Vous brûlez. Il y a bien eu quelqu’un qui a essayé de sortir, quelqu’un qui ne savait pas qu’il faut appuyer sur un certain bouton pour pouvoir ouvrir cette porte-là, et surtout quelqu’un qui avait compté sans ma force, sans ma rapidité et sans mon bâton.

SECOND JOURNALISTE. —

En un mot, quelqu’un qui tentait de s’évader.

LE CONCIERGE. —

Exactement. Il y a tout juste un mois de ça. C’était un homme qui portait le numéro 417. Quatre, un, sept. Tout d’un coup, j’entends un bruit de verre. Je me retourne brusquement et je vois une main qui passe par le carreau. Je vois de longs doigts ensanglantés qui pendent au-dessus de la poignée, qui pendent au-dessus de la poignée comme s’ils étaient déjà morts, comme s’ils se disaient que, dans cette vie, tout est désespéré. Et lorsque je me mets à taper dessus avec mon bâton pour qu’ils lâchent la poignée, j’ai presque l’impression qu’ils vont éclater de douleur. Puis j’entends un grand bruit sourd de l’autre côté de la porte et, une fois que j’ai ouvert, le type est étendu par terre en train de se tordre dans tous les sens et de pousser des gémissements comme si sa dernière heure était arrivée, au bas mot. Debout, je lui dis, mais il ne fait pas le moindre geste pour se lever. Alors, bien sûr, je lui donne encore quelques coups de bâton, parce qu’on ne peut quand même pas laisser faire n’importe quoi dans un endroit comme celui-ci, et il finit quand même par se mettre sur ses pieds. Regarde-moi dans les yeux, je lui dis, et, pour commencer, il refuse absolument, mais alors je lui redonne quelques coups de bâton et cette fois il me lance un regard, vous savez, un regard qui... un regard... enfin... Mon dieu ! Tout ce que je veux dire, c’est : mon dieu !

PREMIER JOURNALISTE. —

Attendez ! une petite minute, s’il vous plaît. Est-ce qu’on ne pourrait pas savoir qui était cet évadé ?

LE CONCIERGE. —

Je vous ai dit que c’était le numéro 417.

PREMIER JOURNALISTE. —

Les numéros, ça ne me dit rien. Dites-moi plutôt ce qu’il avait fait.

LE CONCIERGE. —

Le 417 ? Voyons. Tué sa femme. C’est un homme qui a tué sa femme, il l’a tout bonnement abattue avec un hachoir. Puis il a caché le corps dans la penderie. Un petit bonhomme nerveux qui a toujours l’air de demander pardon pour tout ce qu’il a fait — et c’est vrai qu’il a de quoi demander pardon, ça oui.

SECOND JOURNALISTE. —

Mais... ça doit être lui.

PREMIER JOURNALISTE.