Il a été acquis en 1842 par le baron Jérôme Pinchon, un bibliophile qui le louait aux artistes et aux hommes de lettres. Il appartient depuis 1928 à la mairie de Paris.

2- Le peintre hollandais Gottfried Schalcken (1643-1706) est l’auteur du tableau Couple éclairé par une bougie, conservé au musée du Louvre, auquel Gautier peut penser.

3- Le peintre de Louis XIV, Charles Lebrun (1619-1690), qui a décoré la galerie d’Apollon au Louvre et la galerie des Glaces au château de Versailles.

4- Le peintre François Lemoyne (1688-1737), qui a décoré le salon de la Paix et le salon d’Hercule au château de Versailles.

5- Le docteur Jacques Moreau de Tours (1804-1884), médecin à l’hôpital de Bicêtre, est l’un des fondateurs de l’aliénisme français. Il a été l’organisateur des séances à l’hôtel Pimodan. Il avait voyagé en Égypte, Palestine et Syrie de 1836 à 1840, où il avait fait ses premières expériences avec le hachich. Fortement intéressé à la question de l’hallucination et de la folie temporaire qu’il provoque, il expose ses idées dans Du hachisch et de l’aliénation mentale, études psychologiques (Fortin et Masson, 1845).

6- Hassan al-Sabbah, dit le Vieux de la Montagne, était le chef des Assassins, ou Nizarites, une communauté ismaélite qui se battit contre les Turcs et contre les Croisés au xiie siècle.

7- Joseph Freiherr von Hammer-Purgstall (1774-1856), auteur de Die Geschichte der Assassinen, Stuttgart, Cotta, 1818, dont Gautier a lu la traduction française : Histoire de l’ordre des Assassins (Paulin, 1833).

8- Louis Lebeuf (et non Lebœuf) était le propriétaire des manufactures de Creil et Montereau, où l’on produisait de la « porcelaine opaque ».

9- Bernard Palissy, grand céramiste et émailleur du xvie siècle : ses plats aux décors en relief, dits « rustiques figulines », incluaient des serpents, des lézards, des crustacés.

10- Le personnage de Daucus-Carota apparaît dans un conte de E.T.A. Hoffmann intitulé « La fiancée du roi, conte véridique », appartenant à la série des Frères de Saint-Sérapion et traduit en français par Théodore Toussenel, dans les Contes de E.-T.-A. Hoffmann (Pougin, 1838). En fait, Gautier confond ce conte avec le célèbre « Pot d’or » ou « Vase d’or », présent dans le même recueil.

11- Gautier pense aux séries les plus grotesques gravées par Jacques Callot (1592-1653), comme les Gobbi, les Gueux ou les Balli di Sfessania.

12- Gautier pense sans doute à la série de Caprices de Goya, gravée en 1799.

13- Karagheuz est un personnage traditionnel du théâtre de silhouettes turc.

14- J. W. Goethe, Faust, chap. « Nuit de Sabbat ».

15- Nom d’un célèbre danseur du bal de carnaval au théâtre de la Renaissance.

16- Philippe Musard (1792-1859), compositeur et chef d’orchestre. Dans La Presse du 29 décembre 1845, Gautier le décrit ainsi, au bal de l’Opéra : « Musard était là, morne, livide et grêlé, le bras étendu, le regard fixe. […] Le moment venu, il se courba sur son pupitre, allongea le bras, et un ouragan de sonorités éclata soudainement dans le brouillard de bruit qui planait au-dessus des têtes ; des notes fulgurantes sillonnaient le vacarme de leurs éclairs stridents, et l’on aurait dit que les clairons du Jugement dernier s’étaient engagés pour jouer des quadrilles et des valses. »

17- Le comédien Jacques-Charles Odry (1779-1853), que Gautier décrit ainsi dans La Presse du 29 janvier 1838 : « Comme la nature l’a traité en enfant gâté ! Avec quelle curiosité complaisante elle a soigné sa laideur ! Comme c’est une laideur parfaite, idéale, sans rivalité possible. Quasimodo lui-même est moins laid, car il arrive au terrible par le fantastique et le monstrueux ; mais Odry ! comme on voit qu’il a été fait exprès pour le théâtre des Variétés : un nez en bouchon de carafe, martelé de méplats et de facettes, allumé d’un rouge véhément, épaté au milieu de la figure et écrasé par le poing de la trivialité et de la sottise, des yeux de poisson cuit au regard hébété, une bouche fendue comme un grelot et faisant deux ou trois fois le tour de la tête ; des épaules voûtées, des jambes si comiquement cagneuses et dénuées de mollet ; des mains rugueuses, courtes, violettes, carrées ; puis, sur tout cela, cette admirable fatuité de bêtise et cette insolence d’âneries que vous savez. Ô grand inimitable, surprenant, ébouriffant Odry ! Jamais casse-noisette de Nuremberg, jamais tête chimérique sculptée dans les nœuds d’une canne, n’offrit un profil plus risiblement grotesque. »

18- Alcide Tousez (1806-1850), acteur du théâtre du Palais-Royal, dont Gautier dit qu’il est « d’une bêtise exhilarante, ébouriffante, pyramidale, d’une bêtise réfléchie et naïve à la fois, qui a un cachet tout particulier » (La Presse, 1er août 1841).

19- Étienne Arnal (1794-1872), acteur du vaudeville, également auteur, auquel Gautier attribue une « laideur idéale » (La Presse, 19 avril 1843).

20- Pierre-Alfred Ravel (1814-1881), acteur du théâtre des Variétés et du Palais-Royal sur lequel Gautier écrit : « À ce type de bonhomie niaise exploité déjà par Alcide Tousez, Ravel ajoute de son chef une certaine finesse campagnarde assez réjouissante. C’est une bonne figure à voir, un masque pourvu d’une grimace originale » (La Presse, 23 novembre 1842).

21- Gustave III ou le bal masqué, opéra d’Auber sur un livret de Scribe, créé à l’Opéra de Paris le 27 février 1833. Sa grande scène de bal se situait au cinquième acte.

22- Le peintre, sculpteur et caricaturiste Honoré Daumier (1808-1879).

23- Le caricaturiste Paul Gavarni (1804-1866) qui est considéré par Gautier comme un artiste « complètement, exclusivement moderne » (La Presse, 2 juin 1845).

24- Le Freyschütz, opéra de Carl Maria von Weber, créé à Berlin en 1821 et à Paris en 1824, au théâtre de l’Odéon. Souvent repris, à l’Opéra-Comique en 1835, à l’Opéra de Paris en 1841 dans une version revue par Berlioz, et à la salle Ventadour en 1842. Gautier avait une admiration particulière pour cet opéra. Il cite souvent l’air d’Agathe (probablement celui de l’acte II) : « L’orchestre déchaîné peint le désordre de la nature violée dans ses lois par des maléfices sacrilèges. Sur ce fond ténébreux voltige comme une blanche colombe la phrase ailée, séraphique, divine, enivrée d’amour et de lumière, qui représente la pensée d’Agathe » (Le Moniteur universel, 17 décembre 1866).

25- Le compositeur Giacomo Meyerbeer (1791-1864), auteur de Robert le diable (1831) et des Huguenots (1836).

26- Le compositeur Félicien David (1810-1876), que Gautier admirait : « Il y a dans tous ces chants quelque chose de nocturne, de somnambulique, de vaporeux », écrit-il dans La Presse le 20 janvier 1845. David mit en musique quelques poèmes orientaux de Gautier.

27- Raymond-François-Léon Pillet (1803-1868), directeur de l’Opéra de Paris.

28- Auguste-Eugène Vatel, directeur du Théâtre-Italien.

29- La chaste nymphe Syrinx, réfugiée sur les rives du fleuve Ladon pour échapper aux ardeurs du dieu Pan, fut transformée en roseaux. D’où la flûte de Pan.

30- Dans le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, Puck change la tête de Bottom en tête d’âne.

31- Un mythe indien raconte que le dieu Ganesa eut la tête coupée par Shiva, puis remplacée par celle d’un éléphant.

32- Roue ou moulin activé par le mouvement humain, utilisée dans les prisons britanniques.

33- Il s’agit probablement de la statue de Daphné par Guillaume Coustou (1677-1746), aujourd’hui conservée au musée du Louvre.

34- La tour de Babel.

35- Giovanni Battista Piranesi (1720-1778), graveurs des Vues de Rome et des Prisons.

36- Un piano produit par la maison de Sébastien Érard (1752-1831).

37- « La cérémonie faite/chacun s’en fut coucher » (Malbrough s’en va-t-en guerre, chanson populaire qui remonte au xviiie siècle).

La Pipe d’opium

38- Ami de Gautier, l’homme de lettres Alphonse Karr (1808-1890) était rédacteur en chef du Figaro et de la revue satirique Les Guêpes.

39- Alphonse Esquiros (1812-1876) avait publié en 1838 le roman Le Magicien, dont le titre était devenu son surnom.

40- J. W. Goethe, Faust, chap. « Cabinet de travail ».

41- Charles Nodier avait imaginé la « mandragore qui chante » dans La Fée aux miettes en 1832.

42- Cette statue d’Isis en marbre noir et en albâtre, conservée au musée du Louvre, est l’œuvre de Antoine-Guillaume Grandjacquet (1731-1801), exécutée pour la Villa Borghese en 1779-1781. Elle fut acquise par Napoléon en 1807 et transportée à Paris en 1810.

43- La mezzo-soprano Maria Malibran, morte en 1836 à l’âge de vingt-huit ans.

44- Il s’agit sans doute d’une jeune femme appelée « la Cydalise », qui fut la maîtresse de Gautier avant de mourir en 1836.

45- À l’époque où il écrit La Pipe d’opium, Gautier ne connaissait pas encore Carlotta Grisi (1819-1899), la danseuse dont il sera plus tard amoureux. Dans un feuilleton de La Presse, le 10 décembre 1843, il opère pourtant un rapprochement a posteriori entre la danseuse et le personnage de La Pipe d’opium. Racontant une traversée en bateau pour se rendre à Londres, où Carlotta dansait La Péri, le deuxième ballet qu’il a écrit pour elle, il évoque la vision d’un pied sortant d’un plafond, qui rappelle celui de la nouvelle, même si le rêve auquel il appartient est attribué au hachich et non à l’opium. Puis il raconte un autre épisode où Carlotta Grisi est blessée par un clou lors d’une représentation en janvier 1843 : il découvre dans le pied réel de la danseuse l’incarnation du pied fantasmatique de la Carlotta imaginée en 1838.

Le Hachich

46- Le docteur Jacques Moreau de Tours (voir note 5, p. 55 et postface).

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En attendant l’hallucination

Pourquoi prenait-on du hachich à l’hôtel Pimodan en 1845 ? La question fera sourire les usagers d’aujourd’hui, pour lesquels la réponse va de soi. Mais on n’a pas toujours consommé de la drogue pour les mêmes raisons, selon les mêmes aspirations ou les mêmes préjugés. Le groupe d’écrivains, artistes, médecins, qui se retrouvait à l’hôtel Pimodan à l’époque du Club des hachichins, ne cherchait pas dans la drogue la même chose que les hippies américains des années 1960.