on dit, je crois... pourquoi ce petit costioume ?... C’est à vous, cette valise ?... »
Je vais me venger, d’un coup, de tout mon émoi. Je vais la foudroyer. Et je lance :
« Non ! c’est à Durin !...
– Durin !... who’s that, Durin ?
– Le dernier valet de chambre de votre mari !
– Aoh ! Achille !
– Il s’appelle Achille ?
– Nous les appelons toujours Achille ! C’est plus commode, oui, vraiment ! Et pourquoi vous apportez la valise d’Achille ? »
Je la regardai bien en face.
« Take off your glasses. Enlevez vos lunettes, je vous prie... Vous avez de si beaux yeux, Lawrence !... »
Je croyais la troubler, c’est moi qui ne sais plus où me mettre. Je me recule un peu, mais c’est elle qui m’enlève mes lunettes (encore un moment bien dur à passer) !
Heureusement, elle me regardait à peine et était devenue très grave, subitement :
« Lawrence ! laissez-moi vous appeler Lawrence, comme lorsque nous étions à Milan, voulez-vous ? Vous nous avez recommandé un très méchant faquin, Lawrence !...
– Je sais !
– Mon mari a été plein de bontés pour lui... Et il lui a volé, bêtement, si bêtement ! un bijou ridicule... Mon mari lui pardonne, mais, moi, je ne lui pardonne pas, no ! Never ! »
Mon embarras grandit : « Je ne sais comment, Durin...
– Achille !
– Oui, Achille... a su que j’étais de passage à Paris... il m’a fait tenir par son avocat un pli qu’il m’a chargé de vous remettre. L’homme de loi a insisté sur l’extrême urgence qu’il y avait à vous faire tenir, en main propre, ce paquet... (je sors la grosse enveloppe que je laisse sur une table) et j’ai dû me charger, en même temps, de cette valise qu’il confie à vos soins...
– Oh ! Vous parlez à travers votre chapeau. Quelle histoire, en vérité ! »
Cette fois, le rire de Lady Helena sonna faux...
« You’ll excuse me, Mister Prim ? »
D’un coup de ciseaux, elle ouvre le paquet. Hâtivement, elle y jette un coup d’œil. Aussitôt : « Oh ! yes, je vois ce que c’est !... Poor Achille ! Voilà une affaire sans aucune importance !... Parlons d’autre chose, voulez-vous ?... D’abord, nous dînons ensemble, ce soir ?... It’s yes, is’nt it ?
– Et la valise ? insistai-je...
– Eh bien, my dear, la valise !... je la garde, c’est entendu... puisque mon mari, quoi que j’aie pu lui dire, s’obstine à vouloir reprendre ce domestique qui lui a écrit des lettres d’un grand et tout à fait faux désespoir, et qui lui jouera encore quelque méchant tour avant qu’il soit longtemps, je jure...
– Milady, déclarai-je, s’il ne dépend que de moi, il s’en séparera. J’ai été trompé, moi aussi, et je ne regretterai jamais assez...
– My dear Lawrence, nous dînons ensemble, ce soir. Le baronnet vous invite. Yes, he dœs. Il est en Écosse, mais il nous a laissé sa table aux Ambassadeurs... Où êtes-vous descendu ? Here ?Au Normandy, peut-être ?...
– Excusez-moi, Milady... mais je dois reprendre le train, ce soir.
– That’s impossible !...
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