[73] En italien : Voi che ‘ntendendo il terzo ciel movete. C’est le commencement d’une chanson de Dante (Convivio, II, 2), adressée précisément aux anges ou aux intelligences suprêmes qui mettent en mouvement le ciel de Vénus, et qui répandent, par conséquent, les influences amoureuses. Les anges qui dansent au troisième ciel appartiennent au chœur des princes.

[74] Celui qui parle est Charles Martel, fils aîné de Charles II d’Anjou, roi de Naples ; couronné roi de Hongrie en 1290, il mourut en 1295, lorsqu’il n’avait que vingt-quatre ans. En 1294, il avait fait un séjour à Florence, où il dut connaître Dante. La Provence méridionale et le Royaume de Naples auraient dû lui revenir, s’il n’était pas mort prématurément.

[75] La Sicile (anciennement Trinacria, à cause de sa forme triangulaire), qui voit sa côte ionienne, du cap Passaro (Pachino) au sud au cap Faro (Pélore) au nord, noircie par le volcan issu, non pas de la sépulture du géant Typhée, comme le prétend la légende, mais des émanations sulfureuses de cette région ; la Sicile elle-même appartiendrait toujours aux descendants de Rodolphe de Habsbourg et de Charles d’Anjou, si elle avait été mieux gouvernée, et si l’on avait su prévenir la sanglante révolte des Vêpres siciliennes.

[76] Robert, frère cadet de Charles Martel et roi de Naples à partir de 1309, avait été otage de son père en Catalogne, et en était revenu entouré d’une cour de Catalans, auxquels il aimait confier des postes importants.

[77] Comment d’un père tel que Charles II d’Anjou, connu pour ses largesses, peut-il naître un fils aussi avare que Robert ? 

[78] Si tout n’était pas prévu par la Providence, il en résultait un désordre tel, que l’on serait obligé d’admettre que les anges sont imparfaits, puisque ce sont eux qui font tourner les cieux et disposent de leur influence ; et s’ils l’étaient, il en résulterait que leur auteur aussi, qui n’est autre que Dieu, serait imparfait.

[79] Aristote, qui, dans L’Éthique, avait démontré le besoin je variété dans les penchants et les métiers des hommes.

[80] Dédale.

[81] Des jumeaux tels qu’Esaù et Jacob peuvent ne pas se ressembler ; d’autres fois, les enfants ne ressemblent nullement aux parents, témoin Romulus, grand héros né d’un père vil.

[82] Le fils serait en tout semblable au père.

[83] C’est peut-être une allusion aux deux frères de Charles Martel lui-même. L’un, Louis, avait été franciscain et mourut archevêque de Toulouse ; l’autre, Robert, déjà cité plus haut, fut roi de Naples, mais aimait faire des sermons, dont on sait qu’il a composé et prononcé environ trois cents.

[84] Fille de Charles Martel (1290? -1328), femme en 1315 de Louis X le Hutin, roi de France. La femme de Charles Martel s’appelait aussi Clémence, mais elle était morte depuis 1295.

[85] On ne sait à quoi le poète fait allusion.

[86] Montre-moi que tu sais déjà, sans que j’aie à le dire ce que je voudrais te demander.

[87] Dans la marche de Trévise, qui comprend la région comprise entre les sources du Piave et du Brenta et l’île vénitienne de Rialto, se dresse la colline de Romano, avec le château où naquit Ezzelino Éthique da Romano, vicaire de l’empereur Frédéric II en Lombardie, qui désola et mit le feu, comme une « torche » , au nord-est de l’Italie, de Brescia à Padoue.

[88] Cunizza da Romano, sœur d’Ezzelino Énéide (1198-1279), se fit connaître par une vie scandaleuse, eut trois maris et plusieurs amants, parmi lesquels Sordello. Dante lui fait une place au Paradis, pour des raisons obscures, peut-être parce qu’il l’avait connue lorsque, dans les dernières années de sa vie, elle avait fait retour à Dieu.

[89] C’est le péché qui l’a ramenée vers Dieu et qui fut, dit-elle, la source de son bonheur éternel.

[90] Foulquet de Marseille ; plus loin, il adresse lui-même la parole à Dante.

[91] Entre les limites de la même marche de Trévise, qu’Ezzelino da Romano avait mise à feu et à sang.

[92] Vous verrez les Padouans changer la couleur du marais formé près de Vicence par le Bacchiglione, le teignant de leur sang, à cause de leur désobéissance à l’empereur. Si c’est là ce que voulait exprimer Dante, c’est une allusion à la victoire remportée en 1314 par Can Grande délia Scala, allié de Vicence, sur les Padouans. Mais d’autres commentateurs interprètent de manière différente.

[93] À Trévise, qui se trouve à la confluence de ces deux rivières. Allusion à Rizzardo da Camino, fils du bon Gherardo (cf. Purgatoire, note 176) et mari de Giovanna Visconti (cf. Purgatoire, note 78). Il fut capitaine de Trévise après la mort de son père, mais il fut assassiné par trahison le 9 avril 1312.

[94] Alessandro Novello, franciscain, évêque de Feltre de 1298 à 1329, ayant été sollicité par Pino délia Tosa, gouverneur de Ferrare pour le pape, lui livra un certain nombre d’exilés ferrarais qui s’étaient réfugiés à Feltre, et qui furent tous décapités.

[95] Malte était le nom d’une prison près de Bolsène, où étaient gardés les prisonniers ecclésiastiques ; cf. V. Cian, La Malta dantesca, Turin 1894 ; Dante pourrait aussi bien avoir employé ce nom dans le sens de « prison » en général.

[96] Les Trônes, le troisième ordre de la première hiérarchie des anges, séjournent dans l’Empyrée, et reflètent aux autres cieux la lumière divine, sous son aspect de justice infaillible.

[97] C’est Isaïe, VI, 2, qui attribue six ailes aux séraphins.

[98] La Méditerranée (qui est la plus grande des mers à l’exception de l’Océan) s’étend tellement en longitude, de l’ouest à l’est, que le méridien d’une de ses extrémités est en même temps l’horizon de l’autre : ce qui vient à dire qu’elle s’étend sur 90 degrés de longitude.

[99] Magra forme, comme dit le poète, une partie de frontière de la Toscane avec la Ligurie. Celui qui parle a né quelque part, à égale distance de l’Ebre en Espagne et du Magra, c’est-à-dire à Marseille, qui a presque le même méridien que Bougie.

[100] Foulquet de Marseille, troubadour provençal nu entra plus tard dans les ordres, devint évêque de Toulouse (1205) et mourut en 1231. Il se distingua surtout par la violence de ses sentiments et de ses combats contre les Albigeois. Cf. N. Zingarelli, La personalità storica di Folco di Marsiglia, Bologne 1899.

[101] Didon, fille de Bellus ; ses amours firent du tort à Sichée, mari de Didon, et à Creuse, femme Énée ; mais le tort était posthume, car les deux étaient déjà morts.

[102] Phyllis, qui habitait dans le Rhodope, oubliée par Démophon, qui devait venir l’épouser, se pendit et fut transformée en amandier.

[103] Iole fut la dernière passion d’Hercule : ce fut à cause de la jalousie qu’elle en ressentait que Déjanire, femme d’Hercule, lui envoya la tunique de Nessus.

[104] Raab, courtisane de Jéricho, aida les éclaireurs de Josué à se cacher et à se mettre à l’abri des Amalécites. Ce fut donc elle qui rendit possible la première victoire de Josué dans la Terre promise.

[105] D’après l’ancienne astronomie, c’est dans le ciel de Vénus que Prend fin le cône d’ombre que projette la Terre.

[106] La victoire sur le démon, remportée grâce au sacrifice du Christ.

[107] Le florin, dont le nom vient de la fleur de lis gravée l’avers des monnaies florentines.

[108] Comme l’intérêt conduit tout le monde, même les ‘études en sont profondément marquées. Celle de la théologie proprement dite est délaissée, et l’on ne travaille plus que sur les décrétales, ou sur le droit canon, qui offre les instruments servant à la défense des intérêts matériels. La preuve de cet intérêt est l’aspect des marges des manuscrits s’y rapportant, et qui portent les traces d’un usage intense.

[109] Au point où le mouvement diurne, qui suit le cercle équatorial, se croise avec le mouvement annuel, qui suit le cercle zodiacal. C’est en ce point de croisement que le soleil se trouve au moment de l’équinoxe.

[110] Le cercle zodiacal ou écliptique.

[111] C’est le croisement des deux plans inclinés de l’équateur et de l’écliptique qui produit les saisons et qui, selon la doctrine de Dante, préside à la distribution graduelle des influences célestes : si les deux cercles étaient parallèles, les influences seraient partout et toujours les mêmes.

[112] Béatrice et Dante sont arrivés au ciel du Soleil, le Quatrième, où font leur demeure les âmes des sages.

[113] Les beautés que l’on peut contempler au ciel peuvent être exprimées dans le langage des mortels en sorte qu’on ne peut pas les « sortir » pour les décrire et les rendre compréhensibles aux autres.

[114] En d’autres termes : « J’appartins à l’ordre de saint Dominique. » C’est saint Thomas d’Aquin qui parle ; et le sens de ce dernier vers se trouvera largement expliqué plus loin. Saint Thomas d’Aquin (1226-1274), dominicain depuis 1243, sanctifié en 1323, fut élève d’Albert le Grand et professeur de théologie à Cologne, à Paris et à Naples. Ses ouvrages, dont les plus importants sont le commentaire d’Aristote, La Somme théologique et La Somme contre les Gentils, forment une encyclopédie du savoir théologique dont Dante a tiré profit assez souvent.

[115] Albert le Grand (1193-1280), dominicain en 1222, fut professeur aux universités de Cologne et de Paris, et l’un des philosophes les plus estimés de son temps, appelé aussi Docteur universel.

[116] Francesco Graziano, bénédictin, vécut vers le milieu du XIIe siècle et compila le célèbre recueil de droit canon connu sous le nom de Décret de Gratien.

[117] Pierre Lombard ( ? -1164), maître de théologie à Paris, auteur des Sentences, qui furent le premier essai d’encyclopédie dogmatique. « La pauvre » est celle de la parabole (Luc XXI : 1) qui donna à Dieu le peu qu’elle avait et dont le don fut mieux reçu que ceux des riches qui donnaient de leur superflu ; cette parabole était rappelée par Lombard lui-même, dans le prologue de ses Sentences.

[118] C’est Salomon. On était désireux d’avoir de ses nouvelles peut-être parce que l’on discutait parmi les théologiens pour savoir s’il avait été admis au Paradis, malgré sa luxure.

[119] Ce vers se trouvera largement commenté plus loin.

[120] Saint Denys l’Aréopagite, que l’on tenait à tort pour auteur d’un traité De caelesti hierarchia ; c’est le livre que cite ici, et qui sera mis à contribution aux chants et XXIX, consacrés aux ordres et aux offices des anges.

[121] Cet écrivain des premiers temps chrétiens n’a pas été identifié de façon certaine. Pour les uns, il s’agit de Paul Orose, écrivain du Ve siècle, qui écrivit ses Histoires contre les Païens, à la demande de saint Augustin.