Il choisit la première solution ; mais on le voit s'étonner de l'ignorance du père sur ce qui va se produire incessamment, éprouver un certain embarras lorsqu'il faut s'expliquer sur ce point, et cependant employer le passé lorsqu'il parle de son ami, comme si celui-ci était déjà mort.
[96] Frédéric II, empereur d'Allemagne et roi de Sicile de 1220 à 1250, réputé épicurien parmi ses contemporains ; d'après le chroniqueur Salimbene, il avait fait réunir « tout ce qu'on pouvait trouver dans l'Écriture sainte de nature à prouver qu'il n'y a pas d'autre vie après la mort » Le Cardinal est Ottaviano degli Ubaldini, évêque de Bologne (1240-1244), cardinal (1245-1273), connu pour des sentiments à peu près semblables.
[97] Virgile promet à Dante que Béatrice lui découvrira l'avenir ; mais Béatrice ne le fait qu'indirectement, en le faisant parler à Cacciaguida, qui lui dit effectivement quel sera son sort. Les commentateurs pensent que c'est à cet épisode (Paradis, XVII) qu'il est fait allusion ici, par anticipation. Il est cependant permis de penser que cette promesse ne fut pas tenue par le poète, et que la marche qu'il suivit dans la composition de son poème l'éloigna de cette première intention.
[98] Les deux poètes se trouvent en ce moment sur le rebord du sixième cercle, au-dessus du septième ; mais ils ne descendront jusqu'à ce dernier qu'au commencement du chant suivant.
[99] Anastase Il fut pape de 496 à 498. On l'accusait, peut-être à tort, de s'être laissé séduire par l'hérésie de Photin, diacre de Thessalonique et sectateur d'Acacius, qui croyait que le Christ n'avait en lui que la seule nature humaine.
[100] Ce sont les septième, huitième et neuvième cercles de l'Enfer. Virgile explique ici leur distribution et leur affectation. En voici l'essentiel : les trois derniers cercles sont réservés aux pécheurs par malice, divisés en deux classes : les violents plus haut, et les traîtres plus bas. Parmi les derniers, on distingue la violence contre le prochain, contre soi-même et contre Dieu, ce qui donne la distribution du septième cercle, celui des violents, divisé en trois girons concentriques. Le huitième cercle contient les fraudeurs contre ceux qui sont prévenus et sur leurs gardes ; et le dernier est réservé aux traîtres, qui trompent la confiance de leurs semblables.
[101] Sodome est le symbole de la luxure ou du péché contre nature. Les habitants de Cahors avaient, au Moyen Age, la réputation peu enviable d'usuriers particulièrement rapaces ; il n'est cependant pas établi de façon certaine si les usuriers appelés Cahorsins étaient Français (Muratori), Italiens (Du Cange) ou juifs (Depping) ; cf. Chaudruc de Crazannes, Dissertation sur les banquiers nommés Cahursins, dans Revue d'Aquitaine, V, 1860-1861, pp. 318-325.
[102] Dite est ici Lucifer ; on verra, dans le dernier chant de l'Enfer, que c'est Lucifer, en effet, qui occupe le centre du monde.
[103] En d'autres termes, les colériques du chant VIII, les luxurieux du chant V, les avares et les prodigues du chant VII ; c'est-à-dire tous les pécheurs qui, occupant les premiers cercles de l'Enfer, restent au-dehors de Dite, la cité aux murs de feu.
[104] L'éthique d'Aristote.
[105] Il y est dit que l'homme tirera son aliment de la terre, à la sueur de son front.
[106] Ce qui vient à dire que l'aube du nouveau jour approche.
[107] Selon la plupart des commentateurs, cet écoulement est celui des Slavini di San Marco, sur l'Adige, au-dessous de Rovereto.
[108] Le Minotaure, monstre à tête de taureau. La mythologie raconte que Pasiphaé, femme de Minos, s'était fait construire une vache en bois, dans laquelle elle était entrée, pour se livrer aux assauts d'un taureau dont elle était tombée amoureuse. C'est de cette union contre nature qu'était né le Minotaure, gardien prédestiné des violents et des sodomites.
[109] On sait que le Minotaure avait été mis à mort par Thésée, fils du roi d'Athènes, aidé par Ariane, qu'il avait d'abord séduite. Ariane, fille de Minos et de Pasiphaé, était donc sœur utérine du Minotaure.
[110] Virgile avait déjà dit qu'il avait fait un premier voyage jusqu'au fond de l'Enfer, obligé par les sortilèges d'Erichto (Enfer, IX, 22). Lors de ce voyage, il avait trouvé debout le rocher qui barrait le passage du sixième au septième cercle, et qu'il trouve à présent écroulé. La brèche a dû s'ouvrir, par conséquent, entre son premier voyage et la descente du Christ aux Enfers : ce qui indique que le rocher s'est écroulé lors du grand tremblement de terre qui accompagna la mort du Christ.
[111] Selon Empédocle, les atomes qui forment les quatre éléments s'associent ou se séparent au gré de deux forces dominantes, l'amour et la haine : il est évident qu'il entend par amour l'attraction ou l'affinité.
[112] Le fleuve de sang bouillant est le Phlégéton, le troisième des fleuves infernaux. Les poètes entrent au septième cercle, celui des violents, qui sont punis dans ce bain de sang, et gardés par des centaures, symboles de la bestialité, comme l'était de son côté le Minotaure.
[113] Chiron, médecin et devin, avait été précepteur d'Achille. Nessus, tué par Hercule, avait, avant de mourir, confié à Déjanire la chemise empoisonnée qui devait provoquer la mort d'Hercule. Pholus, invité aux noces de Pirithoüs, prétendit faire violence à la mariée Hippodamie, et aux femmes des Lapithes.
[114] Béatrice.
[115] Ce qui signifie : « Nous ne sommes pas justiciables du cercle confié à ta garde, tu n'as pas à t'occuper de nous. »
[116] Denys, tyran de Syracuse, mort en 367 avant J.-C. Alexandre a été identifié par les anciens commentateurs et par la plupart des modernes avec Alexandre le Grand, dont on cite plus d'un trait de cruauté et de tyrannie. Cependant, Tassoni, Difesa di Alessandro Macedone, s'est élevé contre cette interprétation et a soutenu que Dante pensait à Alexandre de Phères, cité souvent comme parangon de la tyrannie, et mentionné par Pétrarque à côté de Denys le Tyran, comme dans le texte de Dante. Cette thèse, qui a été reprise depuis, est moins probable que la première.
[117] Ezzelino da Romano, tyran de Padoue, mort en 1259, « le plus cruel et le plus redoutable tyran que l'on eût jamais vu parmi les chrétiens » selon le chroniqueur Villani. Obizzo II d'Esté, marquis de Ferrare, mort en 1293, suffoqué par son fils naturel Azzo VIII, à l'aide d'un édredon.
[118] Ce coupable est Gui de Montfort, qui tua en 1272 dans une église de Viterbe, Henri d'Angleterre, fils du roi Richard, pendant l'office de la messe, pour venger la mort de son père, Simon de Montfort. Édouard, roi d'Angleterre et frère de la victime, fit enfermer le cœur de celle-ci dans un vase en or, qui fut placé à Londres, à l'entrée d'un pont sur la Tamise.
[119] Pyrrhus, fils d'Achille, fut l'auteur du massacre de Priam et de ses enfants. Sextus, fils de Pompée, vengea la mort de son père par des actes de piraterie.
[120] Renier de Corneto fut un brigand des grands chemins dans la maremme romaine. L'autre Renier, de la famille des Pazzi de Valdarno, se fit connaître en 1267 par l'assassinat d'un évêque, ce qui lui valut l'excommunication et le bannissement de Florence pour lui et pour tous ses complices.
[121] Au-delà du Phlégéton, les deux poètes ont pénétré dans le deuxième giron du septième cercle. On y trouve les violents contre eux-mêmes et contre leurs biens, c'est-à-dire les suicidés et les dissipateurs. Les âmes des suicidés tombent dans ce giron et y germent comme des sorbiers ; et celles des dissipateurs courent dans la forêt, poursuivies et déchirées par des chiennes.
[122] Cécine est un petit fleuve au sud de Livourne ; Comète est une petite ville près de Civitavecchia. Grosso modo, ces points extrêmes indiquent la portion de la côte occidentale de l'Italie, qui fait face à l'île de Corse ; elle semble avoir été connue anciennement par son terrain marécageux, insalubre et couvert de fourrés.
[123] Les Troyens d'Énée, abordant aux Strophades, deux îles de la mer Ionienne, eurent maille à partir avec les Harpies, d'après ce qu'en raconte Virgile, Énéide, III. L'une de ces Harpies prédit aux Troyens les malheurs qui les guettaient encore.
[124] Ces sables forment le troisième giron de ce cercle.
[125] Au troisième livre de L'Énéide, Virgile racontait qu'Énée, arrivé en Thrace, avait arraché quelques rejetons d'une plante ; celle-ci fit rejaillir du sang par ses blessures, tandis qu'une voix en sortait, celle de Polydore, enterré à cet endroit.
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