Quel plAisir A-t-il eu depuis Qu'il est Au monde?

En est-il un plus pAuvre en lA mAchine ronde?

Point de pAin QuelQuefois, et jAmAis de repos.

SA femme, ses enfAnts, les soldAts, les impôts, Le crÈAncier, et lA corvÈe

Lui font d'un mAlheureux lA peinture AchevÈe.

Il Appelle lA mort, elle vient sAns tArder, Lui demAnde ce Qu'il fAut fAire

C'est, dit-il, Afin de m'Aider

A rechArger ce bois; tu ne tArderAs guÉre.

Le trÈpAs vient tout guÈrir;

MAis ne bougeons d'oA nous sommes.

Plutôt souffrir Que mourir,

C'est lA devise des hommes.

I, 17 L'Homme entre deux ‚ges, et ses deux MAAtresses Un homme de moyen ‚ge,

Et tirAnt sur le grison,

JugeA Qu'il ÈtAit sAison

De songer Au mAriAge.

Il AvAit du comptAnt,

Et pArtAnt

De Quoi choisir. Toutes voulAient lui plAire; En Quoi notre Amoureux ne se pressAit pAs tAnt; Bien Adresser n'est pAs petite AffAire.

Deux veuves sur son coeur eurent le plus de pArt: L'une encor verte, et l'Autre un peu bien m˚re, MAis Qui rÈpArAit pAr son Art

Ce Qu'AvAit dÈtruit lA nAture.

Ces deux Veuves, en bAdinAnt,

En riAnt, en lui fAisAnt fAte,

L'AllAient QuelQuefois testonnAnt,

C'est-A-dire AjustAnt sA tAte.

LA Vieille A tous moments de sA pArt emportAit Un peu du poil noir Qui restAit,

Afin Que son AmAnt en f˚t plus A sA guise.

LA Jeune sAccAgeAit les poils blAncs A son tour.

Toutes deux firent tAnt, Que notre tAte grise DemeurA sAns cheveux, et se doutA du tour.

Je vous rends, leur dit-il, mille gr‚ces, les Belles, Qui m'Avez si bien tondu;

J'Ai plus gAgnÈ Que perdu:

CAr d'Hymen point de nouvelles.

Celle Que je prendrAis voudrAit Qu'A sA fAÇon Je vÈcusse, et non A lA mienne.

Il n'est tAte chAuve Qui tienne,

Je vous suis obligÈ, Belles, de lA leÇon.

I, 18 Le RenArd et lA Cigogne

CompÉre le RenArd se mit un jour en frAis, et retint A dAner commÉre lA Cigogne.

Le rÈgAl f˚t petit et sAns beAucoup d'ApprAts: Le gAlAnt pour toute besogne,

AvAit un brouet clAir; il vivAit chichement.

Ce brouet fut pAr lui servi sur une Assiette: LA Cigogne Au long bec n'en put AttrAper miette; Et le drôle eut lApÈ le tout en un moment.

Pour se venger de cette tromperie,

A QuelQue temps de lA, lA Cigogne le prie.

"Volontiers, lui dit-il; cAr Avec mes Amis Je ne fAis point cÈrÈmonie. "

A l'heure dite, il courut Au logis

De lA Cigogne son hôtesse;

LouA trÉs fort lA politesse;

TrouvA le dAner cuit A point:

Bon AppÈtit surtout; RenArds n'en mAnQuent point.

Il se rÈjouissAit A l'odeur de lA viAnde Mise en menus morceAux, et Qu'il croyAit friAnde.

On servit, pour l'embArrAsser,

En un vAse A long col et d'Ètroite embouchure.

Le bec de lA Cigogne y pouvAit bien pAsser; MAis le museAu du sire ÈtAit d'Autre mesure.

Il lui fAllut A jeun retourner Au logis, Honteux comme un RenArd Qu'une Poule AurAit pris, SerrAnt lA Queue, et portAnt bAs l'oreille.

Trompeurs, c'est pour vous Que j'Ècris: Attendez-vous A lA pAreille.

I, 19 L'EnfAnt et le MAAtre d'Ècole

DAns ce rÈcit je prÈtends fAire voir

D'un certAin sot lA remontrAnce vAine.

Un jeune enfAnt dAns l'eAu se lAissA choir, En bAdinAnt sur les bords de lA Seine.

Le Ciel permit Qu'un sAule se trouvA,

Dont le brAnchAge, AprÉs Dieu, le sAuvA.