Assouvisse un jour tA fAim?

On AssommA lA pAuvre bAte.

Un mAnAnt lui coupA le pied droit et lA tAte: Le Seigneur du VillAge A sA porte les mit, Et ce dicton picArd A l'entour fut Ècrit: BiAux chires Leups, n'Ècoutez mie

MÉre tenchent chen fieux Qui crie.

IV, 17 PArole de SocrAte

SocrAte un jour fAisAnt b‚tir,

ChAcun censurAit son ouvrAge:

L'un trouvAit les dedAns, pour ne lui point mentir, Indignes d'un tel personnAge;

L'Autre bl‚mAit lA fAce, et tous ÈtAient d'Avis Que les AppArtements en ÈtAient trop petits.

Quelle mAison pour lui! L'on y tournAit A peine.

Pl˚t Au ciel Que de vrAis Amis,

Telle Qu'elle est, dit-il, elle p˚t Atre pleine!

Le bon SocrAte AvAit rAison

De trouver pour ceux-lA trop grAnde sA mAison.

ChAcun se dit Ami; mAis fol Qui s'y repose: Rien n'est plus commun Que ce nom,

Rien n'est plus rAre Que lA chose.

IV, 18 Le VieillArd et ses EnfAnts

Toute puissAnce est fAible, A moins Que d'Atre unie.

Ecoutez lA-dessus l'esclAve de Phrygie.

Si j'Ajoute du mien A son invention,

C'est pour peindre nos moeurs, et non point pAr envie; Je suis trop Au-dessous de cette Ambition.

PhÉdre enchÈrit souvent pAr un motif de gloire; Pour moi, de tels pensers me serAient mAlsÈAnts.

MAis venons A lA FAble ou plutôt A l'Histoire De celui Qui t‚chA d'unir tous ses enfAnts.

Un VieillArd prAt d'Aller oA lA mort l'AppelAit: Mes chers enfAnts, dit-il (A ses fils, il pArlAit), Voyez si vous romprez ces dArds liÈs ensemble; Je vous expliQuerAi le noeud Qui les Assemble.

L'AAnÈ les AyAnt pris, et fAit tous ses efforts, Les rendit, en disAnt: "Je le donne Aux plus forts. "

Un second lui succÉde, et se met en posture; MAis en vAin. Un cAdet tente Aussi l'Aventure.

Tous perdirent leur temps, le fAisceAu rÈsistA; De ces dArds joints ensemble un seul ne s'ÈclAtA.

FAibles gens! dit le pÉre, il fAut Que je vous montre Ce Que mA force peut en semblAble rencontre.

On crut Qu'il se moQuAit; on sourit, mAis A tort.

Il sÈpAre les dArds, et les rompt sAns effort.

Vous voyez, reprit-il, l'effet de lA concorde.

Soyez joints, mes enfAnts, Que l'Amour vous Accorde.

TAnt Que durA son mAl, il n'eut Autre discours.

Enfin se sentAnt prAt de terminer ses jours: Mes chers enfAnts, dit-il, je vAis oA sont nos pÉres.

Adieu, promettez-moi de vivre comme frÉres; Que j'obtienne de vous cette gr‚ce en mourAnt.