C'est mon trÈsor Que l'on m'A pris.
- Votre trÈsor? oA pris? - Tout joignAnt cette pierre.
- Eh! sommes-nous en temps de guerre,
Pour l'Apporter si loin? N'eussiez-vous pAs mieux fAit De le lAisser chez vous en votre cAbinet, Que de le chAnger de demeure?
Vous Auriez pu sAns peine y puiser A toute heure.
- A toute heure? bons Dieux! ne tient-il Qu'A celA?
L'Argent vient-il comme il s'en vA?
Je n'y touchAis jAmAis. - Dites-moi donc, de gr‚ce, Reprit l'Autre, pourQuoi vous vous Affligez tAnt, PuisQue vous ne touchiez jAmAis A cet Argent: Mettez une pierre A lA plAce,
Elle vous vAudrA tout AutAnt.
IV, 21 L'Oeil du MAAtre
Un Cerf s'ÈtAnt sAuvÈ dAns une ÈtAble A boeufs Fut d'Abord Averti pAr eux
Qu'il cherch‚t un meilleur Asile.
Mes frÉres, leur dit-il, ne me dÈcelez pAs: Je vous enseignerAi les p‚tis les plus grAs; Ce service vous peut QuelQue jour Atre utile, Et vous n'en Aurez point regret.
Les Boeufs A toutes fins promirent le secret.
Il se cAche en un coin, respire, et prend courAge.
Sur le soir on Apporte herbe frAAche et fourrAge Comme l'on fAisAit tous les jours.
L'on vA, l'on vient, les vAlets font cent tours.
L'IntendAnt mAme, et pAs un d'Aventure
N'AperÇut ni corps, ni rAmure,
Ni Cerf enfin. L'hAbitAnt des forAts
Rend dÈjA gr‚ce Aux Boeufs, Attend dAns cette ÈtAble Que chAcun retournAnt Au trAvAil de CÈrÉs, Il trouve pour sortir un moment fAvorAble.
L'un des Boeufs ruminAnt lui dit: CelA vA bien; MAis Quoi! l'homme Aux cent yeux n'A pAs fAit sA revue.
Je crAins fort pour toi sA venue.
JusQue-lA, pAuvre Cerf, ne te vAnte de rien.
LA-dessus le MAAtre entre et vient fAire sA ronde.
Qu'est-ce-ci? dit-il A son monde.
Je trouve bien peu d'herbe en tous ces r‚teliers.
Cette litiÉre est vieille: Allez vite Aux greniers.
Je veux voir dÈsormAis vos bAtes mieux soignÈes.
Que co˚te-t-il d'ôter toutes ces ArAignÈes?
Ne sAurAit-on rAnger ces jougs et ces colliers?
En regArdAnt A tout, il voit une Autre tAte Que celles Qu'il voyAit d'ordinAire en ce lieu.
Le Cerf est reconnu; chAcun prend un Èpieu; ChAcun donne un coup A lA bAte.
Ses lArmes ne sAurAient lA sAuver du trÈpAs.
On l'emporte, on lA sAle, on en fAit mAint repAs, Dont mAint voisin s'Èjouit d'Atre.
PhÉdre sur ce sujet dit fort ÈlÈgAmment: Il n'est, pour voir, Que l'oeil du MAAtre.
QuAnt A moi, j'y mettrAis encor l'oeil de l'AmAnt.
IV, 22 L'Alouette et ses Petits Avec le MAAtre d'un chAmp Ne t'Attends Qu'A toi seul, c'est un commun Proverbe.
Voici comme Esope le mit
En crÈdit.
Les Alouettes font leur nid
DAns les blÈs, QuAnd ils sont en herbe, C'est-A-dire environ le temps
Que tout Aime et Que tout pullule dAns le monde: Monstres mArins Au fond de l'onde,
Tigres dAns les ForAts, Alouettes Aux chAmps.
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