Et puis il avait parlé à Arthur d’un autre chien et d’une jeune fille : Elle avait l’habitude de donner un morceau de sucre à ce chien dès qu’elle le voyait. La jeune fille travaillait dans une boutique où on vendait du sucre, et un jour elle avait vu entrer l’homme à qui appartenait le chien, et quand il était venu elle lui avait demandé où est le chien et il lui avait dit le chien est mort. Elle avait son morceau de sucre dans la main et quand il avait dit ça elle avait mis le morceau de sucre dans sa bouche et elle l’avait mangé et puis elle avait éclaté en sanglots.

Il parlait à Arthur des moutons, il lui disait que les moutons s’intéressaient à tout mais surtout aux chiens, ils étaient toujours à la recherche de chiens qui ressemblaient à des moutons et quelquefois ils en trouvaient un et quand ils en trouvaient un ça leur faisait plaisir à eux les jeunes les bébés moutons, mais les vieux avaient peur, dès qu’ils voyaient un chien qui avait vraiment l’air d’un mouton, et ils se ruaient dessus et essayaient de lui donner des coups de tête.

Il avait également parlé à Arthur des vaches, il disait que les vaches n’étaient pas toujours d’accord, il disait qu’il y avait des vaches qui avaient horreur de tout. Il lui avait également parlé des taureaux. Il disait que les taureaux n’étaient pas très intéressants.

Il restait là debout, le garçon au pied-bot, appuyé à sa bicyclette, et il lui racontait tout à Arthur.

Arthur lorsqu’il fut un peu plus grand fit la connaissance d’un homme, pas de très grande taille. L’homme était assez petit et c’était un bon grimpeur. Il pouvait non seulement grimper aux fenêtres et en redescendre mais redescendre également de sur une porte même quand la porte était fermée. Il était très remarquable. Arthur le lui avait demandé et s’était entendu répondre qu’il ne pensait qu’à ça à grimper. Et pourquoi pas puisqu’il pouvait grimper partout.

Arthur pour ce qui était de grimper n’était pas très fort. Il devait se contenter d’écouter parler le petit homme. Celui-ci lui racontait comment il pouvait grimper en haut d’une grille, en haut d’une porte, en haut d’une perche. Le petit homme s’appelait Bernard. Il disait que c’était le nom d’un saint. Et puis eh bien naturellement et puis il était parti. Il était finalement parti tout seul.

Arthur était presque assez grand pour partir. Et assez vite il était parti.

Il avait essayé différentes façons de partir et finalement il était parti en bateau et avait fait naufrage et son oreille avait gelé.

Il avait tant aimé ça qu’il avait essayé de faire à nouveau naufrage mais il n’avait pas réussi. Il avait essayé un tas de fois, il avait essayé avec tous les genres de bateaux mais ils ne faisaient plus jamais naufrage. Ça n’arrive qu’une fois, s’était-il finalement dit.

Il avait fait un tas de choses avant de s’en retourner au cœur du grand pays où il était né.

Finalement il était devenu officier dans l’armée de terre et avait épousé Ida mais avant ça il avait vécu un peu partout.

Il lui arrivait entre autres de dormir dans un lit sous un pont. Le lit était en carton. Ce n’était pas lui qui l’avait fabriqué. Quelqu’un d’autre l’avait fait mais quand Arthur ne savait où aller parce qu’il avait dépensé tout son argent il allait dormir là. Il y avait toujours quelqu’un qui y dormait. De jour comme de nuit il y avait toujours quelqu’un qui y dormait. Arthur était de ceux qui dès qu’ils se réveillent se rasent et se lavent dans la rivière, il avait toujours ses affaires avec lui.

C’était le bon temps. Au lieu de travailler ou d’avoir de l’argent Arthur se contentait d’écouter n’importe qui. Ça lui donnait sommeil et il n’était toujours qu’à moitié éveillé et il avait l’habitude à sa manière dans son sommeil de parler de sucre et de cuisine. Il parlait aussi de verres gradués.

Arthur ne pêchait jamais dans les rivières. Il avait trop souvent dormi sous les ponts pour se soucier d’aller pêcher. Un soir il avait rencontré un homme qui revenait de la pêche.