Si l’on fait des étoiles l séjour des âmes, ce n’est pas parce que ce séjour leur a et’ destiné, mais parce que l’imagination et l’intelligence de hommes ont besoin de points d’appui matériels, et que ce n’est qu’à partir de l’image visible des étoiles que l’on peut concevoir l’image invisible de l’Empyrée. Ainsi donc, Platon a tort, lorsqu’il dit que les âmes retournent aux étoiles

[35] Quoique Platon se trompe absolument, il a raison s’il ne se réfère qu’aux influences qui viennent aux âmes, des étoiles, puisqu’il est certain que ces influences existent. Cependant, elles ne sont pas telles, qu’elles suppriment le libre arbitre : et c’est à tort que le monde ancien avait transformé cette même influence en divinité.

[36] Les âmes que Dante vient de voir au ciel de la Lune.

[37] Béatrice avait dit au poète, au chant précédent, qu’il peut parler aux âmes élues, qui ne sauraient mentir, car le Vrai dont elles dépendent immédiatement « les oblige à rester à jamais dans ses voies » . Cependant, Piccarda venait de dire que l’impératrice Constance, tirée de force de son couvent (ce qui, d’ailleurs, n’est pas un fait historique), était restée « fidèle au voile » ; et maintenant Béatrice lui dit que ces âmes sont là parce qu’elles n’ont pas eu la « volonté entière » comme saint Laurent : il y a une contradiction apparente entre ces deux affirmations.

[38] Cf. Enfer, note 193, et Purgatoire, note 123.

[39] Le vouloir relatif, qui pousse à accepter une mauvaise solution comme un moindre mal.

[40] Les vœux sont un sacrifice fait à Dieu du libre arbitre, qui est le don le plus précieux que Dieu ait fait à l’homme ; on ne saurait le compenser par rien d’aussi précieux.

[41] Selon Dante, un vœu est comparable à un contrat entre l’homme et Dieu. Ce contrat prévoit d’une part une obligation, qui reste inéludable : c’est pourquoi chez les juifs, chez qui l’offrande était une obligation, on pouvait, en certain cas, la permuter, mais non la supprimer ; et, d’autre part, un objet matériel qui, lui, est susceptible de substitution.

[42] Les deux clefs qui sont le symbole du pouvoir spirituel de l’Église : elle seule peut décider si une substitution ou un changement de vœux est licite ou non.

[43] Jephté, juge d’Israël, avait fait vœu de sacrifier le premier être qui sortirait de chez lui, s’il gagnait la victoire contre les Ammonites : ce fut sa fille qui sortit la première. Ce sacrifice rappelle celui d’Iphigénie, cité plus bas.

[44] Vers le soleil, ou vers l’Empyrée, ce qui probablement revient au même, les deux se trouvant au-dessus de leurs têtes. L’ascension de Béatrice et de Dante s’effectue vers le haut, virtuellement vers le zénith ; leur prochaine étape sera le ciel de Mercure, où font leur demeure les âmes qui ont fait le bien, poussées par l’amour de leur réputation et de leur gloire.-351

[45] Cf. Purgatoire, XV, 67-75, où il est expliqué par Virgile comment le bonheur céleste s’augmente avec le nombre des bienheureux.

[46] Mercure se trouve le plus souvent caché par le soleil, dont il est le satellite le plus rapproché.

[47] L’aigle romaine, apportée de Troie par Énée, fut ramenée en Orient, « contre le cours du ciel » et du soleil, du fait de la capitale de l’Empire fixée par Constantin à Byzance, non loin de Troie même.

[48] L’hérésie monophysite ne voyait dans le Christ que sa nature divine. Justinien n’était pas tombé dans cette erreur, que partageait, du moins, sa femme, Théodora : et Agapet Ier, pape de 533 à 536, n’eut pas l’occasion de le faire revenir à la véritable religion.

[49] Toute contradiction contient nécessairement une proposition vraie qui s’oppose à une proposition fausse.

[50] La réorganisation du droit romain, qui fut en réalité l’œuvre de Tribonien et de ses collaborateurs.

[51] L’aigle de Rome, qui n’est que l’emblème de l’Empire. Il n’y a pas de « justes titres » pour s’opposer à l’Empire, en sorte que l’expression de Dante doit être entendue comme une ironie.

 

[52] Pallas, fils d’Évandre, était mort en combattant aux côtés d’Énéas contre Turnus. Tout ce qui suit est une brève histoire de Rome, dans laquelle apparaissent tour à tour Albe la longue, première ville du Latium, fondée par le ris d’Énée ; le combat des trois Horaces contre les trois Curiaces ; l’enlèvement des Sabines ; le viol de Lucrèce ; etc.

[53] Quintius, surnommé Cincinnatus, à cause de ses cheveux frisés, de cincinni, « boucles » .

[54] Des habitants de Carthage.

[55] C’est Pompée qui assiégea et détruisit Fiésole.

[56] C’est sous Tibère, le troisième César de Rome, que la vengeance de Dieu, suscitée par le péché d’Adam, prit fin par le sacrifice du Sauveur. Cette « vengeance » fut à son tour suivie, sous le règne de Titus, de la vengeance que Dieu tira de la mort du Christ, en disposant la défaite et la dispersion des juifs.

[57] Les Guelfes s’appuient contre l’Empire sur les lis de France, tandis que les Gibelins se servent du même Empire pour leurs propres fins.

[58] Charles II d’Anjou, roi de Naples, en qui les Guelfes cherchaient un protecteur.

[59] Romieu de Villeneuve (1209-1245) fut premier ministre de Raymond Bérenger IV, comte de Provence. Il ne mourut pas dans la disgrâce, mais survécut à son maître ; cf. A. Paul, Le Grand Romieu, dans Var illustré, 1921, pp. 15-16, 23-24. Les quatre filles qu’il maria si avantageusement furent Marguerite, reine de France, Eléonore, mariée à Henri III, roi d’Angleterre, Sanche, mariée à Richard de Cornouailles, roi de Germanie, et Béatrice, mariée à Charles, roi de Naples.

[60] « Hosanna, saint Dieu Sabaoth, qui illumines de ta clarté les flammes bienheureuses de ces royaumes ». Malacoth, plus correctement mamlacoth, est un mot hébreux que Dante a trouvé dans saint Jérôme ; mais il l’emploi tel qu’il l’y a trouvé, au génitif.

 

[61] L’explication de la double clarté est douteuse. Elle vient, pour les uns, de la nouvelle lumière que Dieu jette sur Justinien, et qui confirme ce que cet empereur vient de dire en latin (Torraca) ; ou de l’amour dont il témoigne à Dante, et qui s’ajoute à sa clarté habituelle ; ou de son titre d’empereur, qui réunit la double majesté des lois et des armes (Ottimo).

[62] Dante est en train de réfléchir aux mots de Justinien. Dieu a vengé sa colère, provoquée par le péché d’Adam : c’est une juste vengeance, qu’il a cependant punie par la suite, en se servant de Titus.

Pour les éléments, des causes médiates ont concouru à leur formation. De la même manière, l’âme végétative et l’âme sensitive sont un effet de l’influence des cieux et de leurs étoiles ; seule l’âme rationnelle est l’œuvre immédiate de Dieu.

[63] Adam.

[64] Ils ont été énumérés dans les trois tercets précédents : ce sont l’immortalité, la liberté et la ressemblance à Dieu, dons que Dieu a faits à ce qui dérive de lui immédiatement, c’est-à-dire sans le concours des causes secondes. Pour l’homme, il a perdu le don de la liberté, du fait du péché originaire.

[65] Par la voie de justice, ou par la voie de miséricorde.

[66] Seule la création immédiate de Dieu possède les trois dons énumérés ci-dessus ; dans cette catégorie entrent les anges et le Paradis.

Pour les éléments, des causes médiates ont concouru à leur formation. De la même manière, l’âme végétative et l’âme sensitive sont un effet de l’influence des cieux et de leurs étoiles ; seule l’âme rationnelle est l’œuvre immédiate de Dieu.

[67] Adam et Ève ont été l’œuvre immédiate de Dieu. Nous avons perdu l’immortalité du corps, du fait de la faute des premiers parents ; mais lors du Jugement dernier, les trois dons de Dieu se retrouveront entiers, en sorte que l’œuvre de Dieu deviendra ce qu’elle avait toujours dû être, immortelle de corps aussi bien que d’esprit. C’est ce qui rend évidente, pour les âmes, la nécessité de retrouver leurs corps immortels.

[68] Au temps de leur perdition, au temps où ils n’avaient pas le moyen de se sauver : à l’époque du paganisme.

[69] Vénus, la troisième étoile selon l’astronomie ancienne, passait pour diffuser une influence amoureuse et sensuelle. Il convient de répéter que la lune, les planètes et le soleil, du point de vue de Dante, sont tous des étoiles.

[70] Allusion à un passage de L’Énéide, où Cupidon prend l’aspect du fils d’Énée pour rendre Didon amoureuse de celui-ci.

[71] Suivant la croyance ancienne, Dante placera dans ce troisième ciel les âmes bienheureuses dont la vie a été marquée par l’influence de l’astre qui préside à l’amour.

[72] II a déjà été dit plus haut (Paradis, note 24) que les différences entre les objets s’expliquent par le degré d’intensité des influences venues des cieux les plus hauts, et en dernière analyse par l’intensité de leur vision de Dieu.