Elle se sent liée au christianisme qui est la religion des esclaves : Elle va en Espagne pendant l’été 1936 pour combattre à côté des républicains qui représentent les humbles. Elle est victime d’un accident et regagne Paris. L’année suivante, malade et voyageant en Italie, une force irrésistible la pousse à s’agenouiller dans une église à Assise. Une nouvelle étape est franchie. Elle est prête pour ses épousailles avec Dieu.

En 1938, Simone Weil se rend à Solesmes pour les vacances de Pâques. Le chant grégorien la transporte. Elle y rencontre un jeune Anglais qui lut fait connaître les poètes religieux du XVIIe siècle, et notamment le poème mystique intitulé : Love. Elle le récite régulièrement et s’imprègne de ces vers qui racontent la rencontre de la créature et de son Créateur. C’est alors que le Christ s’empare directement d’elle. Elle ne résiste pas. À partir de ce jour-là elle est, elle restera chrétienne. L’amour persévérant des pauvres, la fréquentation des cérémonies religieuses l’ont conduite au Christ. Elle accepte la grâce singulière qui lui est faite. Il lui reste à vivre sa foi jusqu’au bout.

Pendant la dernière partie de sa vie, Simone Weil se détache de l’enseignement et se consacre pleinement à l’amour désintéressé que Dieu lui porte. Les circonstances l’y aident, mais elle a toujours été docile à la nécessité. La deuxième guerre mondiale est déclarée. Elle quitte l’Université. Elle se rend à Marseille avec ses parents. Elle y rencontre le R.P. Perrin et Gustave Thibon. Celui-ci lui permet de faire une dernière expérience ouvrière comme journalière agricole dans le Gard. Elle récite te « Notre Père » en grec en faisant les vendanges, étendue sous les ceps des vignes. Les expériences sont terminées et l’appellent à témoigner. Comment fera-t-elle ?

Simone Weil a d’abord tenté de se faire catholique. Elle n’est pas baptisée. Elle hésite un instant. Elle refuse pourtant, tout compte fait, d’appartenir à l’Église car elle appartient davantage encore au monde qui est en dehors de l’Église par sa formation rationaliste, son intelligence, son amour de la Grèce antique, ses amitiés avec les incroyants. Elle ne veut pas franchir seule la porte et n’entend trahir rien ni personne. Elle décide de rester avec cet ensemble de réalités que l’Église n’a pas pu ou pas voulu encore intégrer. Elle sera la chrétienne de l’extérieur et rappellera magnifiquement qu’il existe aussi des pauvres, des humiliés, des incroyants, des hérétiques, tout un autre courant de pensée.