Tout l’être et toute la création sont compris dans cette idée divine, qui est la source première de l’existence et l’archétype des êtres : elle se reflète et s’irradie dans les neuf chœurs d’anges et de là elle se différencie selon les cieux d’où elle repart, pour répondre à la variété de la création, tout en restant essentiellement une. pans cette descente progressive, l’idée divine perd de sa vigueur première et, d’atténuation en atténuation, elle en arrive à ne produire que de « brèves contingences » , c’est-à-dire des existences accidentelles et des objets corruptibles, dans lesquels l’ » essence idéale » brille de façon inégale. C’est ici une nouvelle exposition de la doctrine de Dante concernant l’inégalité et la diversité des êtres, thème qu’il avait déjà touché auparavant ; cf. Paradis, chant VIII.
[170] Adam et le Christ eurent le don d’intelligence au suprême degré.
[171] « Dieu apparut à Salomon une nuit, en songe, et lui dit : « Demande ce que tu voudras, et je te le donnerai. » Et Salomon répondit : « Donne à ton esclave un esprit clairvoyant, pour qu’il puisse juger ton peuple et distinguer le bien du mal. » (III Rois III : 5).
[172] Les quatre questions qui suivent embrassent la science telle qu’on la connaissait alors. La première appartient à la théologie, et prétend déterminer le nombre des anges ; cf. sur ce problème, Paradis, XXIX, 130-132, où il est dit que ce nombre est infini.
[173] Soit un syllogisme dont une prémisse est nécessaire et l’autre contingente : la conclusion sera-t-elle nécessaire ? c’est une question de logique.
[174] « S’il convient d’admettre qu’il existe moteur » , qui ne dépende pas d’un autre : conque : question de philosophie naturelle.
[175] Question de géométrie.
[176] Saint Thomas n’a pas dit que nul autre homme peut se comparer à Salomon, mais seulement que « nul second n’a surgi » . L’emploi de ce mot exclut donc l’idée que « nul second n’est né » , qui est l’interprétation qui s’offrait à l’esprit de Dante. Thomas voulait dire que nul autre roi ne s’est montré sur terre à la hauteur de la sagesse dont avait fait preuve Salomon.
[177] Si l’on ne cherche pas la vérité à tout prix, le risque de cette attitude est l’ignorance, qui n’est pas un péché -mais en la cherchant « sans en connaître l’art » , on risqué de tomber dans l’erreur et de se laisser séduire par le péché.
[178] Ce sont des philosophes grecs, qui avaient soutenu des vérités paradoxales, telles que la quadrature du cercle (Bryson), la génération par l’action du soleil (Parménide), l’incertitude de toutes choses (Mélissus). Aristote accusait déjà ces deux derniers de raisonner faussement, pour ne pas avoir appliqué les lois du syllogisme.
[179] Ce sont des hérésiarques, qui ont nié le dogme de la Trinité (Sabellius) ou l’éternité du Verbe (Arius).
[180] Noms très communs, cités comme exemples d’individus quelconques, qui ne se distinguent pas dans la masse. « Domina Berta » est citée comme prototype du vulgaire par Dante lui-même dans De vulgari eloquio, II, 6.
[181] Saint Thomas parlait, de la ronde des esprits, à Dante, oui se trouvait au centre, avec Béatrice ; et lorsque celle-ci s’adresse à Thomas, du centre de la circonférence, ce double sens du dialogue rappelle au poète le mode de propagation des ondes concentriques, qui vont du centre du cercle vers les bords du vase, et retournent du bord vers le centre.
[182] Lors du Jugement dernier, qui sera en même temps la résurrection de la chair.
[183] Celui de Salomon.
[184] Mars, qui règne au cinquième ciel, et où font leur demeure les âmes de ceux qui sont tombés en combattant pour la foi.
[185] Le langage de la prière.
[186] Hélios est le nom grec du soleil, et celui-ci est souvent, dans le poème de Dante, le symbole de Dieu. On pense cependant qu’il est possible que le poète ait pris dans Ugoccione de Pise l’étymologie fantastique qui fait dériver Hélios de l’hébreu ely, « Dieu » .
[187] Le signe de la croix.
[188] « C’est le mot que l’Écriture sainte dit du Christ, car il est ressuscité et a vaincu le démon qui avait vaincu l’homme ; ce bien-ci est intelligible pour l’intelligence humaine. Mais les autres choses divines, qui furent faites Par le Christ et qui sont en lui, et qu’apprennent et prononcent les bienheureux (qui, eux, les comprennent) peuvent pas être comprises de nous, qui sommes des voyageurs. C’est donc à juste titre que notre auteur feint de rien comprendre, sauf ressuscite et triomphe ; il ne comprend pas le reste, puisqu’il était voyageur » (Buti).
[189] Les yeux de Béatrice ; mais depuis qu’ils sont au cinquième ciel, il ne les a pas regardés. Comme la beauté de Béatrice s’accroît à mesure qu’ils montent, il faut donc comprendre que la musique dont il parle avait plu au poète plus que le regard de Béatrice au quatrième ciel, mais moins que le même regard au cinquième.
[190] 190 Virgile, ou peut-être Calliope, la Muse de la poésie épique, qui était la première des Muses d’après l’art poétique de Dante, et qui parlait par la voix de Virgile.
[191] «Ô mon sang ! ô grâce de Dieu supérieurement imprimée en toi ! qui donc, comme toi, a jamais vu s’ouvrir deux fois pour lui la porte du ciel ? »
[192] Le livre de l’éternité, où rien ne change, d’après les commentateurs ; ou peut-être le livre du temps, où il n’y a ni jour ni nuit. Le jeûne dont l’esprit parle était sans doute celui de voir Dante ; mais celui-ci a oublié, en faveur de son ancêtre, que les esprits bienheureux n’ont pas faim.
[193] Celui qui parle ainsi est le trisaïeul de Dante, Caccia-guida. Pour sa descendance, cf. L’Enfer, note 273 ; d’ailleurs, on ne sait de lui que ce qu’en dit le poète.
[194] Alighiero, fils de Cacciaguida, est également inconnu autrement. La place qu’on lui a faite sur le premier palier du Purgatoire semble indiquer qu’il était particulièrement orgueilleux : on a pu voir que Dante redoutait lui-même d’avoir un jour à porter les poids énormes dont on accable
les orgueilleux, cf. Purgatoire, XIII, 136-138.
[195] Le luxe, par antonomase.
[196] L’Uccellatoio est une montagne à proximité de Florence, d’où l’on jouit d’une vue panoramique sur la ville ; il en est de même de Montemario, d’où l’on voit Rome. Ainsi donc, à l’époque dont parle Cacciaguida, Florence n’avait pas dépassé Rome en splendeur et en magnificence.
[197] Bellincione Berti, de la famille des Ravignan et père de Gualdrade (cf. Enfer, note 150), appartenait à l’une des maisons les plus en vue de Florence.
[198] Deux familles florentines des plus distinguées, appartenant au parti guelfe.
[199] Parce que c’était en France principalement que les Florentins allaient pour des affaires, et souvent aussi pour s’y établir.
[200] Cianghella dellia Tosa, morte vers 1330, s’était fait connaître par sa vie dissolue. « Cette femme revint à Florence après la mort de son mari, et elle y eut beaucoup d’amants et y vécut dans le libertinage. C’est pourquoi, à sa mort, un certain frère assez simple, prêchant à l’occasion de son enterrement, dit qu’il ne trouvait à cette femme qu’un seul péché, et c’était qu’elle avait mangé la ville de Florence » (Benvenuto de Imola). Lapo Saltarello, juriste, banni pour concussion en 1302, « si amoureusement soigneux pour le manger et l’habillement, qu’il ne tenait pi compte de sa vraie condition » (Ottitno Commente » ).
[201] Cf. Enfer, note 181.
[202] On ne sait rien d’eux.
[203]
Elle était, d’après Boccace, originaire de Ferrare, où l’on trouve en effet, anciennement, une famille Aldighieri. Elle donna à l’un de ses fils, qui fut le bisaïeul du poète le nom d’Alighiero, qui était celui de sa maison, et qui se perpétua ensuite dans sa descendance.
[204] La chronologie indique qu’il doit s’agir de l’empereur Conrad III (1138-1162), qui prit part, en effet, à la seconde croisade, en 1147 ; mais il y a une difficulté, et c’est qu’il ne vint jamais en Italie — en sorte qu’on ne voit pas clairement comment Cacciaguida put se faire connaître et entrer dans sa « milice » . On a pensé à une confusion avec Conrad II (1024-1039), qui combattit les Sarrasins en Calabre.
[205] En italien : ed el mi cinse della sua milizia. On admet en général que ce vers signifie que l’empereur Conrad arma chevalier l’ancêtre de Dante, car miles est le terme courant pour chevalier. Cependant, nous doutons de l’exactitude de cette interprétation. Le poète dit que Cacciaguida fut distingué par l’empereur, pour ses belles actions ; et il est logique de penser que celles-ci ne sont pas, d’ordinaire, le fait des apprentis chevaliers ; outre que Dante ne dit pas miles, mais il parle de la sua milizia, qu’il est plus difficile d’interpréter de la même manière.
[206]
Comme nous l’avons dit, on ne sait au juste si Cacciaida mourut en Terre sainte, ou en combattant les Sarrasins en Italie du Sud.
[207] On admettait que la formule honorifique vous avait été employée pour la première fois à Rome, au moment où Jules César centralisa et prit en main tous les pouvoirs.
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