Frères de sang
Richard Price
FRÈRES DE SANG
Roman
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jacques Martinache

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Du même auteur
Dédicace
Citations
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Titre original : Blood Brothers
© PIEFACE, INC., 1976
Tous droits réservés, incluant les droits de reproduction d’une partie ou de toute l’œuvre sur tous types de supports.
© Presses de la Cité, un département de
, 2010 pour la traduction française
EAN 978-2-258-08680-7
DU MÊME AUTEUR
CHEZ LE MÊME ÉDITEUR
Le Samaritain
Les Seigneurs
Ville noire, ville blanche
Souvenez-vous de moi
Clockers
A John Califano, un vrai frère de sang, en amour et en amitié, « tu sais comment on fait… »
A Sabrina Di Benedetto
A Ellen Joseph et Carl Brandt, pour leur enthousiasme et leurs encouragements
A Cubby
A lord Buckley
Qui je suis…
Je crois plutôt que je suis Mighty Mouse et que je vole dans l’air.
Mais maintenant… ils me posent des questions : de quoi je rêve et à quoi je pense, et sur ma mère, mon père, des trucs comme ça.
Mec, tu commences à penser à ces trucs et tu te mets à suer comme un toxico…
Tu te demandes : Pourquoi je suis moi – comment ça se fait que je suis moi –, pourquoi je suis là et pas ailleurs, et tu finis par flipper comme si tu marchais dans une rue déserte la nuit. T’as tellement la trouille qu’elle te sort par les oreilles…
Warren Miller, The Cool World
1
Une bouffée d’air chaud et aigre dériva vers le côté du lit de Tommy quand sa femme roula sur le flanc dans son sommeil. Allongé sur le dos, Tommy De Coco fumait une Marlboro en fixant les stores métalliques verts, dont l’une des lattes, tordue, laissait passer la lumière du petit matin. Il était sept heures trente.
— Tommy, non…
Il tourna la tête. Marie parlait de nouveau en dormant, étendue sur le ventre, et il contempla les taches de rousseur marron et blanches qui faisaient ressembler son dos et ses épaules à une tranche de salami. Il laissa tomber sa cigarette, passa un bras derrière sa nuque. Se caressa distraitement la queue sous les couvertures. Quatre rues plus bas, les cloches d’une église sonnèrent.
Dimanche. Jour de la famille. Quoi qu’il fasse les six autres jours de la semaine, Tommy De Coco se conduisait en père de famille le dimanche. Et ce dimanche, il avait une surprise pour sa famille.
Sa main avait gardé l’odeur de cette saloperie huileuse qu’on foutait dans les capotes. Ses poils pubiens étaient encore humides. Il se demanda s’il allait se lever et prendre une douche avant que Marie se réveille et sente l’odeur. Dur, dur. Qu’est-ce qu’elle ferait ? Elle se mettrait à gueuler ? Il la cognerait si fort qu’elle chierait des morceaux de dent pendant une semaine. Il renifla ses doigts. Merde. Il roula hors du lit et se dirigea vers la douche. Ça pue quand même, cette saleté.
Stony De Coco, dix-sept ans, fut réveillé par le grésillement de la douche de l’autre côté du mur. Se soulevant légèrement, il vit que son frère Albert dormait encore, la tête cachée par la commode placée entre leurs lits. Il tira une Marlboro de dessous son oreiller. Dimanche. Jour de la famille. Jour de merde en barres. Son vieux ferait monter tout le monde dans sa foutue caisse et traverserait tout le Bronx en cherchant un film tous publics. Et Stony ne pourrait même pas l’ouvrir parce que son vieux avait l’ongle du pouce gros comme une écaille d’huître et que s’il emmerdait Tommy il se mangerait une mandale derrière l’oreille, quelque chose de bien.
Albert De Coco, huit ans, écoutait son grand frère fumer. Il avait peur que Stony chope le cancer du poumon, à cloper comme ça tous les matins. Albert avait envie de vomir chaque fois qu’il se réveillait. La seule idée de nourriture lui donnait la nausée et il espérait que sa mère ne le forcerait pas à manger, comme le dimanche précédent. Puis il se rappela qu’elle avait menacé de le nourrir comme un bébé s’il ne se décidait pas à manger plus, et un frisson secoua son corps squelettique.
Marie De Coco rêvait de nouveau de sa mère.
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