La boite en carton - Recueil Les mémoires de Sherlock Holmes
La boite en carton - Recueil Les mémoires de Sherlock Holmes
Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »
Arthur Conan Doyle
1859-1930
LA BOITE EN CARTON
Les mémoires de Sherlock Holmes
(janvier 1893)
Table des matières
La boite en carton..................................................................... 3
Toutes les aventures de Sherlock Holmes ............................. 36
À propos de cette édition électronique .................................. 39
La boite en carton
En choisissant quelques affaires typiques qui illustrent les
remarquables qualités mentales de mon ami Sherlock Holmes,
j’ai autant que possible accordé la préséance à celles qui, moins
sensationnelles peut-être, offraient à ses talents le meilleur
champ de manœuvres. Il est toutefois malheureusement
impossible de séparer tout à fait le sensationnel du criminel, et le
chroniqueur se débat dans un dilemme : ou sacrifier des détails
essentiels et donner ainsi du problème une présentation inexacte,
ou bien se servir de la matière que le hasard, et non un choix, lui
fournit. Après cette courte préface je me tourne vers mes notes
pour en extraire une chaîne d’événements étranges et
particulièrement terribles.
C’était une journée d’août ; il régnait une chaleur torride.
Baker Street ressemblait à une fournaise ; la réverbération du
soleil sur les briques jaunes de la maison d’en face était pénible
pour l’œil ; on avait de la peine à croire que c’était les mêmes
murs qui surgissaient si lugubrement des brouillards de l’hiver.
Nos stores étaient à demi tirés. Holmes était roulé en boule sur le
canapé : il lisait et relisait une lettre que lui avait apportée le
courrier du matin. Quant à moi, mon temps de service aux Indes
m’avait entraîné à mieux supporter la chaleur que le froid, et une
température de 33° ne m’éprouvait nullement. Mais le journal du
matin n’avait aucune nouvelle intéressante. Le Parlement était en
vacances. Tout le monde avait déserté la capitale. Je languissais
après les clairières de la Nouvelle-Forêt ou les galets de Southsea.
Un compte en banque réduit à zéro m’avait obligé à retarder mes
vacances. Mon compagnon n’éprouvait pas le moindre attrait
pour la campagne ni pour la mer : il affectionnait de vivre au
centre de cinq millions d’habitants, d’étirer ses fils parmi eux, de
vibrer au premier bruit déclenché par un crime mystérieux.
L’amour de la nature ne faisait certes pas partie de ses dons
innombrables.
Comme Holmes me semblait trop absorbé pour bavarder avec
moi, j’avais rejeté mon journal et, m’adossant sur ma chaise,
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j’étais tombé dans une profonde rêverie. Soudain la voix de
Sherlock Holmes s’immisça dans mes pensées.
« Vous avez raison. Watson ! me dit-il. C’est une manière tout
à fait absurde de régler un conflit.
– N’est-ce pas ? Tout à fait absurde ! » m’exclamai-je.
Et subitement, je me rendis compte qu’il avait fait écho à ma
pensée la plus profonde. Je me redressai et le regardai avec
ahurissement.
« Qu’est-ce à dire, Holmes ? m’écriai-je. Voilà qui dépasse
l’imagination. »
Il se mit à rire de bon cœur.
« Rappelez-vous qu’il y a quelque temps, lorsque je vous ai lu
le passage de l’un des contes de Pœ où un logicien serré suit les
pensées non formulées de son compagnon, vous avez été enclin à
prendre cela pour un vulgaire tour de force de l’auteur.
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