Elle répondit qu’elle avait un grand fils, une grande fille et qu’elle aimait les jeunes gens.
UN POINT DE DROIT
Oui, mais on avait oublié le fiacre ! C’était le jour de la faillite et le cocher monta : on lui devait soixante francs soixante-six centimes. Il avait attendu soixante heures. Il monta lourdement l’escalier de bois. Ici, les amis s’amusaient autour d’une table, mais le syndic de la faillite fixait un pourcentage de cocher, le cocher ne venant qu’avec les autres créanciers au prorata convenu, soit quatre et demi pour cent du montant de la dette. Il y eut bientôt dans l’escalier de bois des figures patibulaires : le cocher envoyait des témoins au syndic, le commissaire de police s’étant déclaré incompétent en matière de droit commercial.
L’ÉDUCATION
NON SENTIMENTALE
L’échelle ne s’appuie pas autant que la vigne vierge. Ici demeure mon vieux professeur de grec. Je viens faire mes adieux au salon dont le tapis est à demi pourri et la dame, qui est une dame positive, me dit : « Dans la vie, il faudrait gagner cinq francs par minute… non, ce serait trop, mais toutes les trois minutes, au moins !
— Ma femme est une femme positive », dit le professeur de grec.
LA CHRISTOMÉTRIE
AMÉRICAINE A 3.50
Le noir de la fenêtre alternait avec le blanc. C’est dimanche nominalement et officiellement, mais non dans le cœur de la dame étrangère. Le cheval blanc traverse la salle avec des jambes en fleurons de galop : il y a plus de fers de lances que de drapeaux. La dame étrangère séquestrée derrière le tableau feuillette des toiles. Les dames étrangères ont l’air triste quand elles ne parlent pas le français : elles ont l’œil intelligent, mais elles portent des robes trop montantes. Celle-ci est l’inventeur, dit-elle, de la « Foi démontable », article en vente dans tous les pays, commode pour le transport et surtout pour Satan et sa séquelle. La dame étrangère ne se servira de la « foi démontable » que lorsqu’elle parlera tout à fait le français : elle se contente aujourd’hui d’en être l’inventeur.
L’ART ARISTE
Le journal Femina décrit l’hôtel de la duchesse d’H… comme une bâtisse fort triste et s’attarde à dépeindre en rouge gris le pavé de la cour. Il dit que la chambre centrale est habitée par un vieux domestique qui veille sur l’hôtel, l’été. Ce qui l’étonne, c’est que les rideaux traînent toujours un peu à terre comme une robe à queue et il confesse que, faisant lui-même des romans, il a tout regardé avec soin et même les autres hôtels du voisinage où les rideaux traînent aussi à terre. Il a été témoin d’une scène ou demi-scène de la fille avec la mère à propos de physique ou de fusil, la bonne ayant demandé si on faisait beaucoup de physique ou de fusil dans le pensionnat où on envoyait son fils à elle. Il y eut une gifle appliquée comme une certaine feuille ronde pareille au cresson et qui pousse sur les murs. J’ai parlé du domestique qui garde l’hôtel, l’été. C’est ce domestique qui est chargé de la vidange. La duchesse a un profil aristocratique et la plante de la muraille s’appelle aristoloche, l’auteur du reportage s’appelle Aristide.
LES RÉGATES DE CONCARNEAU
Les noyés ne coulent pas toujours au fond. Il suffit même à un troublé dans l’eau de se souvenir qu’il a su nager et il voit son pantalon s’agiter comme les jambes d’un pantin. Aux régates de Concarneau, c’est ce qui m’arriva. J’étais parfaitement tranquille avant de couler, ou bien ces élégants des yoles qui passent remarqueront mes efforts ou bien… bref, un certain optimisme. La rive toute proche ! Avec personnages israélites grandeur nature et des plus gracieux. Ce qui me surprit au sortir de l’eau, c’est d’avoir été si peu mouillé et d’être regardé non comme un caniche, mais comme un homme.
SIR ELIZABETH
(PRONONCEZ SŒUR)
La cité de Happney est détruite, hélas ! Il ne reste plus qu’un mur entre deux tours carrées, deux tours qui ont l’air de fermes ou de citernes. Ce furent des facultés d’enseignement : elles sont vides ! il ne reste plus… il ne reste plus qu’une porte d’écurie et des crevasses, hélas ! avec des pavés couverts de ronces. Le chef de gare est encore là pourtant, c’est lui qui m’a conté l’histoire de sir Elizabeth. Sir Elizabeth était du sexe féminin mais elle dut se faire homme de peine. Sir Elizabeth prit part à un concours de poésie. A cette époque, en Amérique, le sexe féminin n’avait pas l’idée d’être poète.
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