Je me sens comme un con. J’avais bien besoin de ça.

Butler prit une serviette en papier sur le comptoir et tamponna le visage de son ami. Stony s’empara de la serviette en riant.

— Arrête, tu te prends pour ma mère ?

— Ah, non, se récria Butler, horrifié.

Stony se moucha dans la serviette et la laissa tomber par terre.

— File-moi les clefs de ta caisse, que j’aille au Camelot voir Annette.

— Je t’accompagne.

— Non, je veux y aller seul.

Butler eut l’air sceptique.

— Tu vas pas chez Cheri, hein ?

— T’es dingue, répliqua Stony avec un petit sourire.

Butler tendit le bras pour donner les clefs, ramena sa main en arrière.

— T’es sûr ?

— File-les-moi, bordel, dit Stony en arrachant les clefs des mains de Butler. Je serai de retour dans une heure. Je vais me fai’e déf’omager le mina’et, mon f’ère !

Au moment où il quittait le D’Artagnan, LaBelle braillait Lady Marmalade. « Voulez-vous coucher avec moi ce soir ? »

Stony alla droit chez Cheri.

 

Chez Cheri, Mott se sentait le cul entre deux chaises. Il était pris entre son désir pour Cheri et la peur de la réaction de Stony. Il savait se défendre – Mott, c’était plus de cent kilos de méchante barbaque –, mais on ne peut jamais savoir ce que fera un mec si on se tape sa gonzesse.

Assise à côté de Mott, Cheri gardait le silence. S’il avait la queue aussi grosse que son bide, ça devrait aller. Stony était un vrai gland, des fois. Elle n’avait baisé qu’avec lui. Chaque fois qu’il lui broutait le minou, elle mouillait comme une fontaine, mais elle ne jouissait jamais quand il la tringlait. Inez était sortie avec Mott et elle avait pris son pied à chaque fois. Cheri avait bientôt dix-sept ans, elle voulait profiter de la vie. Stony ferait la gueule un moment mais tant pis. C’était drôle. Aussi couillon que Stony pouvait être, il y avait quelque chose en lui qui l’accrochait vraiment. Elle avait juste besoin d’autres expériences. Côté romantique, Mott était chiant comme la pluie. C’était une expérience scientifique. Si Stony allait voir Annette Trois-Doigts ce soir, demain serait peut-être un meilleur jour.

 

Stony prit White Plains Road jusqu’au métro aérien. Son cœur pompait du Kool-Aid. Il imaginait Cheri nue, avec seulement ses grandes chaussettes, les bleues, faisant une turlutte à Mott, qui lui lâchait la purée dans la figure. Dans la foulée, il la soulevait et l’abaissait lentement sur sa bite. Il se tenait les jambes écartées tandis que Cheri, accrochée à son cou, l’enserrait de ses cuisses. Les mains de Mott soulevaient et abaissaient les fesses de Cheri au-dessus de son gourdin. Cheri lui mordait le cou. Elle gémissait, poussait de petits cris aigus, des Oh, des Ah

Stony avait la trique et des difficultés pour débrayer.

 

— Tu veux boire quelque chose ? proposa Cheri.

Elle se leva et passa dans la cuisine.

— Non… merci.

Vautré sur le sofa de satin rayé vert et blanc, Mott sentait que quelque chose clochait. Il devinait un danger. Cheri se fit un gin tonic et cria de la cuisine :

— T’es sûr ?

— Ouais.

Mott tentait de se concentrer sur les doudounes de Cheri, mais il avait surtout l’impression d’être au Vietnam.

— Ils sont où, tes parents ?

— Ils passent une semaine à Porto Rico.

Elle revint dans le séjour en marchant avec précaution, comme si son verre était plein à ras bord.

Mott avait entendu dire que Cheri jouissait seulement quand on lui bouffait la chatte.