Olga le suit et souffre sur les chemins. Verchoud est prisonnier. Olga va réaliser sa fortune et revient payer sa rançon : elle ne donne pas tout à la fois par méfiance. La rançon payée, Verchoud tombe malade. Olga le soigne et lui fait, pour la première fois, l’aveu de son amour. Le soldat lui dit que ce n’est pas elle qu’il aime, mais une certaine paysanne qu’il n’a qu’entrevue et à laquelle il n’a pas parlé. Il meurt. Olga est ruinée, désespérée : que va-t-elle devenir ? elle recherche la paysanne.
AU RENDEZ-VOUS
DES CHAUFFEURS
Nos femmes étaient assises sur l’autre banquette. Je reconnus ma place aux livres et aux papiers. Je reconnus l’aurore aux maisons d’en face, mais je ne pouvais comprendre qu’il fût si tôt ou si tard. Nous avions parlé d’un livre qui s’appelle les Petites Oies, par Herrmayer et de son auteur, qui s’appelle Cabalis ou Andral. Son pseudonyme est Herrmayer : c’est un livre génial. Nous avons volé des desserts en boîte au restaurateur. Il y avait des figues sèches sur les assiettes de ceux qui n’aiment pas le raisin, mais, comme nous volions des desserts en boîte, une voix dit : « Ah ! non ! pas ça ! hé ! C’est ma veste de cuisinier et mes draps de lit. »
LA CLEF
Quand le sire de Framboisy revint de guerre, sa femme lui fit de grands reproches à l’église, alors il dit : « Madame, voici la clef de tous mes biens, je pars pour jamais. » La dame laissa tomber la clef sur le pavé du temple par délicatesse. Une nonne, dans un coin, priait, parce qu’elle avait égaré la sienne, la clef du couvent et qu’on n’y pouvait pas entrer. « Voyez donc si votre serrure s’accommode de celle-ci. » Mais la clef n’était plus là. Elle était déjà au musée de Cluny : c’était une énorme clef en forme de tronc d’arbre.
LES VRAIS MIRACLES
Le bon vieux curé ! après qu’il nous eut quitté, nous le vîmes s’envoler au-dessus du lac comme une chauve-souris. Il était assez absorbé dans ses pensées pour ne pas même s’apercevoir du miracle. Le bas de la soutane était mouillé, il s’en étonna.
LE SOLDAT DE MARATHON
C’est fête à l’Asile des Aliénistes : les sentiers de ce domaine, la nuit, sont envahis par une foule aimable et un peu craintive. Il y a çà et là de petites tables de bois où une bougie est protégée par un verre et où l’on vend des bonbons : tout s’est passé correctement à ceci près que, pendant la représentation théâtrale donnée par les malades, l’un d’eux qui faisait le rôle d’un sir ou lord quelconque se jetait à terre fréquemment dans une pose célèbre et criait : « C’est moi qui suis le soldat de Marathon ! » Il fallait que des gens à coupe-file vinssent le rappeler à la raison, au présent, aux présences, aux préséances, mais ils n’osaient se servir du bâton à cause du présent, des présences, des préséances.
LA TANTE, LA TARTE
ET LE CHAPEAU
Quand j’étais employé de commerce, je partageais un petit logement de trois pièces avec un collègue. Nous ne nous querellions pas, car nous étions toujours très fatigués, mais nous passions beaucoup de temps à reconnaître les uns des autres de nos vêtements : un pantalon était resté dans la pièce commune ; on établissait quel était son propriétaire. Un jour, au magasin, il y eut un événement : mon ami avait fait couper une partie de sa barbe. Ce même jour, il devait porter un paquet dans un quartier où j’avais affaire. Je me chargeai de son paquet non sans avoir réfléchi longuement. On parla beaucoup de la ligne de métro que je devais préférer et la question des trois sous fut agitée. Le soir même, au magasin, mon ami nous invita à déjeuner chez sa tante. La tante était une ancienne actrice presque très vieille, très serrée dans un corset et qui se faisait, une fois tous les ans, un petit chapeau en forme de tarte qu’elle courait mettre bien vite quand on la priait de chanter. Elle chantait le répertoire de Thérésa. Par plaisanterie, on nous servit une tarte de la forme du petit chapeau. A table, il y avait des amoureux : « Je connais tout ça, dit la vieille, mais vous, la belle enfant, savez-vous à quoi vous vous exposez ? » La belle enfant avait bien quarante ans.
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