Lord Evandale comprit et lui fit
compter les vingt-cinq mille francs par son valet de chambre.
Le cercueil ouvert posait sur des tasseaux, au milieu de la
cabine, brillant d’un éclat aussi vif que si les couleurs de ses
ornements eussent été appliquées d’hier, et encadrait la momie,
moulée dans son cartonnage, d’un fini et d’une richesse d’exécution
remarquables.
Jamais l’antique Égypte n’avait emmailloté avec plus de soin un
de ses enfants pour le sommeil éternel. Quoique aucune forme ne fût
indiquée dans cet Hermès funèbre, terminé en gaine, d’où se
détachaient seules les épaules et la tête, on devinait vaguement un
corps jeune et gracieux sous cette enveloppe épaissie. Le masque
doré, avec ses longs yeux cernés de noir et avivés d’émail, son nez
aux ailes délicatement coupées, ses pommettes arrondies, ses lèvres
épanouies et souriant de cet indescriptible sourire du sphinx, son
menton, d’une courbe un peu courte, mais d’une finesse extrême de
contour, offraient le plus pur type de l’idéal égyptien, et
accusaient, par mille petits détails caractéristiques, que l’art
n’invente pas, la physionomie individuelle d’un portrait. Une
multitude de fines nattes, tressées en cordelettes et séparées par
des bandeaux, retombaient, de chaque côté du masque, en masses
opulentes. Une tige de lotus, partant de la nuque, s’arrondissait
au-dessus de la tête et venait ouvrir son calice d’azur sur l’or
mat du front, et complétait, avec le cône funéraire, cette coiffure
aussi riche qu’élégante.
Un large gorgerin, composé de fins émaux cloisonnés de traits
d’or, cerclait la base du col et descendait en plusieurs rangs,
laissant voir, comme deux coupes d’or, le contour ferme et pur de
deux seins vierges.
Sur la poitrine, l’oiseau sacré à la tête de bélier, portant
entre ses cornes vertes le cercle rouge du soleil occidental et
soutenu par deux serpents coiffés du pschent qui gonflaient leurs
poches, dessinait sa configuration monstrueuse pleine de sens
symboliques. Plus bas, dans les espaces laissés libres par les
zones transversales et rayées de vives couleurs représentant les
bandelettes, l’épervier de Phré couronné du globe, l’envergure
éployée, le corps imbriqué de plumes symétriques, et la queue
épanouie en éventail, tenait entre chacune de ses serres le Tau
mystérieux, emblème d’immortalité. Des dieux funéraires, à face
verte, à museau de singe et de chacal, présentaient, d’un geste
hiératiquement roide, le fouet, le pedum, le sceptre ; l’œil
osirien dilatait sa prunelle rouge cernée d’antimoine ; les
vipères célestes épaississaient leur gorge autour des disques
sacrés ; des figures symboliques allongeaient leurs bras
empennés de plumes semblables à des lames de jalousie, et les deux
déesses du commencement et de la fin, la chevelure poudrée de
poudre bleue, le buste nu jusqu’au dessous du sein, le reste du
corps bridé dans un étroit jupon, s’agenouillaient, à la mode
égyptienne, sur des coussins verts et rouges, ornés de gros
glands.
Une bandelette longitudinale d’hiéroglyphes, panant de la
ceinture et se prolongeant jusqu’aux pieds, contenait sans doute
quelques formules du rituel funèbre, ou plutôt les nom et qualités
de la défunte, problème que Rumphius se promit de résoudre plus
tard.
Toutes les peintures, par le style du dessin, la hardiesse du
trait, l’éclat de la couleur, dénotaient de la façon la plus
évidente, pour un œil exercé, la plus belle période de l’art
égyptien.
Lorsque le lord et le savant eurent assez contemplé cette
première enveloppe, ils tirèrent le cartonnage de sa boîte et le
dressèrent contre une paroi de la cabine.
C’était un spectacle étrange que ce maillot funèbre à masque
doré, se tenant debout comme un spectre matériel, et reprenant une
fausse attitude de vie, après avoir gardé si longtemps la pose
horizontale de la mort sur un lit de basalte, au cœur d’une
montagne éventrée par une curiosité impie.
L’âme de la défunte, qui comptait sur l’éternel repos, et qui
avait pris tant de soins pour préserver sa dépouille de toute
violation, dut s’en émouvoir, au-delà des mondes, dans le cercle de
ses voyages et de ses métamorphoses.
Rumphius, armé d’un ciseau et d’un marteau pour séparer en deux
le cartonnage de la momie, avait l’air d’un de ces génies funèbres
coiffés d’un masque bestial, qu’on voit dans les peintures des
hypogées s’empresser autour des morts pour accomplir quelque rite
effrayant et mystérieux ; Lord Evandale, attentif et calme,
ressemblait avec son pur profil au divin Osiris attendant l’âme
pour la juger, et, si l’on veut pousser la comparaison plus loin,
son stick rappelait le sceptre que tient le dieu.
L’opération terminée, ce qui prit assez de temps, car le docteur
ne voulait pas écailler les dorures, la boîte reposée à terre se
sépara en deux comme un moule qu’on ouvre, et la momie apparut dans
tout l’éclat de sa toilette funèbre, parée coquettement, comme si
elle eût voulu séduire les génies de l’empire souterrain.
A l’ouverture du cartonnage, une vague et délicieuse odeur
d’aromates, de liqueur de cèdre, de poudre de santal, de myrrhe et
de cinnamore, se répandit par la cabine de la cange : car le
corps n’avait pas été englué et durci dans ce bitume noir qui
pétrifie les cadavres vulgaires, et tout l’art des embaumeurs,
anciens habitants des Memnonia, semblait s’être épuisé à conserver
cette dépouille précieuse.
Un lacis d’étroites bandelettes en fine toile de lin, sous
lequel s’ébauchaient vaguement les traits de la figure, enveloppait
la tête ; les baumes dont ils étaient imprégnés avaient coloré
ces tissus d’une belle teinte fauve. A partir de la poitrine, un
filet de minces tuyaux de verre bleu, semblables à ces cannetilles
de jais qui servent à broder les basquines espagnoles, croisait ses
mailles réunies à leurs points d’intersection par de petits grains
dorés, et, s’allongeant jusqu’aux jambes, formait à la morte un
suaire de perles digne d’une reine ; les statuettes des quatre
dieux de l’Amenti, en or repoussé, brillaient rangées
symétriquement au bord supérieur du filet, terminé en bas par une
frange d’ornements du goût le plus pur. Entre les figures des dieux
funèbres s’allongeait une plaque d’or au-dessus de laquelle un
scarabée de lapis-lazuli étendait ses longues ailes dorées.
Sous la tête de la momie était placé un riche miroir de métal
poli, comme si l’on eût voulu fournir à l’âme de la morte le moyen
de contempler le spectre de sa beauté pendant la longue nuit du
sépulcre. A côté du miroir, un coffret en terre émaillée, d’un
travail précieux, renfermait un collier composé d’anneaux d’ivoire,
alternant avec des perles d’or, de lapis-lazuli et de cornaline. Au
long du corps, on avait mis l’étroite cuvette carrée en bois de
santal, où de son vivant la morte accomplissait ses ablutions
parfumées. Trois vases en albâtre rubané, fixés au fond du
cercueil, ainsi que la momie, par une couche de natrum, contenaient
les deux premiers des baumes d’une couleur encore appréciable, et
le troisième de la poudre d’antimoine et une petite spatule pour
colorer le bord des paupières et en prolonger l’angle externe,
suivant l’antique usage égyptien, pratiqué de nos jours par les
femmes orientales.
« Quelle touchante coutume, dit le docteur Rumphius,
enthousiasmé à la vue de ces trésors, d’ensevelir avec une jeune
femme tout son coquet arsenal de toilette ! car c’est une
jeune femme, à coup sûr, qu’enveloppent ces bandes de toile jaunies
par le temps et les essences : à côté des Égyptiens, nous
sommes vraiment des barbares ; emportés par une vie brutale,
nous n’avons plus le sens délicat de la mort.
Que de tendresse, que de regrets, que d’amour révèlent ces soins
minutieux, ces précautions infinies, ces soins inutiles que
personne ne devait jamais voir, ces caresses à une dépouille
insensible, cette lutte pour arracher à la destruction une forme
adorée, et la rendre intacte à l’âme au jour de la réunion
suprême !
– Peut-être, répondit Lord Evandale tout pensif, notre
civilisation, que nous croyons culminante, n’est-elle qu’une
décadence profonde, n’ayant plus même le souvenir historique des
gigantesques sociétés disparues. Nous sommes stupidement fiers de
quelques ingénieux mécanismes récemment inventés, et nous ne
pensons pas aux colossales splendeurs, aux énormités irréalisables
pour tout autre peuple de l’antique terre des Pharaons. Nous avons
la vapeur ; mais la vapeur est moins forte que la pensée qui
élevait les pyramides, creusait les hypogées, taillait les
montagnes en sphinx, en obélisques, couvrait des salles d’un seul
bloc que tous nos engins ne sauraient remuer, ciselait des
chapelles monolithes et savait défendre contre le néant la fragile
dépouille humaine, tant elle avait le sens de l’éternité !
– Oh ! les Égyptiens, dit Rumphius en souriant,
étaient de prodigieux architectes, d’étonnants artistes, de
profonds savants ; les prêtres de Memphis et de Thèbes
auraient rendu des points même à nos érudits d’Allemagne, et pour
la symbolique, ils étaient de la force de plusieurs Creuzer ;
mais nous finirons par déchiffrer leurs grimoires et leur arracher
leur secret. Le grand Champollion a donné leur alphabet ; nous
autres, nous lirons couramment leurs livres de granit.
En attendant, déshabillons cette jeune beauté, plus de trois
fois millénaire, avec toute la délicatesse possible.
– Pauvre lady ! murmura le jeune lord ; des yeux
profanes vont parcourir ces charmes mystérieux que l’amour même n’a
peut-être pas connus. Oh ! oui, sous un vain prétexte de
science, nous sommes aussi sauvages que les Perses de
Cambyse ; et, si je ne craignais de pousser au désespoir cet
honnête docteur, je te renfermerais, sans avoir soulevé ton dernier
voile, dans la triple boîte de tes cercueils ! » Rumphius
souleva hors du cartonnage la momie, qui ne pesait pas plus que le
corps d’un enfant, et il commença à la démailloter avec l’adresse
et la légèreté d’une mère voulant mettre à l’air les membres de son
nourrisson ; il défit d’abord l’enveloppe de toile cousue,
imprégnée de vin de palmier, et les larges bandes qui, d’espace en
espace, cerclaient le corps ; puis il atteignit l’extrémité
d’une bandelette mince enroulant ses spirales infinies autour des
membres de la jeune Égyptienne ; il pelotonnait sur elle-même
la bandelette, comme eût pu le faire un des plus habiles
tarischeutes de la ville funèbre, la suivant dans tous ses méandres
et ses circonvolutions. A mesure que son travail avançait, la
momie, dégagée de ses épaisseurs, comme la statue qu’un praticien
dégrossit dans un bloc de marbre, apparaissait plus svelte et plus
pure. Cette bandelette déroulée, une autre se présenta, plus
étroite et destinée à serrer les formes de plus près. Elle était
d’une toile si fine, d’une trame si égale qu’elle eût pu soutenir
la comparaison avec la batiste et la mousseline de nos jours. Elle
suivait exactement les contours, emprisonnant les doigts des mains
et des pieds moulant comme un masque les traits de la figure déjà
presque visible à travers son mince tissu. Les baumes dans lesquels
on l’avait baignée l’avaient comme empesée, et, en se détachant
sous la traction des doigts du docteur, elle faisait un petit bruit
sec comme celui du papier qu’on froisse ou qu’on déchire.
Un seul tour restait encore à enlever, et, quelque familiarisé
qu’il fût avec des opérations pareilles, le docteur Rumphius
suspendit un moment sa besogne, soit par une espèce de respect pour
les pudeurs de la mort, soit par ce sentiment qui empêche l’homme
de décacheter la lettre, d’ouvrir la porte, de soulever le voile
qui cache le secret qu’il brûle d’apprendre ; il mit ce temps
d’arrêt sur le compte de la fatigue, et en effet la sueur lui
ruisselait du front sans qu’il songeât à l’essuyer de son fameux
mouchoir à carreaux bleus : mais la fatigue n’y était pour
rien.
Cependant la morte transparaissait sous la trame fine comme sous
une gaze, et à travers les réseaux brillaient vaguement quelques
dorures.
Le dernier obstacle enlevé, la jeune femme se dessina dans la
chaste nudité de ses belles formes, gardant, malgré tant de siècles
écoulés, toute la rondeur de ses contours, toute la grâce souple de
ses lignes pures. Sa pose, peu fréquente chez les momies, était
celle de la Vénus de Médicis, comme si les embaumeurs eussent voulu
ôter à ce corps charmant la triste attitude de la mort, et adoucir
pour lui l’inflexible rigidité du cadavre. L’une de ses mains
voilait à demi sa gorge virginale, l’autre cachait des beautés
mystérieuses, comme si la pudeur de la morte n’eût pas été rassurée
suffisamment par les ombres protectrices du sépulcre.
Un cri d’admiration jaillit en même temps des lèvres de Rumphius
et d’Evandale à la vue de cette merveille.
Jamais statue grecque ou romaine n’offrit un galbe plus
élégant ; les caractères particuliers de l’idéal égyptien
donnaient même à ce beau corps si miraculeusement conservé une
sveltesse et une légèreté que n’ont pas les marbres antiques.
L’exiguïté des mains fuselées, la distinction des pieds étroits,
aux doigts terminés par des ongles brillants comme l’agate, la
finesse de la taille, la coupe du sein, petit et retroussé comme la
pointe d’un tatbebs sous la feuille d’or qui l’enveloppait, le
contour peu sorti de la hanche, la rondeur de la cuisse, la jambe
un peu longue aux malléoles délicatement modelées rappelaient la
grâce élancée des musiciennes et des danseuses représentées sur les
fresques figurant des repas funèbres, dans les hypogées de Thèbes.
C’était cette forme d’une gracilité encore enfantine et possédant
déjà toutes les perfections de la femme que l’art égyptien exprime
avec une suavité si tendre, soit qu’il peigne les murs des syringes
d’un pinceau rapide, soit qu’il fouille patiemment le basalte
rebelle.
Ordinairement, les momies pénétrées de bitume et de natrum
ressemblent à de noirs simulacres taillés dans l’ébène ; la
dissolution ne peut les attaquer, mais les apparences de la vie
leur manquent. Les cadavres ne sont pas retournés à la poussière
d’où ils étaient sortis ; mais ils se sont pétrifiés sous une
forme hideuse qu’on ne saurait regarder sans dégoût ou sans effroi.
Ici le corps, préparé soigneusement par des procédés plus sûrs,
plus longs et plus coûteux, avait conservé l’élasticité de la
chair, le grain de l’épiderme et presque la coloration
naturelle ; la peau, d’un brun clair, avait la nuance blonde
d’un bronze florentin neuf ; et ce ton ambré et chaud qu’on
admire dans les peintures de Giorgione ou du Titien, enfumées de
vernis, ne devait pas différer beaucoup du teint de la jeune
Égyptienne en son vivant.
La tête semblait endormie plutôt que morte ; les paupières,
encore frangées de leurs longs cils, faisaient briller entre leurs
lignes d’antimoine des yeux d’émail lustrés des humides lueurs de
la vie ; on eût dit qu’elles allaient secouer comme un rêve
léger leur sommeil de trente siècles. Le nez, mince et fin,
conservait ses pures arêtes ; aucune dépression ne déformait
les joues, arrondies comme le flanc d’un vase ; la bouche,
colorée d’une faible rougeur, avait gardé ses plis imperceptibles,
et sur les lèvres voluptueusement modelées, voltigeait un
mélancolique et mystérieux sourire plein de douceur, de tristesse
et de charme : ce sourire tendre et résigné qui plisse d’une
si délicieuse moue les bouches des têtes adorables surmontant les
vases canopes au Musée du Louvre.
Autour du front uni et bas, comme l’exigent les lois de la
beauté antique, se massaient des cheveux d’un noir de jais, divisés
et nattés en une multitude de fines cordelettes qui retombaient sur
chaque épaule. Vingt épingles d’or, piquées parmi ces tresses comme
des fleurs dans une coiffure de bal, étoilaient de points brillants
cette épaisse et sombre chevelure qu’on eût pu croire factice tant
elle était abondante. Deux grandes boucles d’oreilles, arrondies en
disques comme de petits boucliers, faisaient frissonner leur
lumière jaune à côté de ses joues brunes. Un collier magnifique,
composé de trois rangs de divinités et d’amulettes en or et en
pierres fines, entourait le col de la coquette momie, et plus bas,
sur sa poitrine, descendaient deux autres colliers, dont les perles
et les rosettes en or, lapis-lazuli et cornaline formaient des
alternances symétriques du goût le plus exquis.
Une ceinture à peu près du même dessin enserrait sa taille
svelte d’un cercle d’or et de pierres de couleur.
Un bracelet à double rang en perles d’or et de cornaline
entourait son poignet gauche, et à l’index de la main, du même
côté, scintillait un tout petit scarabée en émaux cloisonnés d’or,
formant chaton de bague, et maintenu par un fil d’or précieusement
natté.
Quelle sensation étrange ! se trouver en face d’un être
humain qui vivait aux époques où l’Histoire bégayait à peine,
recueillant les contes de la tradition, en face d’une beauté
contemporaine de Moïse et conservant encore les formes exquises de
la jeunesse ; toucher cette petite main douce et imprégnée de
parfums qu’avait peut-être baisée un Pharaon ; effleurer ces
cheveux plus durables que des empires, plus solides que des
monuments de granit.
A l’aspect de la belle morte, le jeune lord éprouva ce désir
rétrospectif qu’inspire souvent la vue d’un marbre ou d’un tableau
représentant une femme du temps passé, célèbre par ses
charmes ; il lui sembla qu’il aurait aimé, s’il eût vécu trois
mille cinq cents ans plus tôt, cette beauté que le néant n’avait
pas voulu détruire, et sa pensée sympathique arriva peut-être à
l’âme inquiète qui errait autour de sa dépouille profanée.
Beaucoup moins poétique que le jeune lord, le docte Rumphius
procédait à l’inventaire des bijoux, sans toutefois les détacher,
car Evandale avait désiré qu’on n’enlevât pas à la momie cette
frêle et dernière consolation ; ôter ses bijoux à une femme
même morte, c’est la tuer une seconde fois !
Quand tout à coup un rouleau de papyrus caché entre le flanc et
le bras de la momie frappa les yeux du docteur.
« Ah ! dit-il, c’est sans doute l’exemplaire du rituel
funéraire qu’on plaçait dans le dernier cercueil, écrit avec plus
ou moins de soin selon la richesse et l’importance du
personnage. » Et il se mit à dérouler la bande fragile avec
des précautions infinies. Dès que les premières lignes apparurent,
Rumphius sembla surpris ; il ne reconnaissait pas les figures
et les signes ordinaires du rituel : il chercha vainement, à
la place consacrée, les vignettes représentant les funérailles et
le convoi funèbre qui servent de frontispice à ce papyrus ; il
ne trouva pas non plus la litanie des cent noms d’osiris, ni le
passeport de l’âme, ni la supplique aux dieux de l’Amenti. Des
dessins d’une nature particulière annonçaient des scènes toutes
différentes, se rattachant à la vie humaine, et non au voyage de
l’ombre dans l’extra-monde.
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