Le crime de Rouletabille
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Gaston Leroux
LE CRIME DEROULETABILLE
(1921)
Table des matières
I. Réflexions et souvenirs d’un ami 4
II. Masques et visages 9
III. Le baiser sur la terrasse 15
IV. Confidences 17
V. Théodora Luigi 29
VI. Le drame 42
VII. Où Rouletabille redevient Rouletabille 68
VIII. La tuerie 78
IX. Hypothèses 95
X. Nouvelles précisions et nouveaux doutes 98
XI. La petite maison de Passy 101
XII. Étrange attitude de Rouletabille 105
XIII. Ce qu’avait vu Rouletabille dans la petite maison de Passy 109
XIV. Coup de théâtre 113
XV. Rouletabille en prison 117
XVI. Une lettre recommandée 121
XVII. Nouvelles hypothèses 136
XVIII. Étrange aventure de Rouletabille dans un sleeping-car 141
XIX. Où il est démontré une fois de plus que la fortune vient en dormant 154
XX. Quelque chose qui brillait dans l’ombre 162
XXI. Ténèbres 165
XXII. La foudre 168
XXIII. Le chaos 175
XXIV. La lumière 179
À propos de cette édition électronique 190
I.Réflexions et souvenirs d’un ami
Avec quelle émotion nouvelle, à plus de dix ans de distance, moi, Sainclair, je reprends une plume qui a tracé le sensationnel rapport du « Mystère de la chambre jaune » et les premiers hauts faits du jeune reporter de L’Époque, pour faire connaître, dans ses détails insoupçonnés, cette affaire retentissante dite : « Le Crime de Rouletabille », sombre tragédie où roulent d’effroyables ténèbres et sur le seuil de laquelle apparaît le doux monstre à la tête de sphinx : l’éternel féminin !… Pauvre Rouletabille ! Lui, à qui aucun problème jusqu’alors n’avait résisté, lui, dont l’intelligence avait sondé tous les abîmes ouverts devant la Raison, je l’ai vu, un instant, frissonner, éperdu devant deux yeux de femme comme devant le chaos !…
On a relaté autre part le drame bulgare au milieu duquel le jeune reporter était allé chercher celle qui devait devenir sa femme et qu’il avait vue pour la première fois dans la salle de garde de la Pitié, car Ivana était venue toute jeune à Paris pour y étudier la médecine.
Cette Ivana Vilitchkov, d’une étrange beauté, appartenait à l’une des plus illustres familles de Sofia, qui avait été mêlée de façon atroce aux malheurs tragiques de Stamboulof et de ses amis. Tous ces incidents sont connus. Tous les journaux ont reproduit le récit des scènes sanglantes qui, en marge du conflit des Balkans, avaient été comme le sinistre prologue d’une radieuse union consacrée à la Madeleine au milieu du Tout-Paris.
Après la grande guerre, Ivana s’était remise à ses travaux de médecine et de laboratoire. On peut dire qu’elle avait tout quitté pour se consacrer entièrement à l’Institut Roland Boulenger. À mes yeux, c’était un désastre et la faute en avait été pour beaucoup à Rouletabille qui, écoeuré de la mauvaise foi avec laquelle tout ce qui était officiel essayait d’étouffer les efforts d’un homme que l’École et l’Académie affectaient de traiter comme un charlatan, se laissa trop facilement convaincre par Ivana qui avait épousé la querelle du célèbre praticien. Vous connaissez notre Rouletabille ! Il ne se donne pas à moitié.
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